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R-co 4Change Net Zero Equity Euro, prendre la voie du Net Zero en soutenant les acteurs de la transition
Calendar25 Feb 2022
Thème: Fonds
Maison de fonds: Rothschild & Co

Anthony Bailly et Vincent Imeneuraët Gestionnaires, Actions Européennes Rothschild & Co Asset Management.

Dans le cadre de la gestion du fonds de transition R-co 4Change Net Zero Equity Euro, nous sommes convaincus que les acteurs historiques de l’énergie ont un rôle à jouer dans la transition. Nous sommes donc particulièrement attentifs aux initiatives du secteur.

À ce titre, dans une note publiée en septembre 2021(1), Bertrand Hodée analyste sur le secteur de l’énergie chez Kepler Cheuvreux a mis en avant un projet qui a retenu notre attention. La compagnie pétrolière intégrée ENI a, en effet, investi dans une initiative qui pourrait être la source ultime d’énergie propre que l’on attend depuis longtemps : la fusion nucléaire.

ENI : un acteur de la transition

L’énergéticien italien est un acteur ambitieux du secteur pétrolier. À travers son plan de réduction des gaz à effet de serre, il affiche un objectif Net Zero(2) en 2040 pour le scope 1 & 2 et en 2050 pour le scope 3(3). Afin d’y parvenir, le Groupe prend de nombreuses initiatives : il accélère ses investissements dans les énergies renouvelables, augmente ses objectifs de captation de carbone, mais investit également dans des solutions innovantes. Concrètement, ENI a investi dès sa création dans la société Commonwealth Fusion Systems (CFS), “spin off(4)” du MIT, et détient un siège au conseil d’administration. Le Groupe italien vient, par ailleurs, de participer à une nouvelle levée de fonds en y injectant 360 millions d’euros. CFS pourrait offrir accès à une source d’énergie propre infinie : la fusion, un progrès significatif dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La fusion nucléaire, de quoi s’agit-il ?

La fusion nucléaire n’est autre que le phénomène énergétique naturel que l’on observe à la surface du soleil : des noyaux d’hydrogène maintenus à une température élevée, fusionnent et dégagent une très grande quantité d’énergie. À la différence de la fission nucléaire (procédé utilisé dans les centrales nucléaires) qui casse un atome en plusieurs petits morceaux, la fusion rassemble les atomes pour en former un plus gros, les deux phénomènes (fission et fusion) dégageant de l’énergie par changement de masse entre les produits.

Cette réaction apparemment simple s’avère pourtant particulièrement complexe à répliquer. Elle nécessite, en effet, de produire un plasma très chaud mais peu dense, confiné grâce à un champs magnétique intense. Tout l’enjeu est de réussir à maintenir ce plasma suffisamment stable pour provoquer la réaction chimique et parvenir à dégager une quantité d’énergie supérieure à celle injectée pour y parvenir. La recherche sur la fusion nucléaire vise donc à créer un système permettant de la reproduire.

Quels sont les avantages de la fusion nucléaire ?

Les avantages de ce procédé sont multiples et répondent surtout parfaitement aux problématiques actuelles de transition énergétique :

  1. Une énergie propre : ce procédé n’émet pas de CO2 , la réaction chimique crée de l’hélium, un gaz inerte et non toxique. Aucun déchet radioactif ne résulte, par ailleurs, du processus.
  2. Une énergie (quasi) infinie : les éléments nécessaires à cette fusion nucléaire sont disponibles sur terre en grande quantité : du deutérium (on en trouve 33 grammes dans un litre d’eau de mer) et des isotopes d’hydrogène (il en faut seulement 200 kg pour générer 1GW d’électricité).
  3. Une énergie sûre : contrairement au processus de fission dans les centrales nucléaires, il n’y a pas de risque lié au refroidissement d’un réacteur, ce qui évite le risque de catastrophes comme celle que l’on a connu à Fukushima.
  4. Une énergie non intermittente : à l’inverse des énergies renouvelables actuelles. À titre d’illustration, avec cette technologie, la fusion d’un seul gramme d’hydrogène permet de générer plus d’énergie que la combustion de 11 tonnes de charbon !

Genèse du projet : de ITER au CFS

Les principes de la fusion sont connus depuis les années 50. Le projet emblématique ITER a été lancé en 1988 : au fur et à mesure du développement du projet, une coalition de 35 États s’est mise en place avec l’idée de recréer la fusion observée à la surface du soleil. Le déploiement du projet s’est heurté depuis à plusieurs contraintes techniques et financières puisque la construction d’un réacteur géant représente un coût estimé entre 25 et 50 milliards d’euros. Sur le plan technique, ITER devrait atteindre un Q factor > 10(5). Au final, en raison de la quantité l’électricité nécessaire au fonctionnement des autres processus connexes de ITER, la création nette d’électricité sera proche de 0. Les recherches sur ce projet se poursuivent, mais la mise en service d’une unité commerciale basée sur le concept d’ITER n’est pas attendue avant 2050.

En parallèle, un autre projet sur la fusion nucléaire s’est mis en place : le CFS est né en 2018 d’un “spin off” du Boston MIT PSFC (Plasma Science and Fusion Center) qui travaille depuis 1968 sur la physique des plasmas. Le CFS s’est concentré sur le principal défi de la fusion nucléaire : pouvoir garder le plasma stable à une température très élevée (150 million de degrés Celsius). Les scientifiques ont développé une machine dans laquelle de puissants aimants permettent de maintenir le plasma dans un cercle en évitant les fuites. L’évolution majeure apportée récemment par le CFS concerne précisément ces aimants : un test réalisé le 8 septembre dernier a montré que grâce à une évolution dans la science des matériaux avec un nouveau type de superconducteurs, les nouveaux aimants permettent de plus que doubler le champ magnétique sans altérer les propriétés des superconducteurs. Un tel résultat permet de multiplier par 27 le Q-factor énergétique, ouvrant la voie à des unités beaucoup plus petites et moins chères profitant d’une conception simplifiée.

En d’autres termes, les réacteurs pourront être produits sur des chaînes de production et assemblés sur n’importe quel site grâce à leur taille, et tout cela pour un coût estimé entre 2 à 3 milliards de dollars par unité, soit 20-25 fois moins cher qu’un réacteur ITER. Le processus de production va permettre de produire les différents éléments constitutifs de ces réacteurs qui pourront ensuite être assemblés n’importe où, permettant ainsi même aux pays émergents de bénéficier de ce procédé. Pour couronner le tout, la première unité expérimentale (SPARC) sera opérationnelle en 2025 et la première unité commerciale (ARC) de fusion nucléaire (capacité 400MW) en 2031.

On parle donc bien d’une potentielle révolution. Il s’agira bien sûr d’une solution complémentaire aux énergies renouvelables existantes, mais cela permettrait d’accélérer la transition énergétique.

R-co 4Change Net Zero Equity Euro : un fonds de transition à impact

Au sein de R-co 4Change Net Zero Equity Euro, nous cherchons précisément à identifier les acteurs de transition qui démontrent une volonté d’innovation au sein de secteurs fortement contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre afin, justement, de réduire leur impact sur l’environnement. En effet, plutôt que d’investir uniquement dans des secteurs à faibles émissions, nous croyons, au contraire, que notre action sera d’autant plus efficiente en investissant, notamment, dans les plus émetteurs. Ce levier nous semble le plus pertinent pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. Bien sûr, pour atteindre notre objectif, nous portons un soin particulier à la sélection des acteurs présentant un processus de transition crédible, avec une trajectoire de réduction de leurs émissions supportée par un plan d’investissement solide.

L’idée est de créer un cercle vertueux : les sociétés les mieux-disantes au sein de ces secteurs seront privilégiées par les investisseurs et leur processus de transition seront répliqués par leurs concurrents, ce qui sera bénéfique au niveau global. C’est ainsi que nous tiendrons notre engagement de réduire l’intensité carbone de notre portefeuille de 7% par an en moyenne, afin de limiter la hausse de la température à 1,5°C, un objectif en ligne avec l’Accord de Paris. Nous sommes, par ailleurs, également convaincus que ces initiatives permettront de réduire la décote de valorisation qui pèse sur ces secteurs en raison des craintes liées au coût de la transition vers les énergies vertes.

(1) Bertrand Hodée, Kepler Cheuvreux, Fusion Energy - The Holy Grail of Clean Energy, 17/09/2021.
(2) Le “Net Zero” est un objectif découlant des Accords de Paris qui induit la baisse des émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans le but d’approcher un zéro théorique.
(3) Le scope 1 correspond aux émissions de carbone directes provenant des installations fixes ou mobiles situées à l’intérieur du périmètre organisationnel. Le scope 2 aux émissions de carbone indirectes liées aux consommations énergétiques. Le scope 3 aux émissions de carbone indirectes liées à d’autres étapes du cycle de vie d’un produit.
(4) Un spin-off ou scission, consiste à créer une nouvelle entité à partir d’une branche d’activité d’un groupe.
(5) (facteur multiplicateur de la quantité d’énergie produite par rapport à la quantité d’énergie nécessaire pour y parvenir). Les informations contenues dans ce document ne constituent pas un conseil en placement, un conseil fiscal, une recommandation ou un conseil en investissement de la part de Rothschild & Co Asset Management Europe.