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Essentiel Macro
Calendar10 Oct 2023
Thème: Macro
Maison de fonds: Pictet

Les taux longs volent de record en record. Le taux à 10 ans de l’État français est à 3,48% contre 2,88% il y a exactement un an. Aux États-Unis, le taux à 10 ans, qui sert de baromètre aux marchés, se rapproche du seuil symbolique de 5% qu’il n’a pas franchi depuis 2007. Cela provoque un excès d’aversion au risque sur les bourses. La vitesse d’appréciation des taux est effectivement à surveiller.

Mais le processus d’appréciation n’est en rien inquiétant. C’est la conséquence directe de la normalisation monétaire. Nous passons d’un régime de marché à caractère déflationniste qui a commencé dès 2008 et était caractérisé par un fort activisme des banques centrales à un régime de marché plus normal où il n’y a plus de raison d’avoir des primes de terme négatives. Cela ne signifie pas qu’elles ne peuvent pas temporairement ressurgir. Les primes de terme sont devenues négatives durant quelques semaines pendant l’épisode des faillites bancaires aux États-Unis en début d’année. Mais, fondamentalement, nous revenons à un régime qui prévalait avant 2008. S’ajoute à cela d’autres facteurs qui favorisent des primes à terme positives, comme l’envolée des prix du baril de pétrole et le fait que la Réserve Fédérale américaine (Fed) envisage de maintenir des taux directeurs élevés sur la durée. C’est la nouvelle normalité du marché obligataire.

Perspectives

Outre la trajectoire des taux obligataires, la semaine qui débute sera consacrée essentiellement à l’inflation avec la publication des statistiques pour le mois de septembre en Allemagne (mercredi), aux États-Unis (jeudi) et en France (vendredi). Il ne devrait pas y avoir de surprise majeure. Le chiffre pour les États-Unis sera scruté de près. Le consensus s’attend à une poursuite du repli après une hausse de 3,7% sur un an en août dernier.

Bien qu’il y ait depuis trois mois des tensions à la hausse sur l’énergie, cela ne remet pas en cause le processus de désinflation dans les pays développés. En termes de politique monétaire, le chiffre attendu jeudi permettra de savoir si la Fed envisage une dernière hausse des taux début novembre, par mesure de sécurité. Côté européen, il n’y a pas de questionnement en la matière. La politique monétaire se transmet parfaitement à l’ensemble de l’Union tandis que la désinflation continue dans tous les pays. Il n’y a donc aucune raison d’augmenter les taux directeurs en octobre. C’est une pause qui s’impose. 02Lundi 2 octobre 2023

Essentiel Macro

Le vrai test, c’est le consommateur américain

C’était attendu. La confiance du consommateur américain publiée par le Conference Board a chuté à un point bas de quatre mois en septembre. La hausse des taux d’intérêt, la flambée des prix de l’essence et la reprise du paiement des prêts étudiants à partir de ce mois pèsent sur les ménages américains. Selon une étude publiée par Jefferies portant sur plus de 600 Américains ayant un prêt étudiant à rembourser, environ 90% d’entre eux indiquent être inquiets concernant leur capacité à faire face à l’intégralité de leurs dépenses mensuelles. La moitié d’entre eux sont même « très » inquiets. Si le consommateur flanche ce trimestre, une contraction de l’activité est probable.

En revanche, une récession semble toujours exclue. La Réserve Fédérale (Fed) n’envisage plus ce scénario depuis le 26 juillet dernier. A ce stade, l’enjeu est double : savoir quel va être le rythme de croissance l’an prochain et quand va intervenir l’amorce d’un cycle de baisse des taux directeurs. La combinaison entre une politique monétaire plus incertaine à court terme et l’accroissement des difficultés pour le consommateur américain explique en grande partie la chute des marchés actions depuis plusieurs semaines. Il faudra certainement attendre la réunion de la Fed du 1er novembre pour y voir plus clair. Perspectives Cela peut paraître surprenant. La Fed a besoin d’un marché du travail en ralentissement marqué pour mettre durablement sur pause le cycle de hausse des taux. Ce serait le signe que la boucle prix-salaire qui a alimenté l’inflation reflue. Les indicateurs du mois d’août sont encourageants : hausse du taux de chômage à 3,8% contre 3,5% en juillet et créations d’emplois en chute à seulement 187 000 contre une moyenne autour de 400 000 dans la période suivant immédiatement les confinements Covid. La Fed espère que la tendance va se confirmer avec les chiffres du mois de septembre qui sont publiés ce vendredi à 14h30. En toute logique, avec la disparition progressive du surplus d’épargne lié à la Covid, de plus en plus d’Américains devraient revenir sur le marché du travail, ce qui devrait conduire à une hausse du taux de chômage. C’est le phénomène qu’on a observé en juillet dernier.