Navbar logo new
« Il faut s’attendre à une correction »
Calendar16 Jan 2025
Thème: Investir
Maison de fonds: Pictet

Door Frédéric Lejoint.


Pour Christopher Dembik, 2025 est dans la continuité de 2024 en termes d’allocation d’actifs. S’il estime probable une correction de 15 à 20% sur les actions américaines, il pointe qu’elle offrira surtout des points d’entrée pour les investisseurs.



Dembik christopher 2 1280x1280

Christopher Dembik (Conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management) a tenu son webinaire mensuel de rentrée, qui s’est essentiellement penché sur le cas des classes d’actifs à privilégier pour commencer l’année 2025. « Un élément central de l’année écoulée a été la concentration de la performance et des flux financiers, qui se sont massivement dirigés vers les sept plus grosses capitalisations américaines. Mais ce constat n’est pas seulement limité à la bourse américaine ». Il constate ainsi que la performance de l’indice DAX a été très fortement liée à celle de SAP durant l’année écoulée.


Pas de crise


Pour les prochains mois, il souligne tout d’abord que l’activité des banques centrales va constituer un facteur de soutien, avec des baisses de taux qui devraient concerner tant les pays développés que les émergents. « La BCE devrait continuer à détendre son taux directeur pour atteindre un niveau neutre de 2% pour le mois de juin ». Pour la Réserve Fédérale américaine, il estime également que la détente monétaire va se poursuivre, en dépit des craintes du marché quant à une accélération de l’inflation au début de la deuxième présidence Trump. « Il faut faire la distinction entre le programme de Donald Trump et ce qui sera mis en application. Dans l’état actuel des choses, il ne faut pas s’attendre à un retour durable des pressions inflationnistes aux Etats-Unis ».


« Le marché s'interroge actuellement sur la capacité de la Fed de baisser simplement à deux reprises ses taux, soit en tout 50 points de base en 2025. Selon nous, ce mouvement de baisse sera beaucoup plus important, au minimum de 100 points de base sur l’ensemble de 2025. Nous anticipons toutefois plus de volatilité sur le marché obligataire car la politique monétaire va être moins lisible qu’en 2024. Dans l’ensemble, la baisse du taux directeur américain sera de nature à accentuer les sorties de capitaux des fonds monétaires vers les actions américaines », indique encore Christopher Dembik.


Décrochage européen


L’année 2025 devrait également être marquée par une poursuite du décrochage économique entre l’Europe et les Etats-Unis, avec une devise américaine qui va rester forte face à l’euro. « Le décrochage européen est boursier, mais il se reflète également en termes de PIB par habitant, un mouvement qui a été accentué après la crise financière mondiale. L’économie américaine reste en mesure de créer de la richesse pour ses habitants, avec également depuis quelques années des gains de productivité ».


« Nous avons aujourd’hui un affrontement de plus en plus marqué entre des grands blocs économiques, et il faut interpréter en ce sens l’impérialisme des Etats-Unis face au Canada ou au Groenland, ou tout du moins la mise en place d’une zone d’influence économique et stratégique, et 2025 pourrait constituer un point de bascule à cet égard ».


Vigueur technologique


Pour l’année 2025, Christopher Dembik estime inévitable qu’une correction de 15 à 20% se produise sur les marchés boursiers, en raison d’une valorisation qui a atteint des niveaux qui incitent à plus de prudence. « Elle pourrait par exemple provenir de la hausse du taux américain à 10 ans au-delà de 5%, ou encore de résultats décevants pour NVidia. Ceci ne nous empêche pas de rester optimiste sur le marché américain, et une correction devrait surtout offrir des points d’entrée intéressants pour les investisseurs. Les actions américaines devraient être en mesure de digérer rapidement une éventuelle correction en raison d’une économie qui reste incroyablement résiliente, quelle que soit la couleur du président en exercice et quels que soit les événements qui se produisent dans l’économie ».


Il pointe également le niveau élevé des flux de trésorerie parmi les grandes entreprises américaines, qui leur permet de soutenir les rachats d’actions propres. « Ils vont rester un élément structurel derrière la bonne santé des indices boursiers américains. Un groupe comme NVidia a multiplié ses flux de trésorerie par 15 en l’espace de deux ans, et ils devraient totaliser 200 milliards de dollars durant les deux prochaines années, soit autant que la capitalisation boursière de son plus proche concurrent (AMD). C’est impressionnant ». Et dans l’ensemble, il se montre confiant quant à la capacité du secteur technologique américain de continuer à surperformer le reste du marché en 2025.


Energie verte


Il constate également que la révolution de l’IA est nécessairement liée à la mise en place d’une infrastructure de production d’énergie à bas coût, et donc de capacités importantes en termes d’énergie solaire et éolienne qui affichent les plus bas coûts de production à l’heure actuelle aux Etats-Unis. « Les grandes valeurs technologiques investissent très massivement pour augmenter leur capacité de production d'énergies propres et renouvelables, et le principal investisseur privé au monde dans ce domaine-là est d’ailleurs Amazon ».


« Et pour refroidir les centres de données, vous avez également besoin d’eau, et donc d’infrastructures hydrauliques. L'eau est une denrée qui devient de plus en plus rare et qui est essentiel pour le développement de l’intelligence artificielle. Donc les énergies renouvelables et les infrastructures hydrauliques sont deux convictions fortes liées au développement de l’IA que nous avons identifiées pour 2025 ».


Parmi les autres idées mises en avant pour l’année en cours, il pointe la dette émergente en dollar qui devrait profiter de la vigueur attendue de la devise américaine. « Vous avez aujourd’hui un différentiel de rendement important, alors que les fondamentaux de ces pays restent très solides ». Et Christopher Dembik souligne qu’il faut continuer garder l’or dans les allocations, avec une offre qui reste limitée tandis que les banques centrales ont fortement augmenté leurs achats durant les dernières années.