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Interview du mois : David Mellul (Varenne Capital Partners)
Calendar17 May 2022

David mellul varenne capital partners

En dépit d’un début d’année difficile, David Mellul souligne que les stratégies mises en place dans les fonds de Varenne Capital Partners devraient permettre de dégager des performances favorables pour les prochains mois.

Varenne Capital Partners a connu un franc succès avec ses fonds de placement auprès des investisseurs belges durant les deux dernières années. Nous avons eu récemment l’occasion de rencontrer David Mellul (Directeur Général de la société de gestion) lors de son récent passage à Bruxelles.

Quelle est l’originalité du processus de gestion chez Varenne Capital Partners ?

David Mellul : « Le premier axe par lequel nous essayons de dégager de la valeur ajoutée est une gestion basée sur quatre moteurs de performances concomitants et complémentaires qui s’appliquent à l’ensemble de nos fonds, les différences entre les différents produits se caractérisent par le taux d’exposition à la poche Long Equity et le nombres de titres détenus dans les portefeuilles . Un autre axe est la spécialisation de nos équipes de gestion par stratégie, ce qui nous permet de pouvoir dégager des idées d’investissement originales. La recherche d’opportunités et le suivi des positions sont faits en interne, et nous n’utilisons pas de recherche Sell Side provenant de Brokers. Un des axes important de valeur ajoutée est le recours à la technologie. L’équipe informatique étant la deuxième plus importante au sein de notre société derrière l’équipe de gestion. Enfin, notre équipe est extrêmement stable, avec seulement deux départs dans l’équipe de gestion depuis la création de la société ».

Pourriez-vous détailler les quatre stratégies à l’œuvre dans vos fonds ?

D.M. : « La première est la stratégie Long Equity, qui vise à investir dans des sociétés de qualité (barrière à l’entrée, faible endettement, etc) et fortement décotées (au moins 50% par rapport à notre estimation de valeur intrinsèque), soit en prenant des lignes en direct, soit en ayant recours à des paniers propriétaires Nous utilisons plusieurs filtres pour réduire notre univers d’investissement, et nous utilisons des outils propriétaires comme, par exemple, une base de données recensant les transactions réalisées par les dirigeants au capital de leur l’entreprise dans plus de 60 pays afin de détecter des comportement anormaux à l’achat comme à la vente.

Et les trois autres ?

D.M. : « Les deux suivantes sont des stratégies de décorrélation comme le Short Equity, que nous activons de manière plus ou moins importante selon les conditions du marché, et sur laquelle nous prenons des positions vendeuses sur des sociétés qui vont faire face à des difficultés financières. La troisième est le Merger Arbitrage, qui va s’exposer sur des opérations de croissance externe annoncées et amicales, sur lesquelles nous prenons des positions lorsqu’il existe des différences entre le cours annoncé pour l’opération et la valeur du titre. Enfin, le Tail Risk Hedging pour couvrir les risques résiduels de la poche long Equity, contre des scénarii qui pourraient porter atteintes a nos thèses d’investissements sur les entreprises en portefeuilles ».

Quel est l’équilibre entre les quatre stratégies ?

D.M. : « Le socle de notre gestion est la poche Long Equity, dont l’objectif est de générer de la performance sur le long terme. L’idée centrale de notre gestion est que nous ne voulons pas devoir renoncer à nos convictions lorsque les conditions du marché sont défavorables, et devoir réduire la voilure de notre portefeuille Long Equity au risque de louper le rebond des marchés. Nous voulons isoler les opportunités des risques avec des stratégies qui auront plutôt une performance positive lors des phases de hausse, tandis que les autres sont destinées à mieux réagir lorsque les marchés corrigent. Cet assemblage de quatre stratégies nous semble être la meilleure réponse pour traverser toutes les conditions de marché, raison pour laquelle nous les avons déclinées dans l’ensemble de nos fonds ».

Vos portefeuilles ont toutefois souffert début 2022. Quelle est votre analyse de la situation actuelle ?

D.M. : « Il est vrai que le début d’année a été particulièrement difficile, avec un style Value et des valeurs de faible qualité qui ont surperformé les valeurs de croissance de bonne qualité présentes dans nos fonds. Nos positions short n’ont pas dégagé de performances car positionnées sur des valeurs de faible qualité épargnées par le marché. Dans le même temps, la baisse n’a pas été suffisante pour permettre aux protections de se déclencher et de jouer pleinement leur rôle. Il n’y a toutefois pas de raison de modifier notre approche, et nous restons optimistes quant à la capacité des différentes stratégies de délivrer de bonnes performances durant les prochains mois ».

Comment avez-vous adapté votre portefeuille Long Equity ?

D.M. : « Dans l’ensemble, nous avons profité des derniers mois pour augmenter la qualité des actions reprises dans cette poche. Nous avons par exemple réalisé un arbitrage dans les semi-conducteurs en vendant LAM Research pour acheter KLA. Dans le segment des équipementiers sportifs, nous initié une position dans Nike à la suite de la forte baisse du cours, et nous avons renforcé JD Sports, qui continue d’afficher une forte croissance de son activité. Enfin, nous avons également relevé notre position dans EssilorLuxottica , qui est désormais totalement intégrée verticalement à la suite de l’acquisition de GrandVision, avec une capacité à dégager des synergies importantes et à pouvoir fixer ses prix de vente. Pour le reste, nous restons convaincus de la capacité à dégager des performances significatives sur le long terme pour des groupes comme Novo Nordisk ou Alphabet ».

Et pour les autres stratégies ?

D.M. : « Nous avons initié de nombreuses lignes durant les premiers mois de l’année. Pour le Short Equity, nous pensons que le climat actuel est une excellente chose. La normalisation des rendements obligataires va pousser plusieurs entreprises très endettées dans les difficultés financières durant les 12 à 18 prochains mois, et va être la source de très nombreuses opportunités sur ce segment. Dans le Merger Arbitrage, nous avons mis en place de nombreuses lignes sur des opérations annoncées, principalement sur des valeurs américaines. Nous pensons que ces différentes lignes devraient dégager une performance positive durant le deuxième trimestre 2022 ».