
Si le contexte politique européen reste difficile, le marché américain continue de battre des records, et la tendance devrait rester favorable en juillet.
Avant de partir en vacances, les spécialistes de La Financière de l’Echiquier ont tenu un webinaire Au Cœur Des Marchés, animé comme d’habitude par Pierre Puybasset (Porte-Parole de la gestion) et David Kruk (Responsable du trading desk). Ils ont décortiqué l’actualité économique et financière du mois écoulé, et donné des pistes quant au positionnement des portefeuilles pour les prochains mois.
Croissance en questions
« Nous avons eu un mois de juin très intéressant, avec beaucoup de distorsions entre les différents marchés », souligne David Kruk , « avec une forte correction sur le CAC40 tandis que d’autres marchés (Hong Kong, Nasdaq) ont affiché des gains importants ». Il constate que si les bourses européennes ont été mises sous pression par les conséquences des élections européennes, les marchés américains ont continué de battre des records. « Cette tendance trouve son origine dans des chiffres d'inflation qui n’ont pas surpris défavorablement. Cette problématique reste toujours bien présente, mais dans la tête de nombreux investisseurs, c'est une situation en passe d'être résolue ».
Dans le même temps, David Kruk souligne que l’attention doit désormais se porter vers la croissance, avec un indice des surprises économiques qui est au plus bas depuis janvier 2023. La majorité des chiffres économiques est sortie en dessous des attentes, notamment sur le marché de l’immobilier ou celui de la consommation. Mike Wilson ( Morgan Stanley ) souligne d’ailleurs que l’activité économique est aujourd’hui un problème plus important pour les marchés que l’inflation ». Il constate également que plusieurs entreprises ( Nike , Walgreens Boots , etc) ont également annoncé des résultats décevants, causés par la faiblesse de la consommation américaine.
Concentration
Dans un contexte d’inflation américaine à nouveau sous contrôle et susceptible de tomber vers 2% en 2025, le scénario privilégié par David Kruk intègre deux baisses de taux pour le reste de l’année. « Et pour le moment, la faiblesse des chiffres économiques n’a pas été répercutée sur les cours. Les investisseurs savent que la Fed dispose d’une marge de manœuvre importante pour détendre sa politique monétaire si la situation venait à empirer ».
A court terme, il estime également que le plus gros risque sur le marché américain est l’éclatement de la bulle des grandes capitalisations, qui ont concentré les apports des investisseurs durant les dernières années. « Pour le moment, l’ultra-concentration des performances n’a pas été un problème, mais il faut constater que les valorisations sur ces titres commencent à être élevées ».
Tensions politiques
Du côté européen, le risque politique prévaut aujourd’hui sur les incertitudes quant à la croissance, et il a totalement occulté la première baisse du taux directeur de la Banque Centrale Européenne. « Les marchés n’ont pas mesuré la difficulté de la situation d’Emmanuel Macron lors de était devenue difficile ces derniers mois ; notamment celle de rassembler une majorité parlementaire pour gouverner ».
Pierre Puybasset fait un parallèle avec ce qui s'est passé lors des élections italiennes de 2018, qui avaient provoqué une augmentation du différentiel de taux vers 200 points de base (2%) avec la dette souveraine allemande, et une correction de 10% sur les actions. « En sortie de crise, les actions ont toutefois réagi beaucoup plus rapidement que les obligations souveraines, c’est donc probablement de ce côté-là qu’il faudra être plus audacieux ».
Si les élections françaises n’ont pas vraiment causé de contagion sur les marchés avoisinants, David Kruk pointe que d’autres échéances électorales devront être suivies de près durant les prochains mois, notamment dans les Landers allemands en septembre. « Il faut se rappeler que l'AFD allemand est un parti politique bien plus extrême que le Rassemblement National, et qu’il détient près de 30% des intentions de vote dans certains landers.»
Allocations d’actifs
« La majorité des pays déploieront une politique de gauche liée au pouvoir d'achat, avec des dépenses publiques qui risquent de rester conséquentes » constate David Kruk , « tandis que les entreprises ont généralement bien géré leur mur de dette grâce au refinancement avec des taux inférieurs. Nous nous sentons aujourd’hui plus à l'aise sur le crédit que sur les dettes gouvernementales ».
Pour les prochaines semaines, il souligne que l’actualité va rester chargée, avec notamment le début de la période de publication des résultats pour le deuxième trimestre, avec les résultats de NVidia en point d’orgue le 23 août prochain. « Après le débat entre Trump et Biden, de nombreux courtiers évoquent aujourd’hui une possible surprise au niveau de la nomination du candidat pour le parti démocrate durant le mois d’août ».
Les programmes de rachat d’actions ont été suspendus depuis le début du mois de juillet, soit un courant acheteur qui n’est plus là pour soutenir les cours. David Kruk constate toutefois que juillet est généralement un bon mois pour rester investi, avec 90% de bilans haussiers pour l’indice S&P500 durant la dernière décennie, et une progression moyenne de 3,16%. « Durant les prochaines semaines, le marché va probablement se focaliser sur les résultats du deuxième trimestre qui devraient être bons, avec une progression attendue de 9% pour le marché américain ».