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Panorama hebdomadaire : Les partisans de l’orthodoxie monétaire prennent le pouvoir
Calendar18 Jan 2022
Thème: Investir
Maison de fonds: Pictet

César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer Pictet Wealth Management.

Heureux perdant

L’indice des prix à la consommation a progressé à un taux annuel de 7% en décembre, un chiffre conforme aux attentes et qui représente la plus forte hausse depuis quarante ans. Les petites entreprises ont fait état d’un assouplissement des conditions de travail, mais les salaires versés n’ont jamais été aussi élevés selon une étude. Parallèlement, les hausses des prix à la consommation et à la production se sont révélées moins fortes que prévu en Chine. C’est une bonne nouvelle pour la banque centrale chinoise qui dispose ainsi d’une plus grande marge de manœuvre pour assouplir plus avant sa politique monétaire. Parallèlement, l’excédent commercial de la Chine s’est creusé le mois dernier, sur fond de contraction de la croissance des importations. Cela reflète la faiblesse de la demande intérieure et conforte l’argument en faveur de mesures de relance. Dans un contexte marqué par une amélioration marginale de l’impulsion du crédit, des risques pèsent sur les perspectives de croissance de la Chine, et ces risques sont amplifiés par la récente contraction des ventes de logements. En même temps, les promoteurs immobiliers chinois à haut rendement continuent à lutter pour leur survie à l’heure où les investisseurs perdent confiance. Nous sous-pondérons les actions des marchés émergents.

Aux États-Unis, les membres de la Réserve fédérale militant pour un resserrement de la politique monétaire sont de plus en plus nombreux. Les marchés ont baissé la semaine dernière dans le sillage du discours d’un membre du conseil d’administration de la Fed qui a évoqué la possibilité d’une hausse des taux en mars. Les investisseurs se préparent à un resserrement de la politique monétaire en pleine période de ralentissement de la croissance économique (les derniers chiffres montrent une baisse mensuelle des ventes de détail et de la confiance des consommateurs). La Fed semble avoir abandonné sa fourchette cible d‘inflation et les marchés redoutent que la banque centrale réagisse avec retard à une pression prolongée sur les prix. Compte tenu des pressions inflationnistes engendrées par les pénuries d’approvisionnement, nous affichons un positionnement court en duration. Dans le même temps, Joe Biden doit faire face à une vive opposition sur de nombreux fronts. La Cour suprême a rejeté son projet visant à obliger les travailleurs à se vacciner contre le Covid et le Congrès a refusé de changer les lois électorales en vigueur dans certains états. Le plan Build Back Better du Président américain est compromis et pourrait se transformer en plan de relance au rabais en 2022. La controverse liée à l’obligation de vaccination contre le Covid dépasse les frontières américaines. Le joueur de tennis serbe Novak Djokovic a été exclu de l’Open d’Australie et du territoire australien pour ses prises de position contre la vaccination.

En ce début de saison des résultats trimestriels, les grandes banques américaines ont publié des chiffres en demi-teinte. Le marché va désormais s’efforcer d’identifier les entreprises qui seront capables de maintenir leurs marges et celles qui n’y parviendront pas. Nous apprécions les entreprises capables d’ajuster leurs prix. Sur le plan géopolitique, les discussions qui ont eu lieu la semaine dernière entre la Russie, les États-Unis et l’Otan ont été infructueuses, ce qui accroît le risque d’un conflit en Ukraine. L’Europe pâtirait d’une nouvelle dégradation des relations puisque la moitié de son énergie thermique provient de Russie. Dans le même temps, le cours de l’action EDF s’est effondré la semaine dernière car le plafonnement des prix de l’énergie a grevé ses marges. Cela cadre avec notre thème « Qui va payer l’ardoise ? » car le financement de nouvelles dépenses publiques de grande ampleur a des répercussions sur les entreprises.