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Vendez en mai mais ne vous sauvez pas !
Calendar14 Jun 2019
Thème: Investir
Maison de fonds: Ethenea

Dr. Volker Schmidt, Senior Portfolio Manager, ETHENEA Independent Investors S.A.

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Dr. Volker Schmidt
Fidèle au vieux dicton boursier "Vendez en mai et partez", une période plus sensible pour les marchés actions internationaux a débuté le mois dernier. Mais il faut être prudent avec le "...et partez ».

Avec un « timing » presque parfait au début du mois de mai, le président Trump a annoncé qu'il augmenterait encore les droits de douane punitifs sur certaines importations chinoises. Les dirigeants chinois ont réagi rapidement en augmentant leurs propres tarifs douaniers sur les exportations américaines vers la Chine. En conséquence, l'indice S&P 500 a chuté de 4,5 % et les actions chinoises de plus de 7 % en début de mois. A cet égard, le dicton boursier s’est confirmé.

Mais, il y a tout de même des nouvelles positives à propos du commerce international. Les États-Unis ont à nouveau réduit les droits de douane sur l'acier turc, mexicain et canadien. Et une décision d’augmentation des droits de douane sur les voitures importées d'Europe et du Japon vers les États-Unis a été reportée jusqu’à nouvel ordre. Cela constitue a priori un soulagement, mais tout n’est pas encore complètement clair. En ces temps d'incertitude et de manque de visibilité en matière de planification, il n'est pas surprenant que, selon les calculs de l'OCDE, la croissance du commerce international au premier trimestre de 2019 ait été à peine supérieure à zéro.

Concernant Brexit, il n’y a, non plus, aucun progrès notable de l'autre côté de la Manche. Celui qui suivra Theresa May devra faire face aux mêmes problèmes. L’organisation du Brexit divise à la fois le parti et le pays tout entier. Sortir de cette impasse sera compliqué. L'insolvabilité des chaînes de restaurants de Jamie Oliver et l'effondrement de British Steel ne vont certainement pas améliorer l'ambiance. La solide croissance de l'économie britannique en ce début d'année semble explicable par l'augmentation des stocks pour se protéger contre tous les scénarios possibles du Brexit. On est loin d’une croissance économique saine.

Réaction marginale des marchés

Même si les considérations précédentes sont à s'arracher les cheveux, les marchés boursiers et obligataires mondiaux n'ont réagi que de façon marginale. Cela s'explique par la forte croissance continue du secteur tertiaire dans les principales économies du monde, par la hausse constante des salaires et par le fait que la Réserve fédérale et la BCE devraient continuer à soutenir les marchés.

Du coup "vendez en mai" s'est avéré juste. Mais il faut être prudent avec le "...et partez", car l’indice S&P 500 a également gagné 2 % entre-temps, sachant que la situation bénéficiaire des entreprises ainsi que les conditions de financement sont toujours bonnes. La publication des résultats du premier trimestre montre que les entreprises aux Etats-Unis et en Europe continuent à afficher de solides bénéfices, qui sont même légèrement supérieurs à ceux de l'année précédente. Quoi qu'il en soit, adopter la politique de l’autruche pour les prochains mois n'est pas pour autant une bonne idée. Il y aura toujours des situations intéressantes à analyser. Qui aurait cru que Renault et Fiat parleraient d'une fusion à la satisfaction des marchés boursiers et des politiques ?

Les marchés obligataires américains ont maintenant émis des signaux répétés de récession. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est de nouveau inférieur à celui de la dette publique à trois mois. Toutefois, cette anomalie de la courbe des taux est certainement aussi, dans une large mesure, imputable à l'offre. Au cours des quatre premiers mois de l'année, le département du Trésor a émis au total plus de 4 000 milliards de dollars d'obligations. Sur ce total, seuls 177 milliards de dollars étaient des obligations à long terme à 10 ou 30 ans, soit seulement 4,4 % du volume total des émissions. La stratégie d'émission du Trésor américain peut donc avoir favorisé l'inversion de la courbe des taux. Comme il n'est pas a priori prévu de modifier cette situation, cela continue de justifier le faible niveau des taux d'intérêt à long terme.

Les banques centraux continuent à soutenir l’économie

Quelques droits de douane de plus ou de moins n'auront finalement pas d'effet durable sur le commerce international. Cependant, les entreprises ont besoin de plus de certitudes pour pouvoir planifier. Et tant qu’elles n’auront pas cela, elles s'abstiendront d'investir des capitaux importants. Nombre d'entre elles s'emploient donc actuellement à optimiser leur fonctionnement interne. Cependant, l’on n’attend pas pour autant de chute des investissements.

Une fois de plus, le mois de mai s'est avéré être un mois difficile pour les marchés actions, mais rester à l’écart trop longtemps n’est pas non plus indiqué. La présence marquée des banques centrales en témoigne, et l’on peut bien imaginer que la Réserve fédérale américaine va faire une pause dans la contraction de son bilan. Et peut-être, le plus éminent utilisateur de Twitter, aura-t-il bientôt quelques mots plus positifs sur son média préféré. En outre, une solution au problème commercial Chine/USA peut être envisagée de la façon la plus classique par une discussion en face à face entre les présidents Trump et Xi lors du sommet du G20 à la fin juin.