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Un train fou - Les perspectives pour le troisième trimestre de Saxo Bank
Calendar06 Jul 2022
Thème: Investir

Saxo Bank, lea spécialiste du trading et de l’investissement en ligne, a publié ce jour ses perspectives pour le troisième trimestre de 2022 pour les marchés mondiaux ; cette publication inclut des commentaires relatifs au négoced’actions, de devises, de matières premières et d’obligations ainsi qu’aux opérations de change, à quoi s’ajoute une série de thèmes macroéconomiques dominants ayant des répercussions sur les portefeuilles de la clientèle.

« L’inflation va devenir un train fou derrière lequel les banques centrales devront se contenter de courir jusqu’à ce que la dynamique inflationniste engendre une récession brutale. »

Pour Steen Jakobsen, Chief Investment Officer chez Saxo Bank, « les banquiers centraux s’obstinent à croire que la “normalisation” autour des 2 % d’inflation visés est possible à un horizon de 18 mois. Mais pourquoi devrions-nous les croire, eux qui n’ont jamais imaginé que l’inflation pourrait franchir la barre des 8 % en Europe et aux États-Unis ? »

« Le risque est qu’une accentuation rapide des anticipations ne provoque des répliques inflationnistes qui contraindraient les banques centrales à arrêter des mesures encore plus strictes que ce qu’elles-mêmes, et le marché, ne conçoivent actuellement, jusqu’à ce qu’elles réussissent à reprendre le contrôle du train fou, ce qui engendrerait selon toute vraisemblance une profonde récession.

D’où les changements à venir de politique macroéconomique, et les réponses correspondantes qu’il va falloir chercher au troisième trimestre de cette année. Entre perspectives d’inflation plus élevée et risques de récession profonde, la réponse politique consistera probablement à demander aux banques centrales de fixer, directement ou indirectement, l’objectif d’inflation à plus de 2 %. La stratégie de resserrement serait dès lors, espérons-le, un peu moins sévère, mais cela signifierait aussi que les taux réels négatifs, c’est-à-dire la répression financière, deviendraient un objectif politique à part entière.

Il est également risqué d’espérer que les relèvements des taux directeurs provoqueront juste ce qu’il faut de destruction de la demande pour peser sur l’inflation, alors même que les besoins des plus vulnérables sont subventionnés par des programmes d’aide au financement des factures d’électricité, de chauffage et de carburant et à l’achat de denrées alimentaires. Cet argument politique pèche en ce que rien de tout cela ne résout les déséquilibres de l’économie. Que la Réserve fédérale américaine (Fed) fixe son objectif d’inflation à 2 % ou à 3 % ne créera pas de sources énergétiques meilleur marché.

« Ce qui est clair, c’est que le système politique favorisera l’“option douce” en matière d’inflation, dont les principaux impératifs seront la répression financière, pour préserver le financement de l’État, et la réduction de la valeur réelle de la dette publique par l’inflation. C’est précisément la raison pour laquelle cette dernière continuera d’augmenter de manière structurelle. Le troisième trimestre et les trimestres suivants montreront clairement que la politique ira bien plus loin dans le nouveau cycle que le resserrement monétaire, futur éternel suiveur. La grande modération est morte – vive la grande remise à zéro. »

Actions : les immobilisations corporelles et les valeurs de croissance rentables tirent leur épingle du jeu

La reprise en V est bel et bien morte.

Pour Peter Garnry, Head of Equity Strategy chez Saxo Bank, « un marché dont les 12 années de hausse n’ont été que très occasionnellement ponctuées par de brefs creux a renforcé l’appétence pour les achats à la baisse et la prise de risques. Les investisseurs sont tout simplement lents à voir les choses autrement ; nous n’observons en outre aucun changement de comportement significatif chez les investisseurs particuliers, ce qui contribue à expliquer pourquoi le marché des actions pourrait baisser davantage encore.

« À présent que le monde se rend compte qu’il fonctionne toujours au diesel et à l’essence, la situation s’inverse. Pour chaque point de pourcentage que le secteur de l’énergie gagnera par rapport aux autres, les produits ESG se verront contraints de devenir de plus en plus performants ; un certain retour aux combustibles fossiles pourrait de surcroît provoquer une crise au niveau des fonds ESG, dont les résultats décevants et le manque d’exposition aux ressources naturelles incitent, au sein de cette nouvelle ère inflationniste, les investisseurs à se détourner.

« Les matières premières et les valeurs défensives sont les seules thématiques orientées à la hausse. Elles devraient selon nous continuer à bien se comporter, jusqu’à ce que les actions atteignent leur étiage. La seule exception au phénomène du relèvement des immobilisations corporelles est l’immobilier ; l’atonie des taux d’intérêt combinée à la faiblesse de l’offre dans de nombreuses zones urbaines aux États-Unis et en Europe a rendu l’immobilier très vulnérable à la remontée rapide des taux. »

Matières premières : comprendre le manque d’appétence pour les investissements des majors pétrolières

L’indice Bloomberg Commodity Spot a atteint un nouveau record au deuxième trimestre, avant d’entrer dans une phase de consolidation, alors que les préoccupations relatives à la croissance mondiale ne cessaient de s’intensifier. L’éventuelle volonté de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine, le ralentissement de la croissance économique en Chine, la vigueur et la rapidité des hausses de taux aux États-Unis, ainsi que le potentiel de destruction de la demande due aux hausses de prix, contribueront à donner le ton au second semestre de 2022.

Ole Hansen, Head of Commodity Strategy chez Saxo Bank : « Vu le risque de persistance des turbulences sur les marchés financiers internationaux, lui-même dû aux retombées que le passage à un environnement de taux d’intérêt plus élevés a sur les entreprises et les particuliers, l’or devrait rester orienté à la hausse. Nous maintenons les prévisions émises au deuxième trimestre selon lesquelles l’or (et l’argent), après une période de consolidation durant ce même deuxième trimestre, s’appréciera au cours de la deuxième moitié de l’année, avant de finir par atteindre un nouveau record.

« Les majors pétrolières, qui croulent sous les liquidités, de même que les investisseurs en général, se montrent peu enclins à investir dans les nouvelles découvertes ; c’est la principale raison pour laquelle les prix de l’énergie devraient rester élevés pendant des années encore. Outre les défis liés à la forte volatilité et aux rendements historiquement décevants des investissements, la difficulté consiste pour l’instant à estimer la demande future.

« Les corrections subies par le marché de l’énergie au deuxième trimestre pourraient n’être qu’éphémères, à telle enseigne qu’une longue période de prix élevés est la perspective la plus probable. Un bref retour aux niveaux records atteints en 2008 n’est pas à exclure mais d’une manière générale, nous pensons qu’une certaine faiblesse de la demande à l’opposé du pic estival devrait maintenir les prix dans une large fourchette comprise entre 100 et 125 dollars. »

Opérations de change : pourquoi la Fed ne pourra-t-elle jamais rattraper le mouvement, et qu’est-ce qui fera baisser le dollar américain ?

Le dollar américain s’est envolé, ce qui n’est pas sans rapport avec le resserrement constant de la politique monétaire de la Fed. Il n’atteindra probablement son sommet et n’amorcera un recul sensible que lorsque l’économie entrera dans une récession désinflationniste induite par le ralentissement de la demande, ou lorsque le marché se rendra compte que si elle ne veut pas menacer la stabilité du marché des bons du Trésor américain, la Fed ne pourra jamais rattraper la courbe.

John Hardy, Head of FX Strategy chez Saxo Bank : « La force du billet vert dans ce cycle est son statut de réserve mondiale, doublé du simple fait que la pression inflationniste américaine exige de la Fed qu’elle continue à durcir sa politique, ce qui pèse sur le sentiment et sur la situation financière mondiale. Si cela se confirme, le dollar ne commencera à se déprécier que lorsque la réalité économique s’effondrera et que la récession induite par l’allègement de la demande pèsera suffisamment sur l’inflation. Alors seulement, le billet vert entamera un recul, après avoir effectué une remarquable ascension qui l’aura mené vers son plus haut niveau en plus de 20 ans.

« Si la demande chinoise de produits d’exportation reste en retrait, si la guerre en Ukraine s’éternise et si la politique de resserrement des liquidités mondiales des États-Unis se poursuit, l’euro aura des difficultés à rebondir. La livre sterling est dans la même situation : étant donné l’offre extrêmement limitée et les déficits extérieurs abyssaux du pays, que viennent aggraver les prix élevés des énergies importées, envisager un scénario de hausse pour cette monnaie demeure difficile. À tout le moins la Banque d’Angleterre continue-t-elle de tenir un discours ferme et peut-elle relever ses taux plus facilement que la Banque centrale européenne (BCE). Au niveau de la paire GBP/USD, voyez le rapport 1,2000, colossal, atteint après les difficultés rencontrées en juin.

« S’il devait devenir une source significative de volatilité du marché dans l’éventualité où la Chine le déprécierait ce trimestre-ci ou le suivant – ce qui pourrait également contribuer à préparer la fin d’un dollar américain fort –, le yuan CNH pourrait être la devise la plus importante à surveiller. »

Macroéconomie : vers une répétition de la crise de la zone euro ?

Le temps mis par les banques centrales à admettre que l’inflation n’est pas aussi transitoire qu’elles le pensaient a plongé la zone euro dans une situation pire que celle des États-Unis ou de la Chine. Il faut s’attendre pour le troisième trimestre à ce que nombre des mesures d’urgence destinées à lutter contre l’inflation deviennent permanentes et à ce que le marché obligataire se fasse plus volatil à mesure que la situation économique se détériorera.

Christopher Dembik, Head of Macro Analysis chez Saxo Bank, déclare : « La croissance va ralentir beaucoup plus, surtout en 2023, que ce que maints observateurs avaient prévu, peu importe qu’il y ait ou non, techniquement, récession ; la zone euro est en outre certainement en bien plus mauvaise posture que les États-Unis ou la Chine.

«La BCE ne peut s’abstenir de relever ses taux d’intérêt ; mais plus elle le fait, plus les fractures se multiplient et plus elle va devoir racheter d’obligations d’États de la zone euro. Si l’on regarde le verre à moitié plein, une répétition de la crise de la zone n’est pas une perspective entièrement négative. La crise précédente avait permis de réaliser des réformes institutionnelles cruciales, qui ont abouti à un renforcement du cadre de la zone. La même chose pourrait se produire en cas de nouvelle crise. Mais cela peut-il durer éternellement ? À un moment donné, les pays du Sud de la zone devraient être en mesure d’affronter les marchés sans que la BCE n’ait à élargir son mandat pour les sauver, sans quoi la Banque centrale finirait par devoir supporter la totalité de la dette italienne. »