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Perspectives de M&G pour 2020
Calendar16 Dec 2019
Thème: Macro
Maison de fonds: M&G Investments

Après une nouvelle année agitée sur les marchés financiers en 2019, quels sont les défis et les opportunités que 2020 pourrait apporter ? Jim Leaviss, Tristan Hanson, Randeep Somel et Claudia Calich, gérants des fonds M&G, évoquent ces questions.

Europe : des attentes plus modestes

Tristan Hanson, gérant diversifié : "Le marché est devenu beaucoup plus optimiste au cours des derniers mois. Je pense toujours qu'il existe des domaines offrant de la valeur : les valeurs cycliques et les banques sont des segments de marché pour lesquels il persiste un profond pessimisme, en particulier le secteur bancaire. Si les banques centrales maintiennent les taux bas, ou les réduisent encore davantage, alors cela constitue un vent contraire pour les banques commerciales. Vous ne pouvez pas y échapper. Mais les banques offrent un rendement des dividendes de l'ordre de 6 %, et elles sont mieux capitalisées que dans le passé. Alors je dirais que c'est un domaine qui pourrait clairement bénéficier de tout redressement cyclique inattendu.

Mais plus largement, ce qu'il s'est passé cette année sur les marchés mondiaux représentent un défi pour les performances futures. En effet, les investisseurs ont anticipé en 2019 ces performances futures, tant sur le marché obligataire et que sur celui des actions. Les actions européennes ont ainsi progressé d’environ 20 % cette année alors que les bénéfices ont déçu, de sorte que l'argument de la valorisation s’est plutôt affaibli que renforcé pour les actifs européens. Les attentes du consensus ont surpris à la baisse sur les 18 derniers mois, et les investisseurs tablent désormais sur un ralentissement significatif. Donc, comme il y a eu des mesures de relance, le pessimisme des investisseurs pourrait contribuer à créer une surprise positive. Cependant, je crois que nous avons besoin d’anticipations moins ambitieuses à l'avenir. »

Guerre commerciale américano-chinoise : année médiocre pour la croissance

Jimleaviss
Jim Leaviss

Jim Leaviss, Responsable de la gestion obligataire Wholesale : " Le président américain Donald Trump essaie-t-il d'obtenir un accord commercial avec la Chine qui s’appliquerait assez rapidement l’année prochaine ? Le but serait alors de générer une certaine croissance économique au bénéfice des personnes qui feront la différence entre un deuxième mandat ou pas. Ou envenime-t-il la guerre commerciale ? Il existe donc quelques risques en ce moment.

Cependant, je n’anticipe pas de risques significatifs, ni à la baisse, ni à la hausse. Je sous-pondère actuellement les obligations d’entreprises car je trouve les valorisations du crédit exagérées. Et je suis légèrement sous-pondéré en duration car je pense que les valorisations des taux d'intérêt ne sont pas très attractives. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de relance budgétaire au cours de la prochaine année. En bref, une année médiocre pour la croissance un peu partout, mais certaines des statistiques économiques récentes montrent que nous pourrions avoir passé le pire."

Actions : Les Etats-Unis en tête

Randeepsomel
Randeep Somel
Randeep Somel, Gérant actions : "Les entreprises américaines sont toujours très rentables par rapport à n'importe quelle autre région du monde. Elles possèdent un réel leadership, en particulier les sociétés technologiques. Et elles ont fait l'acquisition d’autres sociétés grâce à leurs cours de bourse élevés par rapport à d'autres pays qui ont vu leurs marchés actions baisser."

Obligations : baisse des taux d'intérêt

Tristan Hanson, gérant diversifié : "Vous pouvez acheter une obligation allemande à rendement négatif et que cela s’avère un meilleur choix que de laisser vos liquidités dans une banque européenne. C’est le cas si le taux de dépôt est encore plus négatif. Selon moi, il s’agit de la question essentielle pour les marchés financiers cette année. Quand les banques centrales baissent toujours plus les taux d’intérêt, les investisseurs révisent à la baisse leur rendement d'équilibre, tant pour la trésorerie que pour le marché obligataire, ce qui conduit à une réévaluation des autres actifs.
Tristanhanson
Tristan Hanson
En conséquence, cela signifie que le rendement exigé sur tous les autres actifs chute, sinon cela impliquerait une prime de risque en augmentation. C'est pourquoi nous avons assisté à une progression corrélée des prix des actifs à l'échelle mondiale. S’agissant des marchés d’actions, les bénéfices n'ont pourtant pas vraiment augmenté cette année et la croissance du PIB est restée modeste."

Marchés émergents : des rendements obligataires toujours positifs

Claudiacalich
Claudia Calich
Claudia Calich, gérante obligataire : "La dette des marchés émergents est l’un des rares domaines offrant encore des rendements positifs. Cependant, le concept de rendements réels très faibles à l'échelle mondiale commence aussi à se propager dans certains de ces pays.

L'Argentine, l'Équateur et le Liban sont tombés dans la crise économique cette année. Je dirais que ces trois crises sont attribuables à des erreurs politiques, mais dans certains cas, cela est dû à une accumulation d’errements pendant de nombreuses années. Toutefois, la contagion provenant d'Argentine, d'Équateur et du Liban a été relativement modeste, et les performances ont été finalement assez bonnes. Les marchés émergents constituent une classe d'actifs beaucoup plus vaste aujourd’hui qu’il y a 15 ou 20 ans. Donc à moins d’être massivement surpondéré sur ces trois pays, vous aurez pu obtenir une performance positive.

Un certain nombre de pays émergents dépendent fortement du pétrole et de matières premières carbonés, comme la Russie, l'Indonésie et l'Arabie saoudite. C'est peut-être un risque, mais de nombreux facteurs jouent un rôle dans la détermination du risque souverain et nous examinons chaque pays individuellement. Cependant, il faut s'en méfier, les risques doivent clairement être regardés de près, surtout pour les pays qui dépendent d'une seule matière première et qui auront beaucoup de mal à se diversifier. Même si cela est possible, il y a de fortes chances que cela prenne beaucoup de temps. Par exemple, certains des grands pays producteurs de pétrole cherchent à se diversifier dans les services financiers ou à devenir des hubs régionaux. Mais ce n’est pas facile.

Un autre point important est de savoir si la monnaie du pays est arrimée ou non au dollar. Avoir une monnaie flottante procure beaucoup de flexibilité, mais certains des pays producteurs de pétrole n’en disposent pas. C'est un énorme avantage du point de vue des obligations et du risque de crédit. Toutes ces économies présentent de nombreuses composantes distinctes. Certaines parviendront à gérer un prix très bas du pétrole, quand d’autres n’y arriveront pas. Et cela sans même parler du risque géopolitique comme en Iran."