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Electrifiez l'Europe
Calendar25 Nov 2024
Thème: ESG
Maison de fonds: AXA

Une stratégie de croissance appropriée de l'UE pourrait mieux faire face à une administration américaine protectionniste qu'en s'engageant dans des mesures de rétorsion. La « croissance verte » - par exemple via l'électrification - serait dans l'intérêt économique de l'UE étant donné l'ampleur des transferts de revenus vers le reste du monde que les importations de combustibles fossiles de l'Europe entraînent, estime Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist et Head of AXA IM Research.

La nomination de Scott Bessent - généralement considéré comme un pragmatique - au Trésor, après celle, plus radicale, d'Howard Lutnick au ministère du commerce, laisse penser que Donald Trump n'a peut-être pas fait un choix difficile quant à l'ampleur de la pression qu'il souhaite exercer sur les droits de douane. Nous examinons les récents commentaires de M. Bessent. Comme beaucoup d'économistes américains, y compris les plus connus, son principal point de désaccord avec l'Europe est l'absence de demande dans cette région, qui limite la capacité à construire une relation commerciale mutuellement bénéfique. L'élaboration d'une stratégie de croissance appropriée dans l'UE ne protégerait pas nécessairement l'Europe contre les tentations protectionnistes des États-Unis, mais elle pourrait s'avérer plus fructueuse, à terme, que la simple adoption de mesures de rétorsion, même si elles sont soigneusement ciblées. Les données empiriques recueillies aux États-Unis au moment de la première guerre commerciale avec la Chine suggèrent que même lorsque les pertes économiques dues aux représailles chinoises étaient tangibles au niveau local, cela n'a pas modifié la dynamique politique en faveur des politiques protectionnistes.

La transition énergétique pourrait être un domaine clé de cette stratégie de croissance de l'UE. Cela peut paraître surprenant compte tenu de la morosité actuelle sur l'atténuation du changement climatique. Mais nous pensons qu'il est utile de rappeler que la décarbonisation est dans l'intérêt économique de l'Europe si l'on considère les transferts massifs de revenus vers le reste du monde provenant des importations nettes de combustibles fossiles - notamment vers les États-Unis - et le coût à long terme pour les investissements de la volatilité qu'ils impliquent. De nouveaux progrès en matière d'électrification permettraient à l'Europe de réduire sa facture de combustibles fossiles. Cela s'accompagnerait d'un effort d'investissement considérable, mais plutôt que de le considérer comme un simple coût, nous devrions le mettre en balance avec les avantages économiques tangibles.

Pour l'instant, la politique en France et en Allemagne n'est pas propice à un tel bouleversement institutionnel. En attendant, la BCE continuera à jouer un rôle crucial dans les perspectives européennes. Nous examinons les dernières données qui appellent, une fois de plus, à une levée rapide des restrictions politiques.