Navbar logo new
Une correction déjà bien avancée, mais de nouvelles turbulences se profilent
Calendar17 Jun 2022
Thème: Investir
Maison de fonds: M&G Investments

Par Fabiana Fedeli, Directrice des gestions actions et diversifiée, M&G

Ces dernières semaines n'ont pas été faciles pour les marchés financiers. La chute est-elle terminée ou va-t-elle se poursuivre ?

Nous pensons que l’essentiel de la correction des marchés est derrière nous, mais de nouvelles turbulences sont probables car les risques baissiers persistent. Deux questions essentielles se posent : quelles sont les tendances déjà intégrées par les marchés et comment les investisseurs doivent se positionner face à la diversité des issues possibles ?

Des signes d'affaiblissement de la demande sont visibles depuis un certain temps. La confiance des ménages au Royaume-Uni, en zone euro et aux États-Unis se détériore depuis 2021, période à laquelle les États ont commencé à retirer les aides financières visant à lutter contre l’impact de la COVID.

Malgré la demande des foyers américains, qui a relativement bien résisté jusqu'à présent, des fragilités ont commencé à apparaître.

Dans le même temps, dans le secteur manufacturier, l'indice PMI global est inférieur à 50 (indiquant une contraction de l'activité), tandis que les nouvelles commandes sont tout juste en territoire d'expansion. Même les États-Unis ne sont pas épargnés puisque les indicateurs avancés relatifs à l’activité des entreprises (comme l’Indice des directeurs d’achats et les commandes moins les stocks publiés par l’ISM) sont orientés à la baisse.

Plutôt positive, la saison des résultats du premier trimestre pourrait être trompeuse

La saison des résultats du premier trimestre a été relativement bénigne. Ce n'est pas le cas en ce qui concerne les bénéfices. En revanche, les recettes ont été meilleures que prévu, la majorité des entreprises ayant dépassé les prévisions de ventes sur les principaux marchés régionaux.

Il ne faut pas en déduire que la demande restera forte.

Lorsque l'on écoute les dirigeants des entreprises sur leurs attentes pour 2022, le tableau n'est pas aussi positif, et c'est ce que nous devons surveiller dans les résultats du prochain trimestre.

Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe continentale, nous avons entendu un certain nombre d'entreprises observer que les consommateurs commencent à réduire leurs achats, qu'ils sont de plus en plus sensibles aux promotions et qu'il y a des signes précurseurs d'un ralentissement de la demande de biens de consommation durables.

Finie la complaisance sur les marchés ?

Toutes les mauvaises nouvelles sont-elles déjà prises en compte dans les cours ? Notre réponse est la suivante : « 'en partie, mais pas toutes, et cela dépendra de la gravité de l’actualité à venir ». Une grande partie de la correction des cours est déjà derrière nous, mais des risques de baisse subsistent, en particulier sur les marchés actions.

Des risques subsistent : des sanctions supplémentaires imposées à la Russie, et un durcissement potentiellement excessif des politiques monétaires des banques centrales qui cherchent à trouver un juste milieu entre inflation et croissance, et surtout, l'impact que tout cela peut avoir sur les bénéfices des entreprises.

La question centrale est : parmi tous ces facteurs, quels sont ceux intégrés dans les cours de bourse ? Selon nous, les cours intègrent une détérioration des perspectives et un ralentissement significatif de la croissance. Des baisses de cours sont encore possibles, notamment pour certaines actions dont les valorisations restent élevées ou dont la baisse des bénéfices n'a pas encore été prise en compte.

Une récession significative, prenant sa source en Europe et occasionnée par de nouvelles sanctions sur le gaz naturel, entraînerait un repli supplémentaire, en particulier sur les marchés actions. Une dépression ou un effondrement des marchés du crédit comme en 2008, lorsque les entreprises et les ménages avaient du mal à rembourser leurs dettes, ne sont pas anticipés et ne constituent pas notre scénario central.

Dans le cadre de nos stratégies diversifiées, au cours de la première quinzaine de mai et après la correction des cours, nous avons donc décidé de revenir à un niveau neutre sur la duration sur les actions (que nous sous-pondérions auparavant). Nous restons globalement prudents et sélectifs et conservons une trésorerie plus importante que d'habitude.

Selon nous, le marché n’est pas propice à prendre des positions directionnelles excessives. L’idée consiste plutôt à préserver le capital et à attendre des opportunités plus attractives.

Au sein des actions, nous avons profité de la volatilité du marché en achetant de manière sélective certains titres qui ont fortement chuté, notamment après l'annonce des bénéfices. Les grandes disparités de résultats au sein d'un même secteur nous rappellent qu'il faut faire preuve de prudence. Les valeurs technologiques dans le monde entier ont offert des opportunités intéressantes.

Nous avons beaucoup évoqué l'évolution de la corrélation entre les actions et les obligations. Selon que la croissance ou l'inflation sont au premier plan des préoccupations des investisseurs obligataires, nous pourrions voir les deux classes d'actifs évoluer dans des directions opposées ou similaires. Si l'on compare les rendements, les actions semblent encore manifestement bon marché par rapport aux obligations.

Cependant, tout dépendra des futures perspectives de bénéfices. Comme nous l'avons déjà mentionné, alors que la saison des résultats relativement favorable est derrière nous, un nombre accru d’entreprises pourraient voir leurs résultats s’effriter.

Se positionner dans un environnement volatil

Dans cet environnement, et compte tenu des incertitudes à venir, nous pensons que le positionnement le plus judicieux consiste à façonner un portefeuille diversifié entre différentes classes d'actifs, notamment les actions, les obligations, les matières premières et les actifs réels. Sur le front des classes d'actifs, la sélection est essentielle.

L'alpha ne peut venir que de la sélection. Ce n'est pas un marché pour les investissements à grande échelle. En investissant au niveau des entreprises, il est important de privilégier celles possédant un fort pouvoir de fixation des prix et des bilans solides, capables de mieux résister à l'environnement inflationniste et à la hausse des taux.

Sur le segment actions, nous continuons à privilégier les thèmes à long terme qui vont selon nous perdurer et bénéficieront de nouveaux investissements, indépendamment des vicissitudes des perspectives macroéconomiques, comme les infrastructures et les titres des entreprises bas-carbone.