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L’heure de la value est-elle (enfin) venue ?
Calendar05 Feb 2022
Value 2

Après avoir dominé les performances boursières pendant plus de dix ans, les actions de croissance semblent marquer le pas depuis quelques trimestres en raison de la hausse de l’inflation. Dans ce climat, le style value commence à réaliser des performances plus soutenues.

Il existe traditionnellement plusieurs manières d’investir sur les marchés financiers. Le style « croissance » vise les sociétés qui dégagent une croissance nettement supérieure à la moyenne du marché. Le style « qualité » s’expose sur des entreprises qui disposent de certains attributs, comme une situation de marché unique (barrières à l’entrée, marque forte, etc) ou un avantage technologique par rapport à ses concurrents.

Le style « faible volatilité/défensif » cherche pour sa part des actions qui vont évoluer de manière moins explosive que le reste du marché. Le style « cyclique » investit sur des sociétés dont l’activité va réagir de manière marquée lors des phases d’accélération économique, tandis que le style « rendement » va privilégier les sociétés versant des dividendes élevés. Enfin, le style « value » va plutôt s’intéresser aux actions faiblement valorisées par rapport au reste du marché.

Opposition de style

Ces différents styles peuvent généralement se combiner, les actions à dividende élevés pouvant être des sociétés de qualité avec un comportement moins volatil. De même, les actions cycliques sont souvent pénalisées par une valorisation moins élevée car l’évolution de leur activité est souvent plus erratique. Les styles value et croissance s’opposent toutefois généralement, une action de forte croissance étant généralement récompensée par une prime de valorisation par rapport au reste du marché.

Pendant plus d’une décennie, les actions de croissance ont réalisé des performances significativement supérieures aux actions value. Anthony Bailly (gestionnaire du fonds R-co Conviction Equity Value Euro) souligne que les deux styles ont évolué au fil des nouvelles sur l’épidémie et l’inflation en 2021. « À chaque fois que l’inflation revenait sur le devant de la scène, poussant les taux à la hausse, le style value a surperformé. En revanche, à chaque résurgence du risque sanitaire (4è vague au cours de l’été, puis 5è vague à l’automne), c’est le style Croissance qui l’a emporté ».

Sur l’ensemble de l’année écoulée, les deux styles se sont neutralisés, avec une légère surperformance de la croissance. « La performance des secteurs value en 2021 n’a pas reflété la forte hausse de leurs bénéfices, avec un écart qui s’est donc encore creusé face aux actions de croissance. La décote est aujourd’hui sur son point bas historique, avec des rapports cours / bénéfice inférieurs à 10 pour la plupart des secteurs value ». Le rapport cours/bénéfice divise la valeur du cours par le bénéfice net par action, et représente la mesure la plus courante de la valorisation d’une entreprise.

Impact inflationniste

La moindre dangerosité du variant Omicron est toutefois de nature à changer la donne durant les prochains mois. Face à des nouvelles moins menaçantes sur le front sanitaire, le style value a clairement pris le dessus depuis le début de l’année 2022. « Les marchés ont clairement choisi de se focaliser sur les messages envoyés par les autorités monétaires, et notamment deux de la banque centrale américaine qui évoque explicitement des hausses de taux et une réduction plus rapide qu’anticipé de la taille de son bilan ».

Une politique monétaire plus restrictive est généralement une mauvaise nouvelle pour les valeurs de croissance, car la hausse des rendements obligataires pénalise les actions de croissance et privilégie le style value. Pour Anthony Bailly, ce mouvement pourrait se poursuivre pendant les prochains mois, avec un contexte économique qui pointe vers une croissance qui va rester soutenue ; et des attentes du consensus qui restent trop conservatrices pour les résultats d’entreprise.

« Les fondamentaux solides ne se reflètent pas encore dans les actions value, en particulier pour des secteurs comme la finance, l’énergie, les matières premières ou l’automobile. Les contacts que nous avons eu avec les dirigeants de sociétés que nous avons en portefeuille (Airbus, ArcelorMittal , Saint-Gobain ) nous confortent dans l’idée que les sociétés cycliques et value vont avoir une réelle capacité à répercuter les hausses de coûts, voire augmenter leurs marges avec la hausse des volumes. Nous apprécions également la thématique de la réouverture des économies (tourisme, voyage) qui pourrait être un contributeur important à la croissance en 2022 ».

Quelques fonds

Voici quelques fonds de placement qui permettent de s’exposer sur ce style de gestion appelé à bien performer durant les prochains mois :

R-co Conviction Equity Value Euro (ISIN : FR0010187898) est exposé sur les actions valorisées de manière attractive au niveau de la Zone euro, avec des pondérations élevées sur les banques et sur les valeurs cycliques (automobile, construction, énergie, loisirs). Il affiche une performance annualisée de 7,6% durant la dernière décennie, après un rebond de 26% en 2021.

DNCA Invest Value Europe (ISIN : LU0284396016) affiche des performances relativement similaires (7,3% en moyenne annuelle durant les 10 dernières années), avec une exposition sectorielle davantage portée vers les valeurs industrielles.

Echiquier Value Euro (ISIN : FR0011360700) est un fonds qui dispose d’un historique de performance moins étendu sur le marché belge. Le cours a pratiquement doublé depuis son lancement au début 2013. La composition sectorielle favorise plutôt les valeurs de la consommation ( Carrefour , BMW , Danone ), les télécoms ( Proximus , Orange ) et sous-pondère les financières.