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Interview du mois : Adrien Bommelaer (La Financière de l’Echiquier)
Calendar02 Jun 2022

« La qualité doit être privilégiée pour le long terme »

La capacité de défendre sa marge opérationnelle doit être prise en considération pour investir sur le long terme. Les valeurs de qualité sont appelées à revenir sur le devant de la scène.

Adriaen bommelaer
Adrien Bommelaer

Adrien Bommelaer est un des gestionnaires les plus en vue chez La Financière de l’Echiquier. Arrivé à la tête d’Echiquier Major SRI Growth Europe en 2017, il est également devenu un des gestionnaires de deux des fonds à impact du gestionnaire parisien: Echiquier Positive Impact Europe et Echiquier Climate & Biodiversity Impact Europe. Les encours sous gestion de ces trois produits dépassent 1,2 milliards d’euros.

Comment percevez-vous les risques actuels sur les marchés ?

Adrien Bommelaer : « A court terme, la principale interrogation est l’impact de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêts sur la consommation des ménages. Pour le moment, les marchés ont intégré une dizaine de hausses du taux directeur américain, avec une probabilité élevée d’entrer en récession au second semestre ou en 2023. Dans le cadre de nos différentes stratégies, plutôt axées sur la croissance et la qualité, nous n’avons toutefois pas procéder à beaucoup de modifications car nous sommes déjà largement investis dans des sociétés capables, selon nous, de défendre leurs marges ».

Et pour le long terme ?

A.B. : « Un changement de régime est en train de se mettre en place à l’issue d’une période d’expansion monétaire qui a surtout profité aux valorisations de sociétés technologiques non rentables. Depuis le second semestre 2021, le marché a intégré un environnement marqué par une inflation structurellement plus élevée, avec des taux qui ne vont pas retomber aux niveaux atteints entre 2009 et 2018. Dès lors, nous estimons que le marché va de plus en plus faire le tri entre les entreprises capables de défendre leurs marges et leurs flux de trésorerie, et celles qui ne seront pas en mesure de le faire. Ces derniers mois, nous avons réorienté nos stratégies pour augmenter les sociétés de qualité au détriment de l’ultra-croissance (commerce en ligne, internet, logiciels)1 ».

Comment est exposé le fonds Echiquier Major SRI Growth, dont vous pilotez la gestion depuis 2017 ?

A.B. : « Nous avons une trentaine de valeurs en portefeuille, réparties dans trois grandes poches. La première vise les sociétés de croissance visible, dont nous avons augmenté le poids ces derniers mois pour passer de 60 à 72% des actifs sous gestion. La deuxième (environ 17% des encours) vise des sociétés cycliques, tandis que la troisième est exposée à des valeurs d’hyper-croissance, dont le poids a été réduit de 15 à 10% des actifs sous gestion. Nous avons sortis deux titres exposés à la technologie pour constituer deux nouvelles positions sur des sociétés aux fondamentaux plus visibles, Novozymes et Universal Music2».

Est-ce qu’il y a des secteurs sur lesquels vous n’êtes pas investis ?

A.B. : « Nous avons tout d’abord une série de secteurs sur lesquels nous ne pouvons pas être exposés en raison des exigences ISR et règlementaires, comme l’alcool, le tabac, l’armement ou les énergies fossiles. Nous avons ensuite plusieurs secteurs sur lesquels nous sommes structurellement sous-pondérés, car nous éprouvons des difficultés à trouver des sociétés qui répondent à nos exigences de croissance visible, comme le secteur bancaire ou les télécoms. Le début de l’année 2022 a d’ailleurs été plus difficile pour nos stratégies, précisément parce que les marchés ont surtout privilégié des secteurs sur lesquels nous ne pouvons pas être exposés, comme les banques ou l’énergie. Mais je reste convaincu que les valeurs de qualité vont revenir sur le devant de la scène, et que nous devons rester fidèles à notre philosophie d’investissement ».

Quelles sont vos principales expositions sectorielles ?

A.B. : « Nos portefeuilles sont surpondérés sur des secteurs comme la technologie, les soins de santé, les valeurs industrielles ou les entreprises liées à la consommation. Dans les fonds à impact3, la consommation discrétionnaire va également être sous-pondérée alors qu’elle est présente dans notre stratégie ISR investi dans les grandes valeurs européennes de croissance, avec quelques exceptions comme L’Oréal ou Adidas . Ces deux sociétés déploient en effet des efforts importants pour adopter un profil plus durable, notamment sur l’ensemble de leurs fournisseurs. Nous pensons qu’elles vont entraîner le reste du secteur dans leur sillage ».

Et le secteur de l’énergie ?

A.B. : « Nous sommes exposés à des producteurs d’énergie renouvelable, une exposition directe d’environ 7% des encours à ce jour avec des noms comme Orsted, EDP Renovàveis ou Voltalia. Nous avons relevé notre exposition après l’invasion de l’Ukraine. La valorisation de ces groupes devrait selon nous être soutenue, ces prochaines années, dans un contexte géopolitique qui restera compliqué, avec des entreprises qui vont vouloir mieux contrôler leur dépendance par rapport aux prix du gaz naturel et augmenter leurs sources d’énergie non carbonées. Les tarifs des contrats signés avec entre les entreprises et les producteurs d’énergie renouvelables seront probablement renégociés à la hausse dans le futur ».

Quelle est la principale valeur dans votre portefeuille ?

A.B. : « Novo Nordisk est notre poids le plus important. Le groupe danois est un leader historique dans le domaine de l’insuline, un segment sur lequel il dispose d’une part de marché importante en proposant des solutions faciles à utiliser pour les patients. Mais c’est surtout avec les avancées obtenues dans le domaine de l’obésité que le groupe a selon nous un réel potentiel pour accélérer sa croissance durant les prochaines années. C’est une population encore plus large que les diabétiques, pour lesquels ils n’existe actuellement pas d’autre alternative que le Wegovy, pour lequel le groupe a récemment reçu l’autorisation de commercialisation sur le marché américain ».

1 Les opinions émises dans le document correspondent aux anticipations de marché LFDE au moment de la publication. Elles sont susceptibles d’évoluer en fonction des conditions de marché et ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE.
2 Les valeurs citées sont données à titre d'exemple. Ni leur présence dans les portefeuilles gérés, ni leur performance ne sont garanties. Certaines informations relatives au processus d’investissement décrites ne sont pas des engagements de la société de gestion et ne sont pas reprises dans la documentation réglementaire du fonds. La répartition du portefeuille n’est pas une contrainte du prospectus et est susceptible d'évoluer dans le temps.
3 L’attention de l’investisseur est attirée sur le fait que son investissement dans le compartiment ne génère pas d’impact direct sur l’environnement et la société mais que le compartiment cherche à sélectionner et à investir dans les entreprises qui répondent à des critères précis définis dans la stratégie de gestion.