
Par Frédéric Lejoint.
L’élection de Trump ne devrait pas pousser les investisseurs à modifier leurs allocations.
Le webinaire mensuel récemment animé par Christopher Dembik (Conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management) est revenu sur la récente élection de Donald Trump à la présidence américaine, et aux conséquences qu’il faut en attendre sur les performances des grandes classes d’actifs.
Feuille de route
« Il faut aujourd’hui avoir la volonté d’essayer de démêler le vrai du faux, et ne pas exagérer l’effet du politique sur les marchés financiers, notamment celle d’un taux à 10 ans qui remonterait durablement au-dessus de 5% aux Etats-Unis. Selon nous, c’est quand même peu probable, parce qu'il faut faire se rendre compte que la politique menée par Donald Trump ne va pas nécessairement être inflationniste ». Il constate tout d’abord que la politique budgétaire ne sera pas nécessairement plus inflationniste que celle qui aurait été menée par Kamala Harris . « D’autre part, si les tarifs douaniers vont probablement être mis en place, ils vont également avoir des impacts négatifs sur la consommation des ménages et sur les dépenses d’investissement ».
« Finalement même si Trump commence à gouverner par décret dès la fin janvier 2025, l'impact des mesures éventuelles ne se percevra plutôt qu'en fin d'année, tandis que les dépenses d’investissements décidées sous Joe Biden vont continuer de soutenir l'économie pendant une grande partie de l'année 2025 ». A court terme, il estime donc qu’il n’y a aucune raison pour que la feuille de route de la Réserve Fédérale en soit profondément modifiée, avec des baisses de taux qui vont se poursuivre pour atteindre un taux terminal vers le milieu de l’année prochaine.
Coût de l’énergie
De même, il estime que le contexte de l’élection constitue une opportunité pour les valeurs de la transition énergétique et des énergies renouvelables, dont les valorisations ont été mises sous pression depuis l’annonce du second mandat de Donald Trump. « Il s’agit d’une réaction épidermique qui joue sur une lecture simpliste partant du postulat que cette élection est automatiquement un facteur négatif pour les énergies renouvelables ».
Il souligne que de nombreux grands états républicains vont ainsi être peu enclins à réduire leurs investissements dans ce domaine, car le coût des énergies renouvelables est tombé sous le coût de l’énergie produite par des sources fossiles. « En outre, ces états ont investi beaucoup d’argent dans cette transition, et ont créés beaucoup d’emplois. Enfin, les grandes valeurs technologiques spécialisées dans l’IA sont en première ligne pour déployer des sources d’énergie propre. Pour faire tourner les centres de données de manière économiquement efficace, l’utilisation d’énergie renouvelable est aujourd’hui obligatoire ».
Croissance de long terme
Christopher Dembik souligne donc que cette élection n’a pas fondamentalement modifié son attente d’une poursuite de la domination boursière des actions américaines, et plus particulièrement des grandes capitalisations. « Les dernières données économiques n’ont fait que confirmer l’exception économique américaine, qui bénéficie d’une augmentation rapide de sa productivité avec une croissance attendue autour de 2,7% pour 2024 ».
Het zou ook in 2025 boven zijn langetermijntrend moeten blijven, met een verwachting van 1,9%, waardoor de Verenigde Staten een van de weinige ontwikkelde economieën zijn die zich in deze situatie bevinden. "Er zijn geen tekenen van een vertraging in de consumptie van huishoudens in de VS. Structureel zal de Amerikaanse economie het beter blijven doen dan de rest van de wereld en internationale kapitaalstromen blijven aantrekken".
Elle devrait également rester au-dessus de sa tendance de long terme en 2025 avec une attente de 1,9%, ce qui fait des Etats-Unis une des rares économies développées qui est dans cette situation. « Il n’y a aucun signe d’un ralentissement de la consommation des ménages américains. Structurellement, l’économie américaine va continuer de surperformer le reste du monde et d’attirer les flux de capitaux internationaux ».
« Structurellement, les rachats d'actions vont également rester des éléments de soutien importants pour la bourse américaine, avec des montants qui sont en forte hausse par rapport à l’année dernière, et nous devrions dépasser 1200 milliards de dollars pour 2024. C’est un élément crucial pour soutenir la dynamique actuelle, et ils sont plus particulièrement menés par les grandes valeurs technologiques ».
Concentration
Christopher Dembik souligne que les entreprises américaines arrivent à générer des marges élevées et des flux de trésorerie importants, « de sorte que les niveaux de valorisation actuels sur l’indice S&P500 n’indiquent pas que nous soyons actuellement dans une situation particulièrement inquiétante. Cette croissance bénéficiaire devrait d’ailleurs rester soutenue l’année prochaine, notamment grâce aux bas prix de l’énergie, grâce à une consommation qui va rester dynamique, et grâce à un secteur manufacturier qui pourrait être mieux orienté ».
Le principal scénario d’inquiétude qu’il soulève à l’heure actuelle est la forte concentration qui est à un niveau record sur le dernier siècle, notamment sur la thématique de l’intelligence artificielle. « Ceci pourrait constituer un facteur de fragilité durant les prochains mois, et nous pousse aujourd’hui à diversifier notre exposition, notamment vers les valeurs liées à la transition énergétique ».
Il souligne également que la correction observée sur l’or est logique au vu du rally important qui s’était produit avant l’élection de Donald Trump, mais que les fondamentaux susceptible de soutenir le métal jaune restent encore bien en place. « L'or restera intéressant dans un contexte où on anticipe un peu plus de volatilité durant les prochains mois, que ce soit en raison des incertitudes concernant le plan de relance en Chine ou d’événements géopolitiques qui pourraient survenir lors de la période de transition avant la prise de pouvoir de Donald Trump en janvier 2025 ». Il cite notamment le risque d’une manœuvre russe pour provoquer l’OTAN sur le corridor de Suwalki qui relie l’oblast de Kaliningrad (Russie) à la Biélorussie, ou les frictions potentielles entre Israël et l'Iran.