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Investisseurs : ce qu’il faudra surveiller en 2021
Calendar11 Dec 2020
Thème: Investir
Maison de fonds: Lazard

Par Ronald Temple, Co-Head of Multi-Asset et Head of US Equity chez Lazard Asset Management

Les six prochains mois devraient constituer une transition chaotique vers l’environnement d’investissement post-pandémique en 2021.

Ron temple
Ronald Temple
Nous invitons les investisseurs à rester concentrés sur le long terme plutôt que d’essayer d’anticiper les fluctuations des marchés à court terme. Le système politique américain étant susceptible d’être paralysé par un gouvernement divisé, la politique budgétaire ne va probablement pas sortir l’économie mondiale de sa longue léthargie. Le fonds de relance de l’UE et les mesures de relance en cours en Chine laissent espérer un rebond économique plus prononcé qu’après la crise financière mondiale où la plupart des pays de la zone euro avaient souffert des principes trop rigides en matière de prudence budgétaire. Cette rigidité idéologique a coûté plusieurs années de vitalité économique à des dizaines de millions d’Européens et a eu des répercussions durables sur les revenus, la santé et le bien-être. Cette fois-ci, l’Europe semble être à la hauteur et tente d’accélérer la reprise, tout en profitant de l’occasion pour cibler plus agressivement le changement climatique.

Obligations

La politique monétaire pourrait rester un sujet central pour les investisseurs, mais les banques centrales n’ont plus beaucoup d’outils à leur disposition. Compte tenu des taux d’intérêt réels négatifs dans l’ensemble des marchés développés, les investisseurs en quête de revenu continueront probablement de batailler pour trouver des opportunités intéressantes. Selon nous, une grande partie de l’univers de la dette souveraine des marchés développés n’est pas attrayante ; soit nous nous appuierons sur une stratégie obligataire mondiale gérée de manière active qui pourra s’exposer tactiquement à des opportunités intéressantes, soit, si nous investissons directement, nous chercherons à générer des rendements supplémentaires sur les obligations d’entreprise investment grade, les obligations titrisées de haute qualité et des émissions de dette émergente en devise forte triées sur le volet. Le rendement supplémentaire de ces actifs résulte d’un risque accru, mais, à ce stade du cycle économique, il semble intéressant par rapport aux alternatives existantes.

Actions

Nous avons constaté par le passé que de longues périodes de taux d’intérêt exceptionnellement bas pouvaient conduire les actions à s’apprécier, les investisseurs choisissant le « moindre mal » dans leurs allocations d’actifs. Selon nous, il devrait en être de même en 2021. Notre scénario de base est que les valorisations des actions vont continuer de croître. Au sein du marché actions, trouver un équilibre entre l’impulsion cyclique à investir dans des valeurs qui ont tendance à surperformer à mesure que leur rentabilité du capital s’améliore après les périodes de ralentissement économique et les avantages structurels de la persistance de taux d’intérêt extrêmement bas pour les valeurs de qualité et de croissance est un vrai casse-tête.

Les valeurs susceptibles de bénéficier d’une amélioration cyclique ne se limitent pas aux titres traditionnellement considérés comme des valeurs décotées (« value stocks »). De nombreuses entreprises de plusieurs sous-secteurs se sont nettement moins bien comportées, les investisseurs semblant être parvenus à la conclusion que le recul de la demande et la baisse de rentabilité du capital causés par la pandémie étaient permanents et non temporaires. Dans certains cas, nous ne sommes pas d’accord et nous sommes d’avis que l’arrivée de vaccins devrait faire grimper ces actions. En revanche, le marché a également intégré d’autres valeurs qui ont bénéficié de la pandémie comme si les gains étaient permanents et que les rendements allaient rester élevés pour les années à venir.

Dans certains cas, nous pensons que cet optimisme est justifié dans la mesure où les tendances structurelles se sont accélérées et ont progressé. Toutefois, dans d’autres, ce n’est pas le cas et nous anticipons des mouvements baissiers importants de certaines actions à mesure que la pandémie se calme.

Bien que le jury soit tenu à l’écart des décisions d’allocation factorielle, les considérations relatives au niveau et à la trajectoire de la productivité financière par rapport à la valorisation des actions sont essentielles pour la sélection de titres. Dans ce cas, nous souhaitons mettre en garde à l’égard des entreprises qui dépendent des flux de trésorerie dans un avenir lointain, car elles sont exposées non seulement au risque de ne pas respecter leurs plans d’affaires, mais aussi à celui de voir leurs valorisations fortement réduites en cas de revirement des taux d’intérêt et de hausse des taux d’actualisation par rapport aux flux de trésorerie futurs.

En revanche, les actions de qualité surperforment les marchés tout au long du cycle depuis longtemps, quoiqu’avec de courtes périodes de faiblesse relative. Nous préférerions nous concentrer sur les anomalies à court terme pour nous positionner sur ces sociétés de qualité, que nous compléterions par des entreprises capables de faire rebondir leurs rendements aux niveaux d’avant la pandémie à mesure que nous sortons de cette crise.