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Investir dans les infrastructures sur fond de flambée inflationniste
Calendar10 Oct 2022
Thème: Investir
Maison de fonds: M&G Investments

Par Alex Araujo, Gérant chez M&G Investments

Alex araujo
Alex Araujo
Si au cours de l’été 2021, la hausse des prix à la consommation n’était alors considérée que comme un phénomène temporaire, il est bien difficile cette année d’ignorer l’augmentation du coût de la vie. L’envolée de l’inflation a mis à mal les marchés actions. Les investisseurs sont désormais en quête d’actifs susceptibles de mieux résister que d’autres à l’effet corrosif de la hausse généralisée des prix.

Historiquement, investir dans les infrastructures a souvent permis de se protéger de l’inflation. L’une des raisons pour lesquelles les infrastructures peuvent protéger de la hausse des prix s’explique par le fait que la plupart des revenus générés par ces actifs sont indexés sur l’inflation. Le paiement régulier, des redevances par exemple, se doit d’être lié à une certaine mesure de l’inflation ou ​ bien la loi elle-même ​ impose des paiements indexés sur l’inflation - comme dans le cas des routes à péage dans certains pays.

Une accélération de l’inflation implique également une hausse des taux d’intérêt qui est susceptible d’affecter les actifs d’infrastructure en raison de l’augmentation qui résulte du taux auquel leurs flux de trésorerie sont actualisés. Toutefois, cette situation n’est pas circonscrite aux actifs d’infrastructure ; elle concerne les valorisations de pratiquement toutes les entreprises.

Illustrons ce point. Certains investisseurs considèrent que les services aux collectivités ​ sont très sensibles aux variations des taux d’intérêt en raison de leur « profil obligataire » (en ce sens qu’ils offrent des versements réguliers similaires aux paiements d’intérêt réguliers des obligations). Mais, en réalité, le secteur a surperformé l’ensemble du marché actions au cours des 20 dernières années dans des environnements de taux d’intérêt bien différents.

Selon moi, cette surperformance s’explique par l’effet d’accumulation des généreux dividendes qui ont été versés au sein du secteur, mais aussi parce que les services aux collectivités sont de plus en plus considérés comme des acteurs essentiels de la transition énergétique.

Il est également important de garder présent à l’esprit que les taux d’intérêt réels (corrigés de l’inflation) sont encore très largement négatifs. Selon certains observateurs de marché, les banques centrales sont susceptibles de vouloir maintenir négatifs les taux d’intérêt réels aussi longtemps que possible dans la mesure où cela permet de réduire le poids de la dette, tant pour le secteur public que pour le secteur privé.

Une moindre volatilité de la classe d’actifs

Un autre sujet qui inquiète actuellement les investisseurs est celui de la volatilité. Au-delà de l’immense tragédie humaine qu’elle provoque, la guerre en Ukraine est le principal facteur à l’origine du regain de volatilité sur les marchés financiers. Le risque d’une dépendance excessive à l’égard du gaz russe a brutalement été mis en lumière, non seulement parce qu’il s’agit d’une matière première politisée et contrôlée par un régime imprévisible, mais également parce que le gaz est transporté par des réseaux de gazoducs situés en Europe orientale.

L’une des raisons pour lesquelles les infrastructures cotées sont susceptibles de témoigner d’une moindre volatilité pourrait être la plus grande prévisibilité des bénéfices des entreprises de cette classe d’actifs, et ce, grâce à la régularité de leurs flux de trésorerie. Cette caractéristique permet de valoriser plus précisément les entreprises, même en période d’incertitude.

Une comparaison de l’évolution des bénéfices avant EBITDA de l’indice Global Listed Infrastructure Organisation (GLIO) par rapport aux actions internationales fait apparaître une meilleure résistance des bénéfices des groupes d’infrastructure que ceux des entreprises mondiales en général au cours des deux décennies précédant la pandémie de Covid-19.

La phase de reprise post-pandémique va très probablement nécessiter des investissements massifs dans la classe d’actifs au niveau mondial. Les gouvernements du monde entier ont déjà annoncé des plans d’investissement dans les infrastructures en vue d’aider à soutenir l’économie mondiale. Aux États-Unis, un programme de 1 200 milliards de dollars a vocation à réparer et moderniser les infrastructures en ruines du pays, ainsi qu’à en construire de nouvelles. De son côté, l’Union européenne a adopté un pacte vert et cherche à promouvoir les énergies renouvelables et les transports propres.

Outre les énergies renouvelables, les infrastructures cotées sont, selon nous, les bénéficiaires potentiels d'autres tendances structurelles à long terme, telles que la connectivité numérique et la démographie. Il s'agit de thèmes puissants, qui, selon nous, vont durer plusieurs décennies.