Les robots sont parmi nous, et constituent une solution de long terme aux défis posés par nos sociétés vieillissantes.

Par Frédéric Lejoint.

Pictet – Robotics est une des plus anciennes stratégies de placement exposée sur la thématique de la robotique, avec une création qui remonte à octobre 2015. Elle est devenue au fil des années une des plus importantes stratégies du gestionnaire suisse, notamment grâce à une performance annualisée qui a dépassé 15% durant les cinq dernières années. Si cette stratégie a encaissé une lourde correction lors de l’exercice 2022 (-32%), elle n’a mis qu’un an avant de digérer cette contre-performance, et affiche une progression supérieure à 20% depuis le début de l’année.

Robots industriels

Pour Anjali Bastianpillai (senior client portfolio manager de Pictet - Robotics), les fondamentaux qui soutiennent cette stratégie restent largement intacts à l’heure actuelle. « Dans les pays les plus développés (comme la Suisse ou la Corée du Sud), la densité de robots est déjà extrêmement élevée. En revanche, un pays comme la Chine reste encore loin derrière les pays les plus avancés alors que le coût du travail a été multiplié par quatre durant les dix dernières années », constate Anjali Bastianpillai . « Pour rester compétitif et efficient dans un contexte de vieillissement de la population active, il n'y a pas beaucoup d'autres choix que d'automatiser les lignes de production ».

A côté de ce phénomène, il y a également la tendance au rapatriement des chaînes de production depuis la pandémie de coronavirus, qui a entraîné la construction de nouvelles usines en Europe et aux Etats-Unis, afin d’être plus autonome d’un point de vue économique et politique par rapport à la Chine. « Déplacer une ligne de production de la Chine vers l’Europe n’est toutefois possible d’un point de vue économique que si ces usines sont automatisées et reposent très fortement sur des robots pour fonctionner ».

Croissance logicielle

A côté de la partie industrielle, Anjali Bastianpillai pointe également le processus de démocratisation dans l'utilisation des applications d’intelligence artificielle. « Au niveau des entreprises qui utilisent des logiciels sophistiqués, l’arrivée des solutions d’IA va permettre à un plus grand nombre de personnes de pouvoir utiliser ces logiciels. La base d'utilisateurs va augmenter exponentiellement, ce qui constitue un moteur de croissance gigantesque ».

Elle pointe ici un leader mondial dans le monde de la simulation dont les solutions sont utilisées dans la création de nouveaux produits. « Si vous voulez par exemple tester un nouveau modèle de voiture, il est possible de créer une copie digitale qui va rouler à 150 kilomètre/heure par une température de -40 degrés afin de voir de quelle manière les différents matériaux utilisés vont souffrir. Sur cette base, vous pourrez obtenir un premier prototype qui sera déjà pratiquement un produit fini. Il s’agit d’un gain gigantesque pour toutes les sociétés qui utilisent ces solutions ».

Toujours plus de semis

Enfin, Anjali Bastianpillai estime que le segment des semi-conducteurs constitue également une voie de forte croissance pour la stratégie durant les prochaines années. « Les gouvernements se sont fortement engagés ces dernières années pour investir dans ce domaine. Nous sommes investis sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement liée à la production de semi-conducteurs, de la conception jusqu’aux équipements utilisés dans leur production. Et il est évidemment impossible de parler de semi-conducteurs sans parler de l'intelligence artificielle qui est aujourd’hui la source de la plus grande demande de semi-conducteurs au niveau mondial ».

Dans ce domaine, c’est Infineon qui est mis en évidence en raison de sa position de leader mondial dans la production de puces utilisées dans les voitures. « Les voitures modernes utilisent un nombre de semi-conducteurs beaucoup plus élevé qu’il y a dix ans, avec senseurs qui permettent aujourd’hui aux conducteurs de se garer plus facilement, d’éviter les collisions, ou de prévenir un danger que le conducteur n’a pas vu. La demande pour ce type de technologie va rester forte durant les prochaines années ».

Stratégie concentrée

Pictet – Robotics vise une exposition sur la thématique de l’automatisation au sens large, des applications domestiques aux robots industriels en passant par les producteurs de semi-conducteurs qui sont au cœur des applications, ou encore les groupes spécialisés dans le développement des intelligences artificielles.

« Nous investissons sur trois segments principaux et neuf sous-segments », souligne Anjali Bastianpillai. « Le segment Enabling Technologies reprend toutes les entreprises qui permettent de faire fonctionner cette technologie, comme par exemple les producteurs de semi-conducteurs. Le segment Automatisation est le plus important du portefeuille, avec les robots industriels ou les spécialistes du software qui permettent de modéliser des nouvelles usines efficientes. Enfin, le segment Consumer reprend les applications grand public ou les technologies médicales ».

Le portefeuille est exposé sur une quarantaine de lignes individuelles, les dix premières pesant pratiquement la moitié des encours sous gestion. Même si Alphabet , Salesforce et le groupe taïwanais TSMC restent les trois principales positions (avec environ 6% des encours chacune), le portefeuille est très largement exposé sur le marché américain (environ 2/3 des actifs sous gestion), avec des noms tels qu’AMD, LAM Research, KLA Corp, Workday ou NVidia parmi le TOP10. De son côté, l’Europe est représentée par un grand champion : Infineon .