Navbar logo new
« L’AI est une opportunité pour plusieurs décennies »
Calendar02 Mar 2023
Maison de fonds: ODDO BHF AM
Brice prunas
Brice Prunas

L’application ChatGPT a remis les développements autour de l’intelligence artificielle au centre de l’attention des investisseurs, après un exercice 2022 qui a été particulièrement difficile à traverser pour les investisseurs exposés sur cette thématique. Nous avons eu récemment l’occasion d’interroger Brice Prunas (gestionnaire du fonds ODDO BHF Artificial Intelligence) pour qu’il nous rappelle l’opportunité que constitue cette thématique ainsi que la manière dont il est positionné au début d’une année 2023 qui s’annonce sous de meilleurs auspices. ODDO BHF Artificial Intelligence est le seul fonds Intelligence Artificielle classé Article 9 de la réglementation SFDR.

Bonjour Brice. Tout d’abord, est-ce que tu peux rapidement rappeler pourquoi l’intelligence artificielle est une opportunité à saisir pour les investisseurs ?

Brice Prunas : « J’ai tendance à considérer que l’intelligence artificielle est la disruption la plus importante que j’ai vu arriver depuis plus de vingt ans que je suis le secteur technologique. Nous ne sommes qu’au début de ce mouvement avec des trillions de dollars qui vont être diffusés dans l’économie. Le développement des IA va moderniser profondément nos économies et la manière dont les entreprises opèrent dans tous les secteurs d’activité comme la santé, les transports ou les médias ».

Que faut-il penser de ChatGPT et des développements autour du generative AI?

B.P. : « Cette thématique nous défendons depuis quatre ans a trouvé un écho fort depuis le début 2023, avec les annonces de nouveaux développements dans le domaine du generative AI. C’est la première fois depuis le lancement du fonds que notre thématique occupe quasi-quotidiennement la première page des nouvelles sur le secteur financier. Tous les grands groupes du secteur ont annoncé des développements dans le domaine, qui vont contribuer à maintenir cette thématique sur le devant de la scène durant les prochaines années ».

Tu peux nous donner quelques exemples concrets ?

B.P. : « Je pense par exemple à la manière dont les IA sont en train de changer la manière d’opérer dans le secteur de la santé, par exemple avec le vaccin personnalisé contre le cancer développé actuellement par Moderna, qui vient d’annoncer des résultats positifs pour sa phase 2. Je pense également à la manière dont les IA vont impacter le secteur de la sécurité, que ce soit avec la montée en puissance des voitures autonomes pour éviter les accidents de la route ou pour renforcer la sécurité informatique des entreprises. L’utilisation de la data sera le pétrole du XXIème siècle ».

Comment avez-vous vécu l’année 2022 ?

B.P. : « Le secteur a été touché par le retour de l’inflation après 30 ans de silence, avec une remontée des taux qui a fragilisé la valorisation des valeurs de croissance, qui ont parfois corrigé de plus de 50 ou 60%. Pour nous, il s’agit de facteurs exogènes qui ne remettent pas en question les perspectives de croissance de ces sociétés. Les ajustements sur les valorisations du secteur de l’IA, ils ont été faits ».

Quels sont les piliers de votre stratégie ?

B.P. : « Nous avons une approche relativement large de l’investissement dans l’intelligence artificielle. Nous partons du principe séculaire que les principaux bénéficiaires de la ruée vers l’or furent les fournisseurs de pelles et de pioches. Identiquement, les principaux bénéficiaires de la révolution IA vont être les sociétés de semi-conducteurs qui vont fournir la puissance de calcul, avec par exemple des sociétés comme NVidia*, AMD* ou Marvell Technology * qui sont toutes les trois dans nos principales positions.

Notre définition du secteur inclus également les secteurs qui vont être touchés par le développement des algorithmes, ce qui nous a permis en 2022 de pouvoir augmenter notre exposition sur des secteurs plus défensifs, avec par exemple le secteur de la santé qui est monté jusqu’à 17% des actifs sous gestion.

Ceci nous a permis d’afficher une performance relativement meilleure que celles de nos concurrents, qui sont souvent beaucoup plus exposés sur le secteur technologique. La normalisation des valorisations durant 2022 nous a permis de repasser à l’offensive dès les premiers jours de la nouvelle année ». *Ceci n’est pas une recommandation d’investissement

En revenant vers le secteur technologique ?

B.P. : « Effectivement, nous avons vendu nos positions défensives pour relever notre exposition sur les valeurs de forte croissance et sur la technologie. Deux années de forte correction sur ce segment du marché, cela n’arrive jamais même durant les années de récession économique. Le plus gros risque au début 2023, ce n’était pas de subir une nouvelle correction sur les valeurs de croissance, mais de louper la prochaine hausse du marché. Pour un fonds technologique, c’est une erreur que les investisseurs pardonnent difficilement ».

Comment analysez-vous les derniers résultats trimestriels ?

B.P. : « Ce qui va désormais guider les marchés, ce sera l’évolution des bénéfices par action des entreprises. Sur ce point, les dernières nouvelles ont été assez rassurantes durant la saison des résultats que nous venons de traverser, et que le comportement des investisseurs suite aux publications est totalement différent par rapport à l’année dernière. Les bons résultats sont désormais récompensés par des hausses, tandis que les mauvais chiffres ne sont plus aussi lourdement sanctionnés. Et les cours remontent rapidement après car les investisseurs ont peur de louper la prochaine phase de hausse. ».

Qu’est-ce qui pourrait remettre en cause ce scénario ?

B.P. : « Un dérapage incontrôlé au niveau de l’inflation ou un événement géopolitique majeur, mais ce n’est clairement pas un scénario central pour nous. Nous avons été très défensifs l’année dernière, mais le risque est aujourd’hui de ne pas être présent pour profiter du rebond. Je ne connais aucun gestionnaire qui cherche aujourd’hui à réduire la voilure sur la technologique ou sur l’intelligence artificielle ».