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Poudre sèche : Prêt à faire feu ou à s'empoussiérer ?
Calendar09 Dec 2024
Thème: Macro
Maison de fonds: AXA

Par Gilles Moëc, AXA Group Chief Economist et Head of AXA IM Research

  • Nous ne sommes pas à l'aise avec la notion de « garder la poudre sèche » que les faucons de la BCE mettent en avant
  • Paris semble relativement bien gérer l'instabilité à court terme
  • Le marché de l'emploi américain reste résilient. Le FOMC pourrait trouver de nombreuses raisons de ne pas réduire ses taux en décembre.

    Une réduction de 25 points de base par la BCE est largement attendue ce jeudi, mais l'accent est mis sur la mesure dans laquelle la banque centrale acceptera de passer d'une pure « dépendance aux données » à une certaine orientation prospective, ancrant une descente régulière des taux directeurs vers la neutralité, voire en dessous. Nous pensons que la déclaration de la BCE fera explicitement référence à un processus de « suppression des restrictions » sur la base d'une révision à la baisse des prévisions de croissance et d'inflation, mais sans élaborer trop précisément sur la vitesse et l'ampleur d'un tel processus et en maintenant, comme toujours, la conditionnalité.

    Les faucons de la BCE semblent désormais accepter la nécessité de réduire les taux d'intérêt, mais ils appellent à « garder un peu de poudre sèche » pour faire face aux chocs futurs et contestent la distance entre le niveau actuel des taux directeurs et un niveau neutre. La notion de « poudre sèche » nous met mal à l'aise. Elle envoie le signal que la banque centrale pourrait « manquer de poudre » à l'avenir, alors qu'une partie de son pouvoir réside dans la croyance du marché en sa capacité à trouver en permanence des moyens de soutenir l'économie et de lutter contre les risques de déflation. Nous ne pensons pas que la BCE devra bientôt recourir à une politique non conventionnelle, mais étant donné le niveau d'instabilité politique interne et externe auquel la zone euro est actuellement confrontée, la banque centrale apparaît comme une rare source de réconfort. Ce n'est pas le moment d'envoyer le signal que certaines armes de l'arsenal resteront sous clé. Bien sûr, le Conseil des gouverneurs ne sait pas encore dans quelle mesure l'administration Trump mettra à exécution ses menaces de guerre commerciale, ni comment le système politique en France et en Allemagne se réorganisera. Mais l'incertitude a un coût économique immédiat, qui pourrait peser davantage sur les projets d'achat des consommateurs et l'investissement des entreprises.

    Nous passons en revue les derniers développements politiques à Paris. Le pays se dirige vers une « loi spéciale » qui garantira la continuité du budget. Certains signes indiquent que des arrangements autour d'un « gouvernement minimal » pourraient être trouvés, mais il va de soi que la trajectoire sous-jacente des finances publiques reste menacée. Nous examinerons également le rapport sur l'emploi de novembre aux États-Unis. Nous devons encore attendre les chiffres de l'inflation, mais bien qu'il ne s'agisse pas de notre référence, il devient de moins en moins difficile pour le FOMC de décider qu'une pause dans la « suppression des restrictions » est justifiée en décembre.