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« Les émergents sont notre pari pour 2023 »
Calendar16 Jan 2023
Thème: Macro
Maison de fonds: Pictet

Les marchés boursiers vont rester à la traîne durant les prochains mois, et il faudra dynamiser les portefeuilles en intégrant des actions chinoises (et asiatiques) ainsi que des obligations émergentes.

Frédéric Rollin (Conseiller en stratégie chez Pictet Asset Management) a livré ses prévisions pour bien débuter un exercice 2023 qui s’annonce plus clément pour les investisseurs. « Le grand thème de l’exercice qui vient de commencer ne devrait plus être l’inflation. Aux Etats-Unis, elle devrait reculer drastiquement avec la disparition des déséquilibres entre l’offre et la demande de biens, tandis que la hausse des loyers devrait se calmer sous l’impact de la baisse des prix de l’immobilier ». Dans ce contexte, la position de la Réserve Fédérale devrait devenir plus facile durant les prochains mois.

Préférence américaine

La détente de la politique monétaire devrait permettre une certaine expansion des multiples de valorisation aux Etats-Unis durant les prochains mois. « Il n’y a toutefois pas quoi devenir trop optimiste sur les marchés boursiers, car le contexte va surtout être marqué par l’impact du climat économique sur les bénéfices ». Aux Etats-Unis, Frédéric Rollin s’attend à une croissance économique de 0,5% sur l’année 2023, essentiellement tirée par la consommation des ménages.

« En Europe, la situation va être tout aussi médiocre, et nous sommes probablement en train de traverser une récession en raison de la crise énergétique et de la perte de confiance due aux incertitudes géopolitiques. Dans le même temps, la BCE va encore devoir resserrer sa politique monétaire ». Il table sur une croissance économique tournant autour de 0,2% pour l’ensemble de 2023. « Nous devrions toutefois échapper au pire d’un point de vue économique, avec des niveaux de stocks de gaz qui se sont maintenus sur des niveaux élevés grâce à un hiver relativement doux ».

Dans ce contexte, il estime que la préférence doit être accordée aux actions américaines qui devraient enregistrer une progression bénéficiaire plus rapide. « En Europe, la croissance économique va ralentir de manière plus marquée, ce qui va entraîner une contraction plus sévère des bénéfices. Ceci explique que nous ne participons pas à l’enthousiasme actuel pour les actions européennes ».

Optimiste chinois

Il se montre inversement plus enthousiaste sur le marché chinois (et sur l’Asie), tant au niveau tactique que stratégique, et en dépit d’un contexte qui semble difficile à la lecture des derniers indicateurs économiques. « La crise est forte et la croissance a été très mauvaise en 2022. Le gouvernement a toutefois fait un virage à 180 degrés sur le COVID-19, ce qui devrait à terme déboucher sur une accélération économique ». Frédéric Rollin souligne qu’il ne faut pas nécessairement attendre une amélioration des chiffres économiques avant d’acheter les actions chinoises au vu des niveaux de valorisation extrêmement attractifs.

« Nous tablons également sur une amélioration des fondamentaux pour les entreprises asiatiques, avec des entreprises très compétitives dans les secteurs technologiques, au point de constituer parfois des situations de quasi-monopole. Dans le domaine des batteries électriques, trois pays d’Asie disposent à l’heure actuelle d’une part de marché supérieure à 90% ».

Retour de la croissance

Il pointe également le potentiel à long terme de l’Inde, qui dispose d’une main d’œuvre jeune et d’un niveau de développement qui s’accélère rapidement sous l’impact des mesures de modernisation mises en place par Modi. Dans l’ensemble, il s’attend une performance 2023 difficile sur les actions pour les investisseurs qui rechigneraient à se diversifier vers les actions asiatiques.

Au niveau sectoriel, il estime que les secteurs de croissance devraient mieux se comporter dans un contexte de stabilisation sur les taux directeurs des grandes banques centrales occidentales. « Les secteurs défensifs vont également mieux se comporter dans un contexte économique plus difficile. Notre préférence va au secteur des soins de santé, qui se trouve au carrefour de ces deux tendances (croissance et défensif) ».

Attrait obligataire

Si les actions devraient se stabiliser en 2023, Frédéric Rollin s’attend surtout à une reprise des marchés obligataires, et notamment sur la dette gouvernementale américaine. « Dans un contexte de ralentissement économique, la Réserve Fédérale va se montrer moins agressive, ce qui va permettre une détente sur les taux longs ». Il apprécie particulièrement le crédit de qualité investment grade. « Il est par contre encore trop tôt pour revenir sur le haut rendement, les anticipations d’une récession sur les taux de défaut n’étant pas encore bien intégrées dans les valorisations ».

Enfin, les obligations des pays émergents sont la dernière conviction forte pour les prochains mois. « Nous sommes actuellement fortement surpondérés. Les taux réels sont historiquement élevés, et le contexte d’une détente de la politique monétaire américaine accompagnée d’une baisse du dollar devrait être favorable aux performances de la dette émergente ».