Randeep Somel – Gérant du fonds M&G (Lux) Climate Solutions Fund

L’industrie automobile mondiale s’intéresse aux voitures électriques depuis plusieurs décennies. General Motors a lancé l’EV1 en 1997, mais le constructeur américain était alors convaincu que les voitures électriques occupaient une niche non rentable du marché automobile, raison pour laquelle la production n’a duré que quelques années.

Mais, cette conviction a été battue en brèche lorsqu’un nouveau venu au sein de l’industrie, Tesla, a démontré qu’il pouvait produire des véhicules entièrement électriques fiables, abordables et attractifs. À cela s’est ajoutée par la suite la décision du groupe VW, alors durement ébranlé par le scandale des moteurs diesels aux logiciels truqués faussant le résultat des tests aux États-Unis (2015), de porter également toute son attention sur les véhicules électriques en vue d’améliorer son image.

L’écosystème des véhicules électriques diffère de celui des précédents véhicules à combustion. La chaîne cinématique se compose principalement d’un moteur et d’une batterie. Elle est moins complexe que celle d’un véhicule traditionnel à moteur à combustion et comporte beaucoup moins de pièces mobiles.

Les fabricants de batteries jouent un rôle très important dans l’écosystème et la batterie est un élément coûteux des véhicules électriques. Les leaders dans ce domaine sont dominés par des groupes asiatiques : le chinois CATL, les sud-coréens LG Energy Solutions, Samsung SDI et SK Innovation, ainsi que le japonais Panasonic.

La fabrication des véhicules électriques exige également une plus grande quantité de métaux, notamment de cuivre, de nickel, de lithium, de manganèse et de cobalt, lesquels sont tous utilisés principalement pour la batterie.

Estimant que la demande de véhicules à combustion va commencer à diminuer, les fabricants de convertisseurs catalytiques tels qu’ Umicore (Belgique), qui sont utilisés dans les véhicules à combustion afin d’éliminer les émissions de carbone et d’azote, ont déjà entrepris de réorienter leurs capitaux afin d’accompagner le développement des véhicules électriques, notamment via la production de matériaux de cathode pour les batteries des véhicules électriques.L’UE envisage de légiférer pour interdire la vente de véhicules à combustion neufs d’ici 2035. Le gouvernement britannique a montré la voie à suivre en la matière, et ce, en annonçant l’interdiction de la vente de nouvelles voitures conventionnelles à essence et diesel d'ici 2030 et véhicules hybrides d’ici 2035.

Stellantis, le propriétaire des marques Fiat , Peugeot , Citroën et Opel et le quatrième constructeur automobile mondial, possède trois usines en Espagne dédiées à la production de véhicules électriques : Peugeot e-2008 (Vigo), Citroën ë-C4 (Madrid) et Opel Corsa-e (Saragosse).

Des infrastructures de recharge des véhicules électriques se doivent d’être mises en place pour faciliter la transition. Repsol et Iberdrola sont deux exemples d’entreprises qui installent des bornes de recharge en Espagne.

Les véhicules électriques ont également besoin de semi-conducteurs pour contrôler toute l’électronique. Le groupe allemand Infineon Technologies est un leader mondial dans la fourniture de micropuces à cette fin.

Le passé a démontré que l’industrie de la construction automobile était cyclique, à savoir qu’elle est sensible au ralentissement de la croissance économique. La concurrence fait également rage au sein du secteur, surtout en dehors des constructeurs de voitures très haut de gamme, ce qui signifie que les taux de rentabilité ne sont jamais très élevés.

Les fabricants de VE et les entreprises qui contribuent à cet écosystème devraient enregistrer une croissance structurelle dans ce domaine au cours des prochaines décennies, et ce, à mesure que se poursuit l’abandon progressif des véhicules à combustion au profit des véhicules électriques. Les fabricants de composants qui sont plus focalisés sur les véhicules électriques, comme Infineon Technologies, devraient en principe bénéficier davantage de cette transition que les entreprises qui sont également exposées à l’industrie des véhicules à combustion qui est appelée à être en déclin.