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Vers une récession inévitable au Royaume-Uni ?
Calendar24 May 2022
Thème: Macro

Par Christopher Dembik, Head of Macro Analysis chez Saxo Bank

Christopher dembik
Christopher Dembik
Si une récession mondiale n’est pas notre scénario de référence, nous reconnaissons que plusieurs pays pourraient entrer en récession technique cette année. Nous sommes, en particulier, très pessimistes quant aux perspectives du Royaume-Uni.

Toutes les statistiques publiées la semaine dernière tendent à indiquer que l’économie britannique connaîtra ce trimestre une croissance négative : l’indice de confiance des consommateurs GfK est tombé sous son plus bas historique, à -40 en avril, en raison de l’augmentation du coût de la vie, les ventes au détail semblent stagner à moyen terme malgré le rebond à court terme d’avril (+1,4 % en volume par rapport au mois précédent) et l’IPC d’avril a bondi de deux points de pourcentage en un mois seulement, passant de 7 % en glissement annuel en mars à 9 % en avril.

On peut s’attendre à ce qu’il dépasse les 10 % dans les mois à venir. Ajoutez à cela l’effet du jour férié supplémentaire, qui devrait réduire l’activité ce trimestre. La réserve d’épargne accumulée pendant la crise sanitaire reste abondante. Mais elle est surtout concentrée dans les ménages à hauts revenus. Il est donc très peu probable qu’elle stimule la consommation.

Les principaux indicateurs avancés de l’économie britannique confirment que le pire est à venir. L’indicateur avancé de l’OCDE pour le Royaume-Uni, qui est conçu pour anticiper les points de retournement de l’économie six à neuf mois à l’avance, est tombé à 100 en avril. Le taux de variation annuel était de +10,4 % en avril 2021 ; il est maintenant de -0,4 % : une évolution pour le moins considérable sur une période d’un an... En outre, les immatriculations de voitures neuves, qui sont souvent considérées comme un indicateur avancé de l’économie britannique dans son ensemble, sont en chute libre en raison d’une baisse massive de la confiance des consommateurs. En juin 2021 (pic post-covid), les immatriculations de voitures neuves atteignaient 1,88 million. Elles ne sont plus aujourd’hui que de 1,61 million, soit une chute vertigineuse de 11 %.

Nous pensons qu’au moins deux grandes économies développées connaîtront une récession technique cette année : le Royaume-Uni et la France (laquelle a vu sa croissance stagner au premier trimestre à la suite d’une baisse inquiétante de la demande intérieure).

La situation de l’Australie nous paraît inquiétante également. La banque centrale australienne procède à un resserrement agressif de sa politique monétaire sur fond de poussée inflationniste mondiale et de cycle économique déjà bien entamé. Dans un tel contexte, une erreur de politique est vite arrivée.

Un grand nombre d’économies développées connaissent une forme de stagflation – c’est le cas de l’Allemagne, par exemple. Aux États-Unis, la demande intérieure demeure solide : les chiffres des ventes au détail et de la production industrielle d’avril sont encourageants malgré la flambée des prix. Pour la Réserve fédérale, un atterrissage en douceur sera difficile à manœuvrer, mais pas impossible.

Nous pourrions ajuster nos prévisions de croissance mondiale dans les prochains mois si la contraction des nouvelles commandes à l’exportation perdure en Allemagne et en Chine, les deux principales économies exportatrices du monde. Cela rendrait plus tangible le spectre d’une récession mondiale qui pèse sur les marchés. Mais il est trop tôt pour l’envisager.