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Un Aveu d’humilité
Calendar02 Feb 2022
Thème: Macro
Maison de fonds: DNCA Investments
Thomas planell
Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA

Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA

C'est la réponse qui a fait trembler les marchés. Interrogé pendant la conférence de presse traditionnelle du FOMC, Powell répond qu'il ne s'interdira pas de monter les taux à chaque réunion du comité. Alors l'apparente bienveillance initiale de la FED est balayée, le Nasdaq efface aussitôt ses gains si difficilement acquis depuis la veille. Les volumes d'échanges s'affolent. Le rendement des TIPS (obligations du Trésor indexées à l'inflation), bien que toujours négatif, se déchaine et revient à son niveau le plus haut depuis presque deux ans. Fait rarissime, les taux à 2 ans grimpent de treize points de base en séance : il faut revenir aux crises (mars 2020, crise de 2008) pour retrouver de telles envolées. Du coté des actions internationales, les futures asiatiques et européens suivent le Nasdaq dans sa déroute. Et pourtant, Jay Powell ne s'est engagé à rien. Aucune promesse le liant à agir, libre, comme en 2018 de faire marche arrière si besoin, mais le message fut fort et clair pour les marchés.

Sa seule promesse : être « humble », et « agile ».
L'humilité est clairement de rigueur. La FED est probablement l'employeur le plus prolifique de docteurs en économie. Elle dispose des meilleures recrues et ressources, elle a accès à tout ce dont les hedge funds rêvent, et pourtant… elle navigue à vue. La croissance du PIB du quatrième trimestre, publiée le lendemain est 1,5% supérieur à ce qui était prévu. Quel écart de prévision pour la première économie mondiale ! Un exemple parmi d'autres, après celui d'une inflation "transitoire"… qui finalement finit par s'installer. Humble, c'est aussi avouer que ce cycle d'expansion économique est "sans précédent", qu'il ne ressemble à aucun autre, qu'il ne s'arrêtera donc comme aucun autre…

Agile, Powell l'a été. En janvier 2019 notamment, lorsque face au ralentissement de la croissance américaine, il abandonne subitement son agenda de hausse des taux. Aujourd'hui déjà, le FMI révise à la baisse ses projections pour 2022. Mais contrairement à 2019, l'inflation, elle, ne montre pas vraiment de signes de faiblesse. Elle met Jay Powell dans une impasse : sa marge de manœuvre est limitée. Être humble, chacun finit, à ses dépens, par apprendre à le devenir, tôt ou tard… Être agile en revanche, c'est malheureusement un luxe que Jerome Powell risque de ne plus pouvoir s'offrir...