Navbar logo new
Panorama hebdomadaire : Réduire la voilure ou risquer le naufrage ?
Calendar29 Mar 2022
Maison de fonds: Pictet

César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer Pictet Wealth Management.

Contrairement aux actions américaines qui se sont reprises dernièrement, le contexte est loin d’être favorable aux obligations, à l’instar des bons du Trésor américain qui, en mars, devraient avoir enregistré leur pire mois depuis au moins 2016. Le taux du Bund à dix ans est même devenu positif. Les acteurs du marché obligataire doivent désormais accepter la position ouvertement restrictive de la Réserve fédérale (Fed), qui a même laissé entendre qu’elle pourrait effectuer des relèvements de taux de 50 points de base (pb) au lieu des 25 pb habituels. Bien que nous conservions globalement une sous-pondération des emprunts d’Etat, nous adoptons une position neutre face aux bons du Trésor américain. Les perspectives sont très incertaines: un important recul de l’inflation à partir du deuxième semestre et/ou un ralentissement marqué de la croissance pourraient néanmoins inverser les anticipations de taux. Quoi qu’il en soit, pour le moment, la forte hausse des taux obligataires américains doit être surveillée de près, car ils déterminent les prix d’une multitude d’autres actifs. Par exemple, la hausse des taux hypothécaires aux Etats-Unis a déjà des répercussions sur les ventes de logements. Il y a donc tout lieu de s’inquiéter du sort des émetteurs à haut rendement fortement endettés dans cet environnement. Cela étant, tant que nous évitons une récession et que les dépenses de consommation américaines tiennent bon, les spreads des émetteurs américains de catégorie investment grade (de qualité supérieure) présentant de bons niveaux de couverture et un faible endettement pourraient se stabiliser et recommencer à devenir attractifs.

Des opportunités se présentent également en Europe. La banque centrale de Norvège a encore relevé son taux directeur la semaine dernière, à 0,75%, et a promis d’accentuer le mouvement. C’est une bonne nouvelle pour la couronne norvégienne, l’une des devises liées aux matières premières que nous apprécions actuellement (l’autre étant le dollar canadien). L’engagement de l’Allemagne à stopper la quasi-totalité de ses importations de pétrole russe cette année et à réduire progressivement ses importations de gaz russe d’ici 2024, ainsi que la reconfiguration des importations européennes de gaz naturel liquéfié, offrent également des opportunités. Enfin, les indices préliminaires des directeurs d’achat européens en mars sont ressortis meilleurs que prévu, montrant que l’activité continuait de progresser... et que la France pourrait mieux surmonter la crise ukrainienne que l’Allemagne.

Outre notre position neutre face aux bons du Trésor américain, nous restons positifs concernant les obligations souveraines chinoises, car une inflation relativement faible permet aux autorités chinoises d’envisager une augmentation des mesures de relance, faisant ainsi progresser le prix des obligations chinoises, qui continuent d’offrir un spread d’intérêt réel positif. Face au reconfinement d’un certain nombre de villes, nous demeurons plus sceptiques à l’égard des actions chinoises... et des obligations à haut rendement chinoises, des sociétés immobilières chinoises de Hong Kong ayant reconnu qu’elles pourraient ne pas respecter la date limite du 31 mars pour présenter leurs résultats annuels audités.