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« Il y a des signaux contrariant sur les marchés »
Calendar06 Nov 2023
Thème: Investir

David Kruk estime que divers signaux pointent vers un rebond des marchés pour le mois de novembre. Le contexte économique reste toutefois difficile, avec une prudence qui doit rester de mise dans l’allocation entre les classes d’actifs.

David kruk en pierre puybasset
Pierre Puybasset en David Kruk
Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion chez La Financière de l’Echiquier) et David Kruk (Responsable du trading desk chez La Financière de l’Echiquier) étaient à Bruxelles à la fin du mois d’octobre pour tenir leur conférence mensuelle Au Cœur Des Marchés. Comme d’habitude, ils ont passé en revue l’actualité du mois écoulé, et présenté leur grille d’analyse pour les prochaines semaines.

Mois compliqué

David Kruk souligne que le mois d’octobre fut très compliqué, avec une économie américaine qui a continué à marcher sur l’eau. « Le franchissement du niveau de 4,35% pour le taux à 10 ans américain a envoyé un important signal de doute sur les marchés boursiers ». Il constate que personne ne croit aujourd’hui plus dans une récession aux Etats-Unis, avec un aplatissement de la courbe des taux par suite de la remontée du taux à 10 ans. « Malheureusement pour les investisseurs, cet aplatissement s’est fait par le haut ».

Dans le même temps, les résultats n’ont pas fourni de soutien aux cours, même s’ils sont généralement ressortis en ligne ou au-dessus des attentes. « Nous constatons que les marchés ont eu tendance à sanctionner lourdement les sociétés qui n’ont pas été en mesure de publier des chiffres conformes aux attentes, tandis que celles qui ont surpris favorablement n’ont pas été récompensées. Les investisseurs traditionnels (qui regardent la valorisation des entreprises) ne représentent aujourd’hui plus que 20% des intervenants sur la bourse américaine contre 50% il y a quelques années. Ils sont aujourd’hui largement minoritaires face aux traders ou aux fonds momentum ».

Adjudications

Pour les prochains mois, il souligne que les dépenses de l’état américain vont rester soutenues dans une année électorale peu propice aux économies budgétaires. « Dans le même temps, les investisseurs japonais et chinois sont moins enclins à participer aux adjudications du trésor américain, qui sera donc contraint de relever le taux de ces émissions pour attirer les investisseurs ».

Dans la zone euro, David Kruk indique de l’activité manufacturière reste faible et liée à l’évolution de l’économie chinoise. « Depuis qu’il est apparu, en mars dernier, que la Chine ne tirerait pas la croissance globale, les actions européennes ont commencé à sous-performer ». Il estime que la BCE risque probablement de ne plus avoir la latitude à relever son taux directeur dans le futur.

Signaux contrarian

Pour le mois qui s’annonce, David Kruk souligne que la situation actuelle lui rappelle octobre 2022. « Selon Goldman Sachs , il existe actuellement de nombreux indicateurs contrariant sur les marchés boursiers, comme le déséquilibre entre optimistes et pessimistes ou le niveau de liquidités dans les portefeuilles ». Il constate également que le dernier trimestre de l’année est généralement une période positive sur les bourses, avec des programmes de rachats d’actions qui vont se remettre en route durant les prochaines semaines aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, Goldman Sachs se montre assez positif sur les actions européennes, qui seront soutenues en 2024 par un mélange de croissance bénéficiaire, de hausse des dividendes et de rachats d’actions. « Les entreprises européennes ont également 35% de cash supplémentaire par rapport à la période pré-COVID, ce qui devrait permettre un rebond des opérations de fusions & acquisitions l’année prochaine ».

Les autres courtiers américains continuent plutôt de tabler sur une récession au début de l’année prochaine, avec une hausse importante des taux de défaut et un risque boursier d’autant plus important que les investisseurs sont positionnés sur les mêmes actions au même moment. « Un rebond des cours en novembre au vu du pessimisme ambiant nous semble probable ».

Retour des mixtes

Au niveau de la politique d’investissement, Pierre Puybasset indique pour sa part que les banques centrales ont désormais récupéré des munitions pour faire face à un ralentissement économique et pour redonner de l’air au marché, alors que cette marge de manœuvre avait totalement disparu. « Nous sommes entrés dans un environnement plus orthodoxe sur les marchés financiers, avec des classes d’actifs qui devraient réagir plus normalement ».

« Dans cette optique, nous apprécions les obligations d’entreprise de bonne qualité en Europe, qui offrent un rendement attractif ». Il constate que c’est une situation qui devrait également être bénéfique pour les fonds mixtes, avec une classe obligataire qui a retrouvé son rôle de diversification. « Un fonds comme la stratégie multi-actifs que nous avons lancé en 2008 affiche actuellement une exposition nette de seulement 16% sur les marchés boursiers ».

« La hausse des taux va impacter l’économie réelle, il faudra dès lors être encore plus prudent sur la situation financière des entreprises, avec un équilibre des forces qui privilégiera, selon nous, les créanciers face aux actionnaires », poursuit Pierre Puybasset. « Dans ce contexte, les entreprises cotées européennes sont dans une situation plus favorable que les entreprises américaines, avec un niveau d’endettement qui est revenu sur un plus bas historique ». Il s’attend également à ce que la contreperformance des petites et moyennes capitalisations se corrige à moyen terme. « Une plus grande stabilité des politiques monétaires devrait avoir un impact favorable pour cette classe d’actifs ».

Disclaimer : Les opinions émises dans le document correspondent aux convictions des personnes interrogées. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE. Investir sur les marchés financiers comporte des risques et notamment un risque de perte en capital.