Par Carl Vine, gestionnaire de fonds – actions japonaises chez M&G
![]() Carl Vine |
Cette décennie de performances solides a été caractérisée par une réforme importante des entreprises, sous l’impulsion des Abenomics. Dans le cadre de cette campagne coordonnée, diverses agences gouvernementales ont insisté auprès des entreprises pour qu’elles accroissent leurs bénéfices et améliorent leur gouvernance.
Cette campagne a porté ses fruits. Au cours des dix dernières années, la croissance des bénéfices d’exploitation et des bénéfices par action des entreprises de l’indice MSCI Japan a excédé celle de tous les grands marchés internationaux, y compris de l’indice S&P 500. En dépit de cette sensible amélioration des bénéfices, les marges bénéficiaires des entreprises japonaises demeurent néanmoins inférieures de moitié à celles des entreprises américaines, tendant ainsi à indiquer l’existence d’un potentiel supplémentaire d’amélioration structurelle.
Toutefois, l’amélioration des marges n’est qu’une facette de la réforme des entreprises. Le véritable virage, qui a été naturellement lent à prendre, est le changement de mentalité que l’on est en train d’observer au sein des conseils d’administration à travers tout le Japon. Maintenant que les entreprises redéfinissent ce qu’elles doivent faire en vue de devenir les leaders et le rester, des changements extraordinaires ont lieu, comme notamment des réévaluations totales des lignes de métier, des portefeuilles de produits et de la composition du bilan. Il en résulte un secteur des entreprises qui fait l’objet d’un projet d’optimisation aux proportions impressionnantes, en cherchant à faire plus avec moins.
Cette situation a des répercussions positives non seulement sur les marges, mais également sur les chiffres d’affaires grâce à un positionnement plus concurrentiel et à l’amélioration de l’économie unitaire via une meilleure optimisation des actifs et une réduction des dépenses d’investissement.
Selon nous, ce contexte optimiste ne se retrouve pas à sa juste valeur dans les cours des actions des entreprises japonaises. Dans la mesure où le programme de réforme continue de s’accélérer, les perspectives de surperformance des bénéfices et de rentabilité du capital apparaissent excellentes. Cela va à l’encontre de l’image répandue du Japon qui est celle d’un « marché permettant de jouer la carte de la croissance mondiale ». Nous voyons plutôt en lui un « marché mal valorisé et permettant de jouer la carte de la poursuite de l’optimisation d’entreprises nationales dotées de leurs propres atouts ».