Par Wolfgang Bauer , gérant au sein de l’équipe Taux de M&G Investments
![]() Wolfgang Bauer |
Un nombre croissant d’indicateurs ont dernièrement semblé indiquer que l’économie européenne pourrait être au bout de ses peines et se diriger vers une reprise plus robuste. Le sentiment des investisseurs européens s’est également considérablement amélioré. La question clé est bien sûr de savoir si l’Europe est réellement tirée d’affaire ou non.
Je dirais qu’il est beaucoup trop tôt pour donner le signal de fin d’alerte.
Premièrement, la croissance économique en Europe reste anémique et fragile. En fait, avec une croissance du PIB réel de seulement 0,1 %, le 4ème trimestre 2019 a constitué le plus mauvais trimestre dans la zone euro depuis le 1er trimestre 2013. Les économies de la France (-0,1 %) et de l’Italie (-0,3 %) se sont contractées. En outre, les risques de récession en Allemagne ont plus que jamais refait leur apparition.
En outre, plusieurs risques importants subsistent en arrière-plan et pourraient assombrir encore un peu plus les perspectives de la zone euro.
Le fantôme de 2018
Compte tenu de ces risques – et de l’atonie persistante des chiffres de la croissance – je trouve les valorisations des actifs risqués européens plutôt étonnantes. Aux niveaux actuels, il ne reste guère de marge d’erreur, dans la mesure où nous sommes (presque) revenus aux niveaux du marché observés pour la dernière fois au début de l’année 2018.
Nous savons tous ce qu’il est advenu par la suite en 2018. Les guerres commerciales se sont soudainement intensifiées, les partis anti-establishment de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles ont sensiblement progressé lors de l’élection italienne de mars 2018 et les statistiques économiques mondiales ont plongé. En conséquence, le sentiment des investisseurs s’est dégradé et les marchés sont rapidement entrés dans une phase prolongée d’aversion au risque, conduisant ainsi tous les actifs risqués à enregistrer des performances annuelles extrêmement négatives. Je ne suggère pas que l’histoire doive se répéter. Mais, je ne peux m’empêcher de penser que les marchés ont à nouveau mis la charrue avant les bœufs et que l’optimisme béat règne en maître absolu.
Il est indéniable que les banques centrales, et la BCE en particulier, apportent une aide importante, laquelle assure des facteurs techniques favorables et soutient ainsi les prix des actifs. Mais, pour rappel, la BCE achetait des actifs à hauteur de 30 milliards d’euros par mois de janvier à septembre 2018 – soit 50 % de plus qu’à l’heure actuelle – et les marchés n’en n’ont pas moins lourdement chuté. Dans ce contexte, je pense donc qu’une attitude plutôt prudente à l’égard des actifs risqués européens est justifiée. Réduire l’exposition au risque de marché et remonter le long de l’échelle de la qualité de crédit me semblent des mesures judicieuses à ce stade.