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Marchés émergents : ralentissement de la croissance, mais peut-être des surprises positives en 2022
Calendar14 Dec 2021
Maison de fonds: Schroders

Le ralentissement de la croissance en Chine et le resserrement des politiques de la Fed donnent des perspectives relativement moroses pour les marchés émergents. La tendance pourrait-elle s’inverser en 2022 ?

Dans les marchés émergents (EM), le taux de vaccination a considérablement progressé, ce qui a soutenu la croissance économique. Les marchés sont néanmoins parfaitement conscients du ralentissement futur de la croissance dans les marchés émergents. Mais il ne faut pas exclure que les marchés émergents puissent créer une surprise positive l’année prochaine. Les spécialistes des marchés émergents de Schroders surveillent de près les perspectives d’inflation.

Les risques géopolitiques restent un point d’attention. Sans compter plusieurs élections importantes, à commencer par la Corée du Sud en mars et les élections présidentielles au Brésil en octobre.

En Chine, nous guettons le point de basculement de la croissance économique. Après la forte reprise de la crise du coronavirus l’an dernier en 2021, l’économie chinoise semblait connaître le « first-in-first-out ». Mais c’était sans compter avec les défis. Réformes réglementaires, crise énergétique et volatilité du secteur immobilier. Et cela a entraîné en 2021 quelques performances contradictoires entre les marchés obligataires et d’actions. Pour 2022, plusieurs facteurs joueront un rôle. L’approche zéro tolérance de la Covid-19 sera-t-elle levée ? Le ralentissement de la croissance économique s’affaiblira-t-il et la pression réglementaire diminuera-t-elle ?

La croissance économique ralentira en 2022

Même si un taux de vaccination plus élevé sur les marchés émergents n’est pas négligeable, on ne peut nier que la croissance économique ralentira en 2022 », déclare David Rees, économiste des marchés émergents chez Schroders . Beaucoup d’économies se sont déjà redressées jusqu’au niveau d’avant la pandémie et, en 2021, la croissance a été faussée par la faible comparaison par rapport à l’année dernière. Cela engendrera automatiquement une baisse des chiffres de croissance en 2022. Outre ces aspects techniques, plusieurs raisons plus fondamentales nous font anticiper un ralentissement de la croissance :

  • La demande mondiale de produits industriels devrait s’affaiblir. Une tendance qui sera probablement négative pour les petites économies émergentes ouvertes.
  • Le resserrement de la politique monétaire pèsera également de plus en plus sur la croissance. Rees prévoit un ralentissement de la croissance des marchés émergents, passant de 6,5 % en 2021, à environ 4,5 % en 2022. La situation sera alors conforme à celle de certains marchés développés.
  • Les perspectives plus faibles pour la Chine devraient avoir un impact sur certaines économies émergentes qui y sont exposées. Rees table sur une croissance du PIB chinois de 4,7 %, contre une estimation de 7,7 % en 2021. Les restrictions pour contrer l’apparition de foyers de virus continueront à affecter l’activité, en particulier dans le secteur des services. Le variant omicron est un sujet de préoccupation à cet égard. Toutefois, le secteur immobilier suscite le plus d’inquiétude. Les autorités semblent avoir un seuil élevé à la douleur dans le secteur immobilier. Mais elles vont probablement intervenir à un moment donné pour renflouer le navire, compte tenu de l’impact potentiellement négatif. Mais Rees s’attend à ce que l’activité de construction soit faible en 2022, alors que ce secteur représente historiquement un cinquième du PIB.

    La bonne nouvelle est que le ralentissement de la croissance chinoise ne sera pas une surprise totale pour les marchés. Les marchés se concentreront sur les signes d’amélioration.

    Actions des marchés émergents : les valorisations ne sont pas bon marché

    La perspective d’une politique de resserrement monétaire américaine a entraîné une pression haussière sur le dollar américain. C’est une déception pour les marchés émergents », a déclaré Tom Wilson, chef des actions des marchés émergents chez Schroders . L’inflation est plus soutenue que prévu, accentuant les craintes de stagflation.

    Un accroissement du taux de vaccination sur les marchés émergents pourrait permettre de résoudre les goulets d’étranglement et de limiter la perturbation de la production et de la logistique en 2022. La réduction des mesures de stimulation et la disparition de la demande de rattrapage pourraient atténuer la pression sur l’inflation.

    Les marchés émergents sont plus résilients par rapport aux précédentes hausses de taux de la Fed. Les comptes externes s’en portent généralement bien, leurs devises sont globalement bon marché et les rendements des obligations locales sont relativement attractifs. Les principaux risques pour les perspectives sont notamment la géopolitique, les nouveaux variants de la Covid-19, le scénario dans lequel l’inflation ne semble pas être de nature transitoire et la réglementation en Chine.

    Dans l’ensemble, les valorisations des marchés émergents ne sont pas bon marché par rapport à précédemment. On observe toutefois des différences notoires. Il règne également une certaine incertitude sur les bénéfices des entreprises l’année prochaine. Les valorisations par rapport aux États-Unis semblent toutefois plus attractives. Si les pressions inflationnistes s’atténuent, cela pourrait donner lieu à un assouplissement monétaire. Entre-temps, il n’est pas exclu que l’économie chinoise reparte à la hausse.

    La préférence de Tom Wilson va à la Pologne et la Hongrie. En Russie, les valorisations sont basses, tandis que le pays bénéficie de la hausse de prix des matières premières, même si les tensions géopolitiques persistent. Tom Wilson est moins sous le charme de la Chine et les valorisations en Inde sont élevées.

    Actions : en Chine, la consommation est le mot magique

    Les frontières chinoises resteront largement fermées en 2022. La reprise de la consommation doit dès lors être soutenue par des facteurs domestiques. Selon Louisa Lo, gestionnaire de fonds chez Schroders , la consommation devrait rebondir au fur et à mesure de la baisse de la Covid-19. Mieux encore, certaines entreprises de consommation disposant d’une forte position de marque pourront répercuter les coûts d’entrée élevés sur le consommateur final. 2022 pourrait donc plus propice aux actions de qualité du secteur de la consommation.

    La Chine se dirige vers une période d’inflation structurelle impactée par des facteurs à long terme tels que le vieillissement de la population, l’accent sur la décarbonation et l’assouplissement quantitatif de longue durée dans le monde. Lo s’attend à ce que de nouveaux investissements dans les infrastructures et le capital vert soient les principaux domaines de croissance. Les autorités locales doivent également respecter la réduction plus large de la dette. Le ralentissement des investissements immobiliers devrait également être soutenu par le désendettement sur le marché immobilier.

    La correction intervenue dans les marchés d’actions chinois en 2021, entraînant une forte baisse des valorisations de nombreuses actions populaires, offre des opportunités plus intéressantes. Selon Lo, les valorisations des marchés sont généralement saines.

    Obligations des marchés émergents : des valorisations plus positives

    Les investisseurs ont peut-être peur des conséquences d’une hausse des taux d’intérêt américains, mais les marchés en tiennent déjà largement compte. Le dollar est en hausse de 18 % par rapport au début du cycle précédent. Les banques centrales des économies émergentes se sont engagées depuis des mois dans des hausses préventives des taux d’intérêt, creusant ainsi les écarts de taux nominaux avec le monde développé. « cette fois, les valorisations sont beaucoup plus positives », a déclaré James Barrineau, responsable de la dette des marchés émergents chez Schroders .

    Si l’inflation diminue et que l’on se rapproche des niveaux cibles de la banque centrale en 2022, les perspectives pour la DME en devises locales pourraient être très encourageantes pour les investisseurs.

    La Russie et le Mexique devraient être les premiers à enfoncer la pédale de frein, en relevant leurs taux d’intérêt. D’autres banques centrales d’Europe centrale et du Brésil auront encore besoin de mois pour juguler les tendances inflationnistes. Barrineau pense qu’au cours de 2022, les taux d’intérêt réels des marchés émergents seront bien supérieurs à ceux des pays développés. Des baisses de taux interviendront même peut-être.

    En ce qui concerne les titres de créance libellés en dollars, les perspectives sont moins positives. En obligations « investment grade EM », l’écart de rendement par rapport aux bons du Trésor américain est historiquement bas, mais offre toujours un léger avantage par rapport à la dette des pays développés ayant une notation est comparable. Les spreads des obligations EM à haut rendement sont plus attractifs que les États-Unis, mais stabilité fait défaut. Il est dès lors primordial de se montrer actif et sélectif.

    Concernant les obligations domestiques chinoises, Julia Ho, responsable macroéconomie asiatique chez Schroders , se montre très positive pour 2022, même si la forte surperformance relative de 2021 ne se répétera peut-être pas. Les obligations chinoises sont devenues une classe d’actifs adulte, étant donné que les investisseurs commencent à les considérer comme une valeur refuge émergente. Cela s’explique par des valorisations attractives, une politique monétaire des divergente, une accessibilité croissante, une intégration continue des indices, une faible volatilité et des avantages liés à la diversification.