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Les marchés actions américains devraient poursuivre leur progression au deuxième trimestre
Calendar31 May 2021
Maison de fonds: Lazard

Par Ronald Temple, co-responsable de la gestion diversifiée et responsable des actions américaines chez Lazard Asset Management

Ron temple
Ronald Temple
À la faveur des progrès de la campagne de vaccination, l’économie américaine pourrait croître à un rythme inédit depuis 50 ans à partir du deuxième trimestre 2021. Cette dynamique économique crée un contexte favorable à la poursuite de la hausse des marchés boursiers.

Les États-Unis émergent de la pandémie et cela fait des années que nous n’avons pas été aussi optimistes sur les perspectives économiques. L’accélération des campagnes de vaccination associée à des niveaux inédits de relance budgétaire devrait engendrer le taux de croissance le plus fort depuis 50 ans. Si tout ou partie du programme d’investissement en infrastructures proposé par l’administration Biden obtient l’approbation du Congrès, les États-Unis pourraient jeter les bases d’une croissance plus durable dans les années à venir, les gains de productivité élevés dopant le PIB potentiel.

La projection de croissance médiane des économistes sondés par Bloomberg est de 5,7 % en 2021 et de 4,0 % en 2022 ; les projections de la Fed indiquent une croissance de 6,5 % en 2021 et de 4,2 % en 2022. Selon nous, ces prévisions de croissance pourraient ne pas être suffisamment optimistes du fait que les économistes sous-estiment l’accélération des vaccinations et par là même la rapidité du redémarrage de l’économie.

Cette croissance économique exceptionnellement solide devrait s’accompagner de pressions inflationnistes en raison des effets de base liés à l’effondrement de la consommation au deuxième trimestre 2020, à la flambée des prix des matières premières et aux goulets d’étranglement au sein des chaînes d’approvisionnement provoqués par le rebond de la demande.

Si nous ne sommes pas convaincus que l’inflation réalisée augmentera pendant plusieurs années, nous anticipons toutefois une pentification de la courbe des taux américains jusqu’à la fin de l’année. Depuis le 4 août 2020, le taux des bons du Trésor américain à 10 ans a progressé de plus de 100 points de base (pb) pour clôturer le trimestre à 1,7 %. Nous prévoyons qu’il dépassera 2 %, voire atteindra 2,25 % au cours des prochains trimestres. Nous estimons que l’économie peut supporter cette hausse des taux et tenons à souligner que le taux américain à 10 ans s’établissait à 1,92 % fin 2019, et que nous revenons donc presque à un niveau pas si ancien.

Changement de comportement des marchés actions

Depuis le 1er septembre 2020, nous avons également assisté à l’amorce d’un changement important dans le comportement des marchés actions. L’indice S&P 500 a progressé de plus de 12,7 % jusqu’à fin mars et l’indice Russell 1000 Value a bondi de 26,7 %, alors que le Russell 1000 Growth n’a gagné que 4,9 %. Ce retournement de situation est selon nous parfaitement justifié car certains segments du marché avaient atteint des valorisations inexplicablement élevées se basant simplement sur du vent.

Le rebond de l’indice des titres Value s’explique par une plus forte exposition aux secteurs de l’énergie et de la finance, qui ont enregistré des performances de 48,6 % et 39,0 % respectivement depuis le 1er septembre, mesurées à l’aune des indices S&P 500 sectoriels. En revanche, les performances des secteurs de la santé et de la technologie n’ont atteint que 10,5 % et 5,9 % respectivement sur la même période.

Nous tablons sur le fait qu’une croissance économique plus solide et des taux d’actualisation plus élevés soutiendront la réallocation du capital des titres dont le cours est influencé par des perspectives de flux de trésorerie dans un avenir lointain vers les actions d’entreprises générant des flux de trésorerie aujourd’hui ou à très court terme. Si les indices parlent d’eux-mêmes, nous incitons toutefois à la prudence car il ne s’agit pas simplement de vendre des valeurs de croissance pour acheter des titres Value.

L’échéance des flux de trésorerie entre en ligne de compte, ce qui pourrait bénéficier à des actions de croissance de bonne qualité capables de générer une forte rentabilité du capital dans l’immédiat, mais aussi à des titres habituellement considérés comme de type Value si ces entreprises ont la capacité d’offrir des rendements solides ou d’améliorer considérablement leurs rendements à l’avenir.

Nous considérons cette rotation de marché comme bénéfique. Dans le contexte d’une reprise économique généralisée, les investisseurs ont plus de choix parmi les entreprises capables de générer une croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices. Cette situation contraste fortement avec celle du marché en 2018 et 2019, dans laquelle 49,8 % de la performance totale de l’indice S&P 500 était générée par seulement 10 actions, dont les cinq principales représentaient 36,5 % de la performance totale de l’indice. Par comparaison, depuis le début de l’année, les cinq titres ayant le plus contribué à la performance de l’indice S&P 500 représentent 27,3 % de la progression de l’indice et les 10 premiers 40,7 %.

Comme toujours, nous pensons que la sélection de valeurs reste un facteur important de rendement total, la rotation de marché offrant aux adeptes de la sélection de titres plus d’opportunités de dégager des performances supérieures.