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L’hiver approche
Calendar05 Oct 2022
Thème: Investir

Saxo, le spécialiste du trading et de l’investissement en ligne, a publié ce jour ses perspectives relatives au quatrième trimestre de 2022 pour les marchés mondiaux ; cette publication inclut des commentaires relatifs au négoce d’actions, de devises, de matières premières et d’obligations ainsi qu’aux opérations de change, à quoi s’ajoute une série de thèmes macroéconomiques dominants ayant des répercussions sur les portefeuilles de la clientèle.

L’hiver revient une fois de plus sur les marchés mondiaux. Nous approchons à grands pas d’un point de rupture pour l’économie mondiale, un point que nous allons atteindre vers le prochain trimestre à cause du fauconisme des décideurs politiques. Chez Saxo, nous affirmons depuis début 2020 que l’inflation sera profondément enracinée et perdurera. Nous le pensons toujours, mais trois facteurs conduiront au point de rupture inflationniste.La question qui se pose réellement aux investisseurs est la suivante : si le fauconisme arrive à son comble au quatrième trimestre, que se passera-t-il ensuite ?

Steen jakobsen saxo
Steen Jakobsen
« Premièrement, les banques centrales se rendent compte qu’il est préférable pour elles de pécher par excès de fauconisme plutôt que de continuer à répandre l’idée que l’inflation est transitoire et restera ancrée », déclare Steen Jakobsen, Chief Investment Officer chez Saxo.

« Deuxièmement, le dollar américain est incroyablement fort et réduit la liquidité mondiale par l’augmentation des prix à l’importation des matières premières et des marchandises, diminuant ainsi la croissance réelle. Troisièmement, la Fed devrait enfin atteindre le plein régime de son plan QT, ce qui réduira son bilan gonflé de jusque 95 milliards de dollars par mois. Sous l’effet de ces trois facteurs adverses, au quatrième trimestre, nous devrions au minimum voir la volatilité augmenter et, potentiellement, les marchés obligataires et boursiers rencontrer de grandes difficultés.

« Que se passera-t-il après ? Le marché va peut-être commencer à valoriser l’anticipation d’une récession plutôt que de simplement ajuster les multiples de valorisation en raison de rendements plus élevés. Ce tournant dans la valorisation d’une récession à venir pourrait se produire en décembre, lorsque les prix de l’énergie atteindront un sommet à cause des trois facteurs cités plus haut.

« On estime que la part totale de l’énergie dans l’économie mondiale est passée de 6,5 % à plus de 13 %, soit une perte nette de 6,5 % du PIB. Cette perte doit être compensée par une augmentation de la productivité ou par une baisse des taux réels, et des taux réels plus bas devront être maintenus pour éviter de gripper nos économies saturées de dettes.

« Autrement dit, il y a en fait deux possibilités : soit l’inflation élevée reste bien supérieure aux taux directeurs, soit les rendements chutent encore plus vite que l’inflation. Laquelle se produira ? Ce sera la question cruciale. »

Le bon côté des choses : les crises boostent l’innovation

Cette crise de l’énergie accélérera la transition écologique en Europe et entraînera une renaissance potentielle de l’Afrique, mais surtout, elle activera la démondialisation, avec une division en deux de l’économie mondiale, l’Inde étant le principal point d’interrogation. Pour le marché mondial des actions, il y a encore du chemin à parcourir cet hiver avant de toucher le fond, mais les jours les plus radieux sont encore devant nous.

Peter garnry
Peter Garnry
Peter Garnry, Head of Equity Strategy chez Saxo, affirme :« Dans nos Perspectives pour le T1, nous écrivions que le secteur mondial de l’énergie présentait les meilleures perspectives de rendement, avec des rendements attendus de 10 % par an. En raison de la hausse des prix des entreprises énergétiques, ce rendement annualisé attendu est maintenant tombé à 9 %, mais il rend néanmoins toujours l’industrie pétrolière et gazière attractive. »

« La crise énergétique mondiale fait les gros titres, or le véritable hiver qui nous attend est le courant de démondialisation qui s’est intensifié. On a l’impression que le monde se divise en deux systèmes de valeurs.

« La mondialisation a été le principal moteur de la faible inflation de ces 30 dernières années et a été déterminante pour les marchés émergents et leurs marchés d’actions. La démondialisation provoquera des troubles dans les pays à excédent commercial, exercera une pression à la hausse sur l’inflation et menacera le dollar américain en tant que monnaie de réserve.

« La crise énergétique fera de l’Europe le leader mondial des technologies énergétiques, mais en attendant, la volonté du continent de devenir indépendant de la Russie en matière de ressources signifie que l’Afrique doit combler le vide, ce qui place l’Europe en concurrence directe à plus long terme avec la Chine. Au milieu de tout cela se trouve l’Inde : le pays le plus peuplé du monde peut-il adopter une position véritablement neutre ou sera-t-il contraint de faire des choix difficiles ?

« La hausse des coûts de l’énergie primaire, estimée à 6,5 points de pourcentage, constitue une taxe sur la croissance économique, ce qui signifie moins de revenu disponible et de bénéfices d’exploitation. Les actions du secteur de la consommation discrétionnaire ont réagi à cette pression en sous-performant par rapport au marché mondial des actions. La partie la plus vulnérable du secteur est le secteur européen de la consommation discrétionnaire, que dominent le luxe français et les constructeurs automobiles allemands. Des pays comme l’Allemagne, la Chine et la Corée du Sud sont les plus vulnérables à un ralentissement significatif de la consommation et leurs marchés des actions ont reflété ces difficultés cette année.

« Depuis le début, notre thèse principale est que le marché mondial des actions est confronté à une baisse potentielle maximale de 33 % avant que les actions n’atteignent le plancher, mais rassurez-vous, le printemps revient toujours et les jours les plus radieux pour les actions mondiales sont encore devant nous. »

Situation moins dramatique pour les matières premières au T4

Les nombreuses incertitudes continueront de créer un environnement volatil pour la plupart des matières premières jusqu’à la fin de l’année. Il est peu probable que le secteur subisse un revers majeur avant de reprendre de la vitesse en 2023. Cette prévision de prix stables, voire plus élevés, sera alimentée par des poches de force dans les matières premières de base dans les trois secteurs de l’énergie, des métaux et de l’agriculture. Sachant cela, nous pensons que le Bloomberg Commodity Index conservera son gain annuel de +20 % pour le reste de l’année 2022.

Ole hansen
Ole Hansen
« Alors que nous notons des inquiétudes concernant la croissance et la demande, l’offre de plusieurs matières premières majeures continue de faire face à des difficultés. Le secteur a repris de l’assurance au cours du troisième trimestre et bien que des poches de faible demande soient visibles, nous constatons que l’offre rencontre tout autant de difficultés – des développements qui soutiennent le cycle durable de hausse des prix des matières premières que nous avons décrit pour la première fois début 2021 », indique Ole Hansen, Head of Commodity Strategy chez Saxo.

« La demande mondiale de denrées alimentaires étant relativement constante, l’offre continuera de dicter l’évolution générale des prix. Les stocks mondiaux des principaux produits alimentaires, du blé au riz en passant par le soja et le maïs, étant déjà sous pression en raison des conditions météorologiques et des restrictions à l’exportation, le risque de nouvelles flambées demeure clairement un danger critique. »

« Les négociants et les investisseurs en métaux précieux continueront à se concentrer sur l’orientation du dollar et des rendements obligataires américains. L’or est actuellement coincé dans une large fourchette, mais avec le risque d’une récession aux États-Unis en 2023 et d’une inflation restant longtemps élevée, nous pensons que l’or affichera de beaux résultats dans un tel scénario. Ces développements commenceront à soutenir les investissements dans les métaux précieux en 2023. Nous privilégions l’argent compte tenu de la faible participation actuelle des investisseurs et du soutien supplémentaire assuré par la reprise du secteur des métaux industriels où l’offre, notamment pour l’aluminium et le zinc, reste mise à mal par les prix excessivement élevés du gaz et de l’électricité.L’électrification du monde, qui consomme énormément de cuivre, va continuer à s’accélérer et nous constatons que des producteurs comme le Chili, le plus grand fournisseur mondial, ont déjà du mal à atteindre les objectifs de production. »

« Nous pensons que la faiblesse actuelle des fondamentaux du pétrole est temporaire et qu’au dernier trimestre, les prix devraient continuer à rencontrer des difficultés ponctuelles, ce qui pourrait entraîner une fourchette basse pour le Brent, entre 80 et 100 dollars le baril. Les majors pétrolières, qui croulent sous les liquidités, de même que les investisseurs en général, qui se montrent peu enclins à investir dans les nouvelles découvertes, laissent entendre que les prix de l’énergie devraient rester élevés pendant des années encore. »

Opérations de change : un assouplissement de la Fed est nécessaire pour que le dollar s’oriente durablement à la baisse

À moins d’une reprise soudaine de l’approvisionnement en gaz naturel russe au quatrième trimestre, un hiver économique s’annonce pour l’Europe et l’euro, ainsi que pour les monnaies satellites que sont la livre sterling et la couronne suédoise. Bien que la BCE et d’autres banques centrales, à l’exception notable de la Banque du Japon (BoJ), aient rattrapé leur retard en resserrant leur politique au troisième trimestre, la Fed reste la banque centrale qui « les gouverne toutes ». Il faudra que la Fed assouplisse à nouveau sa politique avant que nous puissions être sûrs que le dollar américain est enfin prêt à opérer un retournement.

John hardy
John Hardy
Pour John Hardy, Head of FX Strategy chez Saxo, « la Fed voit probablement maintenant qu’il est plus facile de faire marche arrière face aux accidents créés par une politique excessivement stricte que de risquer d’aggraver les risques d’inflation en assouplissant les conditions financières au milieu d’un cycle de resserrement. »

« Les élections américaines de mi-mandat sont un événement déclencheur de risque important pour le dollar au quatrième trimestre. Les États-Unis ne sont en mesure d’adopter une politique financière marginale que lorsque les deux chambres du Congrès et la présidence ne sont pas contrôlées par un parti. Si les Démocrates créent la surprise et conservent le contrôle de la Chambre des représentants, ils pourraient complètement renverser le scénario de la politique budgétaire. »

« La livre sterling pourrait subir une nouvelle chute très marquée cet hiver tant que les prix de l’énergie se maintiendront à des niveaux élevés mais divers en Europe. En terme de taux de change effectif réel ajusté en fonction de l’IPC, elle n’est qu’à mi-chemin depuis l’effondrement consécutif au référendum sur le Brexit de 2016. »

« Au troisième trimestre, le taux de change CNY/JPY a atteint de nouveaux sommets bien au-delà de 20,00, ce que l’on n’avait plus vu depuis plusieurs décennies. Le quatrième trimestre pourrait-il enfin être celui où se produit la ‘cassure’ ? La Chine pourrait décider qu’il n’est tout simplement plus dans son intérêt de maintenir une monnaie forte, surtout si les prix des matières premières commencent à frémir face aux perspectives économiques moins réjouissantes. Il est toutefois plus probable que la capitulation pourrait venir de la Banque du Japon par le biais d’un yen plus fort.

« Le quatrième trimestre sera-t-il enfin celui où la Banque du Japon de Kuroda capitulera et modifiera ses orientations ? Il existe un énorme potentiel de volatilité dans les deux sens pour les croisements avec le yen, surtout si l’USD/JPY atteint de nouveaux sommets agressifs inédits depuis plusieurs décennies. »

« En ce qui concerne le CHF, la Banque nationale suisse sera heureuse de poursuivre sa politique de resserrement et d’encourager un franc fort. Pour les petits pays du G10, le ‘pic de resserrement’ que nous anticipons au quatrième trimestre ne sera probablement pas favorable à ces monnaies moins liquides. Aux antipodes, nous sommes curieux de voir si l’AUD/NZD peut dépasser la fourchette pluriannuelle plafonnée à 1,1300 qui remonte à sept ans. La couronne suédoise semble bon marché, mais il faudra peut-être qu’elle atteigne un plancher majeur avant que ses perspectives ne puissent s’améliorer durablement. »

Macroéconomie : la crise énergétique européenne va s’aggraver avant une amélioration

L’hiver sera rude, cela ne fait aucun doute. Toutefois, une répétition de la ‘Panique de 1837’ et des révolutions qui ont frappé l’Europe l’année suivante n’est pas inévitable en 2023. Il est possible de créer un terrain solide pour la transition énergétique en Europe si nous nous concentrons sur des solutions éprouvées en matière d’efficacité énergétique, d’énergie nucléaire et d’infrastructures industrielles. C’est maintenant aux décideurs politiques de faire le bon choix.

Christopher dembik
Christopher Dembik
« L’histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent. La période économique actuelle fait écho à celle du milieu du 19e siècle, mais avec deux différences majeures : le capital est abondant et la main-d’œuvre rare », déclare Christopher Dembik, Head of Macro Analysis chez Saxo.

L’efficacité énergétique est l’angle mort de la politique énergétique européenne. Nous devons investir dans les innovations technologiques, notamment l’intelligence artificielle (IA), qui pourraient apporter des bénéfices rapides et concrets aux usagers et faire baisser la consommation dès cet hiver. Par exemple, l’opérateur du métro de Barcelone a installé un système de climatisation ‘intelligent’. La consommation d’énergie a diminué d’un remarquable 25 % en moyenne et la satisfaction des usagers a progressé de 10 %. Cette technologie permettra de réduire considérablement la consommation d’énergie, non pas dans quelques années, mais quelques semaines après son déploiement.

Que cela nous plaise ou non, le nucléaire fait partie intégrante de la solution. Alors que la plupart des pays européens sont réticents à aller de l’avant, l’Asie l’adopte massivement. L’idée dominante selon laquelle les déchets nucléaires sont uniquement dangereux et l’industrie ne sait pas quoi en faire est fausse. Le nucléaire doit absolument faire partie intégrante de la transition énergétique si nous voulons un jour atteindre une économie à faible émission de carbone.

L’Europe a investi massivement dans la transition écologique, mais il y a une pièce manquante, à savoir son manque d’infrastructures industrielles et son incapacité à contrôler la chaîne d’approvisionnement nécessaire à cette transition. À partir de 2035, on pourra seulement vendre des voitures et des camionnettes neuves dans l’Union européenne si elles n’émettent aucun CO2, mais qui contrôle l’extraction et le traitement des minerais critiques nécessaires aux batteries des véhicules électriques et à la transition écologique ? La Chine. Il ne sera pas facile de diversifier l’approvisionnement vis-à-vis de la Chine et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Nous sommes en train de répéter exactement la même erreur qu’avec la Russie (pour l’énergie fossile) et la Chine (pour les masques et des médicaments vitaux pendant la pandémie de Covid).