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Commentaire sur le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Turquie
Calendar22 Mar 2021
Thème: Macro
Maison de fonds: M&G Investments

Par l’équipe taux fixes de M&G

Le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Turquie (le troisième en moins de deux ans) a représenté une vraie mauvaise nouvelle pour les marchés. La nomination du gouverneur Agbal en novembre dernier avait été accueillie positivement par les investisseurs, suite aux politiques financières insoutenables menées par son prédécesseur.

Ces politiques ont conduit à une inflation élevée et à une diminution importante des réserves de change, faisant de la livre turque l'une des monnaies les moins performantes de la zone euro en 2020. Au cours de son mandat de quatre mois à la tête de la banque centrale, le gouverneur Agbal a réussi à rétablir partiellement la confiance des investisseurs : les prix des actifs turcs se sont améliorés, la tendance à la dollarisation locale s’est ralentie et les investisseurs étrangers ont commencé un timide retour sur les marchés locaux. Par conséquent, son limogeage en faveur d'un candidat issu du monde politique dont les idées économiques sont peu orthodoxes semble représenter un revers important, indiquant un probable retour aux politiques peu orthodoxes précédentes.

Si le point fort de la crise du COVID est probablement derrière nous, les difficultés économiques majeures de la Turquie n'ont pas disparu. Une inflation élevée, des besoins de financement extérieur importants dans un contexte de faibles réserves de change, une part accrue de la dette publique libellée en devises et l'absence de réformes structurelles ont laissé les marchés turcs à la merci du sentiment des investisseurs mondiaux.

La réaction très négative du marché souligne les préoccupations des investisseurs : à moins que le nouveau gouverneur ne parvienne d'une manière ou d'une autre à préserver la continuité de la politique, ce qui semble peu probable à l'heure actuelle, la faiblesse pourrait se poursuivre.

En tout état de cause, la révocation brutale du gouverneur Agbal risque d'entamer durablement la confiance des investisseurs dans les marchés turcs à moyen terme. Bien que la contagion à d'autres marchés émergents ait été assez limitée, cet événement rappelle aux investisseurs la fragilité des politiques dans de nombreux pays émergents, à un moment où d'autres défis se posent, notamment la lenteur de la distribution des vaccins et la hausse des rendements américains.