En 2023, les émissions globales de CO2 (issues des énergies fossiles et de l’exploitation des sols) sont revenues sur leur point haut de 2019 (pré-Covid) pour s’établir à 40,9 Gt. Si la tendance baissière de la dernière décennie se confirme en Europe et aux Etats-Unis, avec respectivement -7,4% et -3,0% en 2023, la trajectoire globale reste très préoccupante sous l’effet principalement de la Chine (+4,0% en 2023) et de l’Inde (+8,2% en 2023). Les scientifiques du Global Carbon Project nous rappellent que la planète dispose encore d’un budget carbone d’environ 275 Gt avant de s’installer durablement dans un réchauffement global supérieur à 1,5°C. Sans inversion de tendance, ce seuil de 1,5°C sera touché d’ici 2030. Après un bref rappel des conséquences attendues de ce scénario, nous reviendrons de façon détaillée sur l’analyse des risques et opportunités climatiques (sur la base du modèle Climate VaR de MSCI) du fonds ODDO BHF Green Planet.

VERS UNE MATÉRIALISATION DES RISQUES PHYSIQUES

En février 2024 le monde a connu pour la première fois depuis l’ère préindustrielle un réchauffement climatique de 1,5°C sur 12 mois glissants, conséquence directe du phénomène El Nino (augmentation des températures à la surface de l’océan Pacifique accentuant les courants chauds dans l’atmosphère) à l’œuvre depuis juin 2023. Ce dépassement ne sera que temporaire avec le retour de La Nina (phénomène inverse avec des températures anormalement basses à la surface des eaux pacifiques équatoriales) à l’été 2024, mais il s’agit néanmoins d’une alerte sérieuse qui devrait amener les grands pays à accélérer sur la voie de la transition plutôt que de tergiverser sur le degré d’urgence des mesures à prendre.

La hausse des températures mondiales perturbe les écosystèmes naturels (cycle de l’eau, montée et acidification des mers et océans, déforestation) avec pour conséquence l’augmentation en fréquence et en intensité d’un certain nombre de risques physiques. On distingue les risques chroniques (vagues de chaleur, de grand froid, vent, neige, précipitations) des risques sévères (cyclones tropicaux, inondations, asséchement des cours d’eau, feux de forêts). Rappelons que la matérialisation croissante de ces risques pèse aussi sur la capacité d’absorption des forêts et océans, principaux puits de carbone de la planète (ils absorbent respectivement 31% et 26% des émissions de CO2 chaque année), accélérant d’autant la vitesse de réchauffement.

D’après une étude conduite par l’Université du Delaware et publiée en novembre 2023 à l’ouverture de la COP 28, le changement climatique a entrainé en 2022 une perte économique de 1,8% du PIB mondial, soit environ 1 500 Md$.

ODDO BHF GREEN PLANET : MESURE DES RISQUES ET OPPORTUNITÉS LIÉS AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Notre fournisseur de données extra-financières, MSCI ESG Research, a lancé en 2020 une méthodologie d’analyse des risques climatiques appliquée à un portefeuille d’investissement (Climate VaR2). Cette dernière distingue les risques physiques des risques de transition, potentiellement compensés par les opportunités liées aux technologies d’atténuation pour aboutir à une VaR agrégée au niveau de chaque société couverte.

• Les risques physiques

L’analyse repose sur les trajectoires du GIEC à l’horizon 2100 (les « Representative Concentration Pathways » (RCP), représentant les trajectoires d’évolution de concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère) appliquées à la localisation géographique des actifs des entreprises (50 sites en moyenne par entreprise pour les 9 000 sociétés faisant l’objet de l’analyse Climate VaR). Cette analyse prend en compte à la fois l’exposition des sociétés à des pertes potentielles directes (dommages aux biens) et indirectes (interruptions d’activités contingentes).

En date du 29 avril 2024, la Value at Risk agrégée (VaR) des risques physiques du fonds ODDO BHF Green Planet dans un scénario de réchauffement de 1,5°C était de -6,6% de sa valeur d’actif contre -19,3% pour son indice de référence (MSCI ACWI). Il ressort de l’analyse que les principaux risques pour le fonds sont les vagues de chaleur, l’asséchement des cours d’eau et les inondations côtières..

Par rapport au MSCI ACWI, le fonds est significativement moins exposé sur l’ensemble des risques à l’exception de l’asséchement des cours d’eau, conséquence ​ de ​ la ​ surpondération ​ du ​ fonds ​ sur ​ le secteur des Utilities.

Les valeurs en portefeuille les plus contributrices aux risques physiques sont Honda (vagues de chaleur en Malaisie), SSE Plc (risque d’inondations côtières au Royaume-Uni) et Aurubis (risque d’inondations côtières aux Etats-Unis).

• Les risques de transition

L’analyse repose d’abord sur les coûts induits des règlementations visant à aligner le modèle d’affaire de chaque entreprise sur un scénario de réchauffement à 1,5°C (réduction des émissions de CO2 dans les processus de production, transition vers un approvisionnement énergétique décarboné, réduction de l’impact sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit …). Ces coûts peuvent être compensés dans certains cas par le développement de solutions technologiques contribuant positivement à la limitation du réchauffement climatique. A titre d’exemple, un groupe actif dans les énergies renouvelables bénéficiera dans le calcul de sa Value at risk des flux de revenus verts actualisés venant compenser un éventuel effet négatif sur les coûts règlementaires.

Au 29/04/2024, la Value at Risk agrégée (VaR) des risques de transition du fonds ODDO BHF Green Planet dans un scénario de réchauffement de 1,5°C était de +11,2% de sa valeur d’actif contre - 22,2% pour son indice de référence (MSCI ACWI). Le fonds bénéficie de sa forte exposition aux solutions vertes avec une VaR liée aux opportunités technologique de +30,2% contre seulement +8,5% pour l’indice de référence.

En investissant dans quatre sous-thèmes couvrant de façon exhaustive les secteurs d’activités et technologies contribuant de façon positive et significative à la transition écologique (énergies propres, efficacité énergétique, mobilité durable, préservation des ressources naturelles), le fonds ODDO BHF Green Planet démontre un profil de risques climatiques nettement plus vertueux que le marché de son ensemble.