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Interview du mois - Alexis Drion (Nagelmackers) : « Nous avons positionné les portefeuilles prudemment »
Calendar16 Sep 2022
Maison de fonds: Nagelmackers

Alexis Drion souligne l’importance des équipes de gestion dans la sélection de fonds externes, une gestion qui a récemment été revue vers des fonds à faible volatilité, avec des expositions sectorielles plus défensives. Il nous parle également du fonds qu’il gère sur la nouvelle économie chinoise.

Nagelmackers alexis drion
Alexis Drion

Alexis Drion est membre de l’équipe de sélection des fonds externes chez Nagelmackers depuis plus de cinq ans, avec une spécialisation sur les fonds en actions émergentes, sur les produits thématiques et sur les fonds alternatifs. Il est également en charge de la sélection des ETF pour la gestion discrétionnaire et les fonds de fonds. Enfin, il est impliqué dans la gestion du fonds sur la nouvelle économie chinoise lancé en avril 2021.

Bonjour Alexis, est-ce que tu peux rapidement nous expliquer comment se déroule la sélection de fonds dans votre équipe ?

Alexis Drion : « Le processus démarre systématiquement par un filtrage quantitatif sur l’univers d’investissement, notamment avec des outils fournis par Morningstar ou Bloomberg. Ceci permet de réaliser un premier tri sur la base des actifs sous gestion, de la performance, du niveau des reculs lors des marchés baissiers, de la stabilité de l’équipe de gestion, de la volatilité ou encore de la tendance du fonds à s’écarter de son indice de référence. Dans un second temps, nous allons essayer de rencontrer directement les gestionnaires afin d’avoir une idée plus précise sur la manière dont les produits sont gérés, sur la base d’une grille de lecture propre à Nagelmackers .»

Quels sont les critères les plus importants ?

A.D. : « Le premier critère est lié à l’équipe de gestion, qu’il s’agisse de la stabilité de l’équipe, de l’expérience des gestionnaires ou des ressources mises à la disposition de ces derniers (analystes dédiés, etc.). Le deuxième critère est la concordance entre la philosophie d’investissement et l’objectif de gestion. Il s’agit donc d’analyser si la composition du portefeuille est cohérente avec les ambitions du fonds. Le troisième critère consiste en l’analyse des critères ESG et de l’empreinte carbone, un facteur qui a pris de plus en plus de place ces dernières années. Le quatrième critère s’intéresse à la manière dont le portefeuille est construit : l’utilisation des liquidités ou de levier financier, la concentration et le taux de rotation des positions, l’approche à long terme ou plus opportuniste... Enfin, la performance est également un critère important, tant sur l’ensemble d’un cycle que sur une période plus courte (3 ans). Selon les portefeuilles dans lesquels cette sélection est implémentée, certains critères vont être plus importants que d’autres. »

Combien de temps prend la sélection d’un fonds géré activement ?

A.D. : « Nous avons en permanence plusieurs fonds sur notre liste d’achat. Mais pour réaliser une analyse complète d’un produit, le processus peut prendre plusieurs mois. Nous voulons toujours assurer une sélection objective, approfondie et indépendante dans la sélection de nos fonds de tiers. Pour permettre aux gestionnaires de pouvoir être plus rapide et tactique dans leurs choix de gestion, nous sélectionnons également des ETF qui sont facilement négociables avec des frais souvent attractifs. »

Avec combien de gestionnaires externes travaillez-vous ?

A.D. : « Environ une vingtaine, mais nous sommes en contact avec un grand nombre d’autres maisons de gestion car nous devons rester en permanence au courant des produits qui sont disponibles. Nous ne sommes pas limités par un style particulier et notre sélection est réalisée compte tenu des produits que nous proposons à nos clients. Nous avons trois grandes catégories de fonds de fonds : une approche ‘value’, une approche ESG, et une approche plus tactique. Nous avons également des fonds institutionnels, des solutions pour le ‘retail’ et des mandats de gestion discrétionnaire, pour des encours qui tournent autour de 3 milliards d’euros. »

Avez-vous apporté des modifications dans votre exposition sur les marchés boursiers en 2022 ?

A.D. : « Nous avons eu tendance à adopter une stratégie plus prudente au fil des mois, en privilégiant des approches moins volatiles, des approches sectorielles plus défensives ou des politiques d’investissement de gestion ‘value’. Au niveau géographique, nous avons réduit notre exposition sur les actions européennes pour privilégier les actions américaines sur lesquelles la pression inflationniste est plus faible. Nous avons aussi augmenté notre exposition sur les marchés émergents, et plus particulièrement sur la Chine où le contexte est progressivement devenu plus favorable avec des valorisations relatives plus attractives. »

Et pour la partie obligataire ?

A.D. : « Nous restons très sous-pondérés, en privilégiant les produits à courte échéance et les liquidités. Nous avons également réduit notre exposition sur le haut rendement et sur les produits indexés sur l’inflation pour lesquels nous pensons que l’essentiel du chemin a été fait. Nous avons par ailleurs augmenter notre exposition sur les obligations souveraines (notamment chinoises) ou sur la dette d’entreprise européenne. »

Parlez-nous un peu du fonds que vous gérez ?

A.D. : « Cette solution est tournée sur les actions de la nouvelle économie chinoise jouant les thèmes de la digitalisation, de la transition climatique et énergétique et des changements des habitudes de consommation. Les valorisations avaient fortement baissé en 2021 si bien que nous pensons que le marché est aujourd’hui bien positionné pour un rebond notamment via le thème de la réouverture que nous avons implémenté de manière plus marquée dans le portefeuille au travers de secteurs liés à la consommation. Le fait que notre actionnaire principal est Chinois nous permet d’avoir accès à des ressources sur place et à une recherche de qualité, sur laquelle nous nous basons pour notre sélection de titres. »

A quoi faut-il être attentif sur ce marché ?

A.D. : « Il faut faire attention aux décisions des autorités gouvernementales (plans gouvernementaux, restrictions sanitaires, changements règlementaires, etc.) qui peuvent toujours intervenir et modifier les perspectives de certains secteurs. Par ailleurs, notre biais sur la nouvelle économie implique que nous ne sommes pas exposés sur certains segments ‘plus-value de la cote’ (par exemple, le secteur financier), une certaine volatilité pouvant en résulter. A terme, cependant, le développement futur se joue pourtant bel et bien là où l’innovation et la croissance sont fortes. »