La demande croissante d'énergie dans le monde et les inquiétudes concernant le changement climatique font que les énergies renouvelables et les technologies à faibles émissions associées sont de plus en plus nécessaires. Caroline Cook, Head of Climate Change chez Baillie Gifford : "Nous ne pouvons pas encore savoir exactement comment se déroulera la transition énergétique et climatique au cours des cinq, dix, et encore moins des cinquante prochaines années. Mais nous devons nous préparer aux imprévus. Nous devons rester ouverts aux scénarios qui remettent en question la pensée incrémentale et explorent les complexités des profonds changements systémiques qui nous attendent probablement", déclare Mme Cook. Une étude récente de l'Institute for New Economic Thinking de l'Université d'Oxford (INET Oxford) offre une telle opportunité. Cette étude remet en question les prévisions consensuelles en suggérant qu'elles ne tiennent pas correctement compte des implications d'une croissance exponentielle à long terme.

Le volant de retour d'information

​Les auteurs de l'étude fondent leur approche sur la « Loi de Wright ». Mme Cook : « L’idée principale est qu'une « courbe d'apprentissage » s'applique aux éoliennes, aux panneaux solaires et aux autres technologies renouvelables : pour chaque doublement cumulatif de la production, le coût de fabrication de chaque unité diminue d'un pourcentage constant. Les baisses de prix qui en résultent stimulent la demande, entraînant des gains d'efficacité qui permettent aux fabricants de réduire encore leurs prix, et ainsi de suite. Et comme les baisses de prix sont exponentielles, la boucle s'accélère au fur et à mesure ».

Cependant, les combustibles fossiles ne bénéficient pas du même effet. « Bien que les ingénieurs aient continuellement amélioré les processus d'extraction, la nécessité de travailler dans des environnements de plus en plus extrêmes, au fur et à mesure que les ressources deviennent plus difficiles à trouver, annule les économies réalisées », explique Mme Cook. En outre, depuis 50 ans, les actions du cartel de l'OPEP ont introduit des complexités sociales et politiques dans le prix de marché de ces matières premières énergétiques. En conséquence, les prix du pétrole, du gaz et du charbon sont à peu près les mêmes qu'il y a 140 ans, une fois l'inflation prise en compte. Le message clé ici est que l'énergie renouvelable est une technologie, tandis que l'énergie fossile est un produit de base. Le document suggère qu'une transition rapide vers les énergies renouvelables permettrait au monde d'économiser environ 12 billions de dollars d'ici à 2050 par rapport au maintien du statu quo. Et ce, même si l'on tient compte de la nécessité d'un réseau électrique plus complexe, dont l'exploitation coûterait 140 milliards de dollars supplémentaires par an. « Étant donné que les combustibles fossiles sont une ressource limitée, il y a fort à parier que plus nous continuerons à dépendre d'eux à grande échelle, plus leurs prix risquent d'augmenter. Par conséquent, même le chiffre de 12 billions de dollars pourrait être sous-estimé », déclare Mme Cook.

L'étude indique également que les émissions du système énergétique tomberaient en chute libre au cours des années 2030 dans le cadre de son modèle de transition rapide, après avoir diminué d'environ 10 % seulement au cours des années 2020. Cela reflète la nature lente puis soudaine du changement exponentiel. Et cela montre pourquoi nous ne devrions pas nécessairement désespérer si les réductions d'émissions restent relativement faibles à court terme.

Cook : « Il n'y a pas de voie prédéterminée de réduction des émissions vers une année 2050 entièrement décarbonée. Nous disposons de technologies très efficaces prêtes à être installées en masse, et nous devons nous attendre à des innovations continues. Ainsi, bien que la science du climat suggère que nous devrions tous travailler à la réduction la plus rapide possible, un démarrage lent n'exclut pas une accélération rapide à venir. » ​

​Implications en matière d'investissement

​Comme nous l'avons décrit plus haut, les forces motrices des énergies renouvelables pourraient être plus puissantes qu'on ne le pense généralement, ce qui permettrait aux investisseurs d'obtenir des rendements substantiels. Nous sommes conscients que l'étude d'Oxford nous fournit des scénarios et non des prévisions. Mais ces scénarios semblent reposer sur des bases solides et intéressantes. D'autres répercussions possibles sont présentées ci-dessous :

- Il existe des entreprises exceptionnelles dans lesquelles investir qui, selon nous, accéléreront la transition énergétique à moyen et long terme. Elles peuvent travailler dans des créneaux différents et se trouver aujourd'hui à des stades différents de leur cycle de vie, mais elles offrent toutes un potentiel de rendement important à long terme. Parmi les exemples, citons le fabricant de voitures électriques NIO et l'exploitant de minerai de fer FMG, qui investit dans le passage du charbon et du gaz naturel à l'énergie solaire et à l'hydrogène.
- Une plus grande utilisation des énergies renouvelables pourrait permettre au monde de disposer d'une énergie abondante et peu coûteuse. Cela devrait soutenir les pays en développement et rendre certains modèles commerciaux rentables pour la première fois. Certaines sociétés pionnières pourraient même contribuer aux efforts visant à inverser le réchauffement de la planète. Par exemple, Climeworks utilise de l'électricité à faible coût pour éliminer le dioxyde de carbone de l'air et le stocker sous terre.
- Une autre conséquence d'une transition plus rapide que prévu est que les réseaux électriques devront faire face à beaucoup plus de complexité plus tôt que prévu. Cela crée une opportunité pour les fournisseurs de software et de hardware pour les gérer. Nous avons trouvé ce potentiel dans des entreprises aussi diverses que le fabricant de câbles électriques Nexans et le fournisseur de services internet Cloudflare.
- De même que la croissance exponentielle peut entraîner des changements rapides dans notre utilisation des énergies renouvelables, elle peut aussi provoquer un point de basculement dans les politiques publiques. Nous avons vu par le passé que le changement se produit souvent par des bouleversements massifs plutôt que par petites étapes. . De même, l'accélération des dommages climatiques et météorologiques extrêmes pourrait inciter les législateurs à prendre des mesures soudaines contre les activités à forte intensité de carbone par le biais de taxes et d'autres réglementations. Les entreprises non préparées pourraient subir une importante destruction de valeur.

Cook: « Il y a beaucoup de choses à prendre en compte. L'avantage de Baillie Gifford est que nous cherchons à investir dans des entreprises pour une durée de 5 à 10 ans ou plus. Cette période donne aux effets exponentiels décrits ci-dessus le temps de produire des changements significatifs. En adoptant cette approche patiente, nous pouvons soutenir les entreprises transformatrices pour faire avancer la transition énergétique dans l'espoir d'offrir de solides rendements à nos clients. »