
Par Francis Muyshondt
Pascal Riegis, gérant principal du fonds ODDO BHF Avenir Europe, créé il y a 24 ans, qui se concentre sur les entreprises européennes à moyenne capitalisation, estime qu'il y a beaucoup de valeur à trouver dans ce segment de marché aujourd'hui. Il s'intéresse particulièrement à un groupe restreint d'entreprises de taille moyenne qui disposent d'avantages concurrentiels et qui ont développé leurs activités à l'échelle mondiale. Et le fait que son fonds ait récemment sous-performé par rapport à la moyenne du marché pour diverses raisons, notamment la surpondération des actions françaises, crée selon lui des opportunités aujourd'hui.

Large choix
Ces dernières années, les grandes capitalisations ont surpassé les moyennes capitalisations parce que la forte concentration de quelques très grandes valeurs a faussé la moyenne du marché. Tout le monde connaît les "Magnificent Seven" aux États-Unis et les grands thèmes et noms à succès en Europe tels que, par exemple, Novo Nordisk , ASML , le secteur du luxe et la révolution électrique avec Schneider en France, qui ont pratiquement représenté tous les gains des marchés boursiers et des grandes capitalisations", illustre M. Riegis. Il souligne toutefois que, sur le long terme, les sociétés à moyenne capitalisation affichent des performances supérieures à celles des grandes sociétés. Et pourquoi ? en Europe, il n'y a que 100 à 150 grandes capitalisations, mais il y a plus de 2 500 moyennes capitalisations : en d'autres termes, il y a plus de choix et il est plus facile d'identifier les valeurs qui se comporteront bien à long terme. Dans cet univers de valeurs moyennes, il y a entre 300 et 350 entreprises qui répondent à nos critères".
Nous appliquons la même stratégie avec notre fonds depuis 2003, en recherchant dans l'univers indiqué précédemment des entreprises qui ont un avantage concurrentiel et qui réalisent en moyenne deux tiers de leur chiffre d'affaires en dehors de l'Europe. Il doit donc s'agir d'entreprises à vocation internationale qui, d'une part, ont la capacité d'autofinancer leur croissance et de ne pas financer des acquisitions par l'émission de leurs propres actions et, d'autre part, génèrent un flux de trésorerie disponible élevé ou, en d'autres termes, de la richesse. Certaines d'entre elles réalisent même des rendements à deux chiffres sur les flux de trésorerie disponibles, année après année".
Pascal Riegis précise également que les valeurs moyennes qui l'intéressent doivent avoir un faible taux d'endettement, être à la fois facilement négociables sur le marché et exceller notamment en termes de gouvernance. En moyenne, les entreprises de notre portefeuille ont un ratio d'endettement de 19 %, contre 46 % pour l'indice général. Elles ont également une capitalisation moyenne de 8 milliards d'euros, ce qui leur confère une grande liquidité" En outre, pour le gestionnaire, il importe peu que les entreprises européennes de taille moyenne opèrent sur des marchés en croissance ou matures, tant qu'elles sont en croissance et répondent aux critères du fonds.
La philosophie d'investissement en pratique
Le manager illustre sa philosophie en s'appuyant sur l'industrie du transport aérien, qui connaît assurément une croissance solide grâce à la démocratisation des voyages. Nous n'avons jamais investi dans les compagnies aériennes auparavant parce qu'il en existe des centaines dans le monde, qu'il n'y a pas de barrières à l'entrée et que la concurrence est féroce. À plus long terme, peu d'entreprises affichent donc de bonnes performances. En revanche, les entreprises qui construisent des avions ou des pièces telles que des moteurs se comptent sur les doigts d'une main. La société française Safran est l'une d'entre elles. Et bien qu'il s'agisse de valeurs cycliques, elles atteignent toujours des sommets de prix plus élevés après une reprise économique parce qu'elles créent de la valeur ajoutée. Ce sont précisément ces actions que nous recherchons.
Finalement, la philosophie d'investissement a abouti à un nombre limité de noms. les personnes qui investissent dans notre portefeuille doivent comprendre qu'elles investissent dans un portefeuille relativement concentré. Les dix premières positions représentent 46 % du portefeuille total et les trois premières un peu moins de 17 %", explique Pascal Riegis. Sortie. Biomérieux, leader mondial en microbiologie et en détection des maladies infectieuses, détient le poids le plus important du portefeuille avec 5,83%. Le groupe français va bientôt lancer un nouveau test qui donnera un résultat après seulement 15 minutes, ce qui devrait donner un coup de fouet au titre, selon le gérant.
La société finlandaise Metso Outotec , qui représente 5,5 %, est le plus grand producteur d'équipements pour l'industrie minière, principalement pour séparer les minerais. Elle propose également des solutions durables pour nettoyer et purifier les déchets miniers, y compris les eaux polluées. Étant donné que l'industrie minière, même sans tenir compte du secteur pétrolier, est responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le groupe peut jouer un rôle important pour rendre le secteur plus durable, en particulier maintenant que l'eau douce n'est plus autorisée dans les nouvelles mines. En outre, Metso Outotec tire pleinement parti de la percée du formatage modulaire des solutions minières, qui permettra de réaliser davantage d'économies d'échelle" Riegis note qu' Icon Plc (5,03%) complète le trio de tête. Il s'agit d'un groupe irlandais spécialisé dans les essais cliniques pour l'industrie pharmaceutique. En intégrant l'IA, l'entreprise s'assure que ces essais cliniques peuvent être mis en œuvre plus rapidement.
En outre, il existe plusieurs secteurs que Riegis et son fonds ignorent, même s'ils peuvent être performants à certains moments, en raison de la baisse des taux d'intérêt ou de la spéculation, par exemple. Nous n'investissons pas dans des sociétés opérant uniquement sur leur marché national et ne détenons pas de titres financiers, immobiliers, de télécommunications, de services publics, d'entreprises de construction et de distributeurs. Il s'agit d'activités que l'on peut trouver séparément dans chaque pays. Et lorsque ces entreprises veulent se développer dans d'autres pays, elles procèdent généralement à des acquisitions (coûteuses). Il est également difficile, notamment en raison des différences de législation, d'apporter une valeur ajoutée dans un autre pays. « Les entreprises du secteur de l'énergie ne figurent pas non plus dans son portefeuille. Si vous investissez dans l'énergie, vous prenez une position macroéconomique ou géopolitique. Et nous voulons éviter cela à tout prix. »