Lionel Henrion, Family Wealth Banker, Nagelmackers

Alléluia ! Enfin la spirale infernale des semaines négatives est enrayée. Les marchés actions ont même connu un rebond d’une ampleur qui amène le mois de mai en territoire positif :

Trois facteurs sont venus liguer leurs effets positifs pour générer cette hausse :

• Les stratégistes sont divisés quant à l’éventuelle opportunité d’investissement au vu des niveaux de valorisation actuels (les ratios cours/bénéfices ont retrouvé leur moyenne historique – pour autant que les perspectives bénéficiaires se concrétisent et ne cèdent pas aux risques de récession). Le patron de J.P.Morgan qui s’est exprimé lundi fait partie de ces optimistes et ses paroles ont rassuré. Notons par ailleurs que le S&P500 a touché la barre des -20%, un seuil psychologique important puisqu’il détermine l’entrée d’un marché baissier, un seuil qui peut donc déclencher des rebonds « techniques ».
• Ensuite, le compte-rendu de la réunion de la FED du 4 mai a été publié et on y apprend que si plusieurs membres du comité sont effectivement en faveur d’un relèvement de taux de 0,5% lors de chacune des deux réunions précédant la trêve estivale, c’est en réalité pour se donner plus de latitude à l’automne en fonction du contexte économique. C’est-à-dire qu’une nouvelle trajectoire pour les taux d’intérêts, moins restrictive donc, pourrait être dessinée !
• Finalement, parmi les statistiques publiées ce vendredi, on voit une diminution de la flambée des prix aux Etats-Unis, ainsi que des dépenses de consommation résilientes, deux bonnes nouvelles tant pour les obligations que les actions. Elles cadrent à merveille avec le scenario issu du compte-rendu de la réunion de la FED. Ceci a propulsé la hausse ce vendredi à des niveaux importants (+3,33% pour le Nasdaq en cette seule journée) et redore le blason du mois de mai

Il est de plus en plus difficile de comprendre comment la géopolitique influence les investisseurs. L’impossibilité pour la Russie de payer une partie de sa dette en roubles et l’évolution de l’armée dans l’Est de l’Ukraine ne sont guère réjouissantes. D’un autre côté, la lenteur de cette évolution militaire est peut-être perçue positivement. En tous cas, on ne peut pas dire que les tensions s’amenuisent : les Etats-Unis ont réagi négativement au chantage russe de laisser des navires chargés de nourriture quitter l’Ukraine en échange de la levée de sanctions ; et le premier-ministre du Royaume-Uni s’est exprimé en faveur d’un plus grand soutien à l’armée ukrainienne, avec des lanceurs de missiles à plus longue distance. Il déconseille aussi la négociation d’une reddition avec la Russie avec cette truculente déclaration : « comment pouvez-vous gérer un crocodile quand il a déjà mangé la moitié de votre jambe ? ».