Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM, commente l’évolution des marchés actions en Europe en novembre et les perspectives pour les semaines à venir.
Les marchés européens clôturent le mois de novembre quasiment inchangés. Sans conteste, la large victoire de Trump à l’élection présidentielle américaine avec le gain de la chambre et du Sénat, a été le fait majeur sur la période. Ce résultat lui donne a priori une large marge de manœuvre pour appliquer son programme, suscitant dès lors l’inquiétude des investisseurs européens sur les répercussions tant en terme économique au travers de la future politique tarifaire, que géopolitique avec l’arrêt probable du soutien à l’Ukraine. En parallèle, plusieurs banques centrales, dont la Fed et la BoE, ont poursuivi leurs cycles de baisse des taux, alors que les messages en provenance de la BCE ont laissé entrevoir de nouvelles baisses de taux en 2025 afin de soutenir une économie européenne montrant des signes de faiblesse. Sur le plan géopolitique, l’autorisation donnée à l’Ukraine par Washington d’utiliser des missiles de longue portée américains, à laquelle Poutine a répondu en élargissant les possibilités de recours à l'arme nucléaire, a participé à la volatilité sur les marchés. En France, la possibilité du vote d’une motion de censure en cas de recours par le gouvernement à l’article 49.3 a pesé sur la performance des marchés européens et a porté le 10 ans français au-dessus de celui de la Grèce, reflétant la forte probabilité d'une dissolution.
Sur le mois, le DJ Eurostoxx dividendes réinvestis est stable à +0,03 %. Le secteur technologique a rebondi après la forte baisse du mois précédent tandis que le secteur des services de communication a poursuivi sur sa lancée des dernières semaines. A l’inverse, les secteurs des matériaux, de la consommation durable et discrétionnaire, et de la santé ont clôturé le mois en territoire négatif.
Les investisseurs pourraient faire preuve d’un certain attentisme en cette fin d’année. Les situations politiques compliquées en France et en Allemagne, ainsi que l’arrivée prochaine d’une nouvelle administration à la maison blanche dont la teneur exacte du programme économique reste à préciser, n’offrent pas beaucoup de visibilité à court terme. Dans ce contexte, les banques centrales devraient également faire preuve de prudence avant d’ajuster leur politique de taux. Les valorisations attractives et l’excès de pessimisme sur l’Europe ayant entraîné une réallocation des flux vers les Etats-Unis pourraient cependant constituer des éléments de soutien. Par ailleurs, les prochaines élections allemandes pourraient enfin permettre l’abandon de la règle du 0 déficit, laissant ainsi la possibilité d’un plan de relance. Aussi, faisant abstraction de la volatilité, nous conservons une vue constructive pour les marchés européens en 2025, fondée sur une légère progression des bénéfices, une poursuite des rachats d’actions, un dividende de près de 4 % et une légère expansion du multiple de valorisation permise par une baisse des taux de la banque centrale.
Dans ces conditions, il nous apparaît toujours opportun de maintenir une bonne diversification au sein du portefeuille. Nous restons fidèles à notre stratégie d'investissement en nous concentrant sur des sociétés combinant une capacité à ajuster les prix, ayant de la visibilité et/ou des perspectives de croissance par l’exposition à des thématiques de long terme, ainsi qu’une structure financière solide.