César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer Pictet Wealth Management.
Décollage des taux
Mercredi dernier, la Fed a relevé ses taux à court terme pour la première fois depuis fin 2018 (la nouvelle fourchette s’établit à 0,25-0,50%) et confirmé que d’autres hausses suivraient, cette année et l'année prochaine, afin de freiner la hausse des prix à la consommation, qui pourrait bientôt dépasser 8% en rythme annuel. La banque centrale prévoit désormais un taux des Fed Funds proche de 2% en fin d'année. Son président, Jerome Powell, a en outre indiqué que la Fed était sur le point de finaliser ses plans pour réduire son bilan de 9000 milliards de dollars. Malgré la hausse des anticipations d'inflation (inflation de base attendue à 4,1% en fin d’année) et la révision des anticipations de croissance du PIB (de 4% à 2,8% pour 2022) par les responsables de la Fed, les marchés boursiers ont fortement progressé la semaine dernière. Mais même s’il est vrai que les investisseurs ont pu s'accrocher à l’espoir d’une avancée dans les négociations entre la Russie et l'Ukraine et à une baisse des prix de l'énergie, nous devons nous préparer à d'autres pics de volatilité.
La semaine dernière a fourni de nouvelles preuves de la bonne résistance relative des Etats-Unis, avec des ventes de détail en hausse de 17,6% sur un an en février (alors que l'enquête allemande ZEW sur le climat économique chutait à un rythme sans précédent en mars). Mais la crainte qu’une politique monétaire trop restrictive fasse dérailler la croissance se traduit par l'aplatissement, voire l'inversion de certaines parties de la courbe des taux américains. Même si une inversion de la courbe n’entraîne pas nécessairement une récession, toutes les récessions ont été précédées de telles inversions. A tout le moins, les Etats-Unis se dirigent rapidement vers un environnement de fin de cycle qui sera délicat à gérer, notamment dès que la Fed commencera à réduire son bilan.
Les marchés chinois se sont concentrés sur les promesses de Liu He – le plus haut responsable économique chinois –de nouvelles mesures favorables au marché. S’il est certain que les autorités déploieront les mesures de relance nécessaires pour que l'économie chinoise atteigne l'objectif officiel de croissance de 5,5% cette année, la Chine est confrontée à de nombreux défis. Tandis qu’elle doit faire face à une nouvelle flambée des cas de Covid, la situation du secteur immobilier reste problématique, la progression du crédit s'essouffle et les dépenses des ménages montrent des signes de fragilité. Nous restons donc négatifs face aux actions chinoises à ce stade. Mais tandis que Pékin gère une situation domestique compliquée, des rumeurs selon lesquelles l'Arabie saoudite envisagerait d'accepter le yuan pour le règlement du pétrole qu’elle exporte vers la Chine pourraient contribuer à défier la suprématie du dollar comme monnaie de réserve.
