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Plafond de la dette américaine : les marchés financiers restent relativement sereins
Calendar14 May 2023
Thème: Fixed Income
Maison de fonds: Lazard

Par Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion

Avec le Danemark, les Etats-Unis sont un des rares pays où une loi limite le montant total de la dette publique. La croissance des économies et les déficits récurrents font que ce plafond doit régulièrement être relevé par un vote du Congrès et il l’a été pour la dernière fois en décembre 2021 à 31,4 trillions de dollars pour la dette fédérale. Lorsque la Maison Blanche et les deux chambres sont du même bord, comme fin 2021, cela ne pose pas de problème mais il a pu en être tout autrement en cas de division des chambres. Ce fut déjà le cas en 2011 où un vote in extremis évita de peu le défaut. Néanmoins ces péripéties amenèrent l’agence S&P à dégrader la note des Etats-Unis. Ces votes ont régulièrement fait l’objet de tensions politiques mais le plafond a toujours été relevé à temps.

Ne plus pouvoir émettre de dette pour un gouvernement en déficit peut s’avérer très problématique. Un défaut sur la dette du Trésor Américain, qui constitue l’actif sans risque par excellence du système financier, aurait sans doute des conséquences importantes. Pour éviter ce défaut, le Trésor ne peut que renouveler les dettes existantes et s’appuyer que sur les recettes fiscales qui tombent au fil de l’eau pour financer ses dépenses. Il doit alors fixer des priorités dans les multiples paiements qu’il doit faire : prestations sociales, salaires des employés fédéraux, factures des fournisseurs… ce qui serait très pénalisant pour l’activité économique.

En réalité, le Trésor Américain a déjà atteint ce plafond le 19 janvier, mais il dispose de différentes réserves et outils pour continuer à fonctionner normalement pendant un certain temps. Mais Janet Yellen a annoncé le 1er mai que le Trésor aura épuisé ces moyens au 1er juin.

Les rendements des t-bills à trois échéances - fin mai, début juin et début juillet - étaient quasi-identiques jusqu’à la mi-avril. Depuis lors, les investisseurs ont privilégié les t-bills arrivant à échéance avant cette date et ont évité ceux arrivant à échéance début juin, provoquant une nette hausse de leur rendement.

Les Démocrates souhaitent une augmentation du plafond sans conditions alors que les Républicains veulent l’assortir de réductions de dépenses. Pour l’instant, les deux partis campent sur leurs positions. Historiquement un accord a toujours été trouvé mais il ne reste que peu de temps. Pour l’instant, hors des T-bills, les marchés financiers restent relativement sereins. Pour combien de temps ?