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Interview du mois - Patrick Somerhausen (Funds For Good) : « Un soutien à la microfinance européenne »
Calendar04 Nov 2022
Maison de fonds: Funds for Goods
Patrick somerhausen co ceo funds for good
Patrick Somerhausen

Patrick Somerhausen est un des chevilles ouvrières de Funds For Good, qu’il a créé en 2011 en compagnie de Nicolas Crochet. Le distributeur de fonds combine la promotion de produits d’investissements durables avec une action philanthropique qui utilise une grande partie des bénéfices générés par Funds For Good pour financer des nouveaux entrepreneurs qui n’ont pas facilement accès aux financements bancaires. Il est également à l’origine de la création d’ImpaktEU, fonds visant à soutenir le croissance de la microfinance et de l’entrepreneuriat social en Eruope.

Comment t’est venue l’idée de ce fonds ?

Patrick Somerhausen : « Elle est née il y a un an et demi. Nous sommes déjà impliqués dans le monde de la microfinance et de l’entreprenariat social en Belgique par le biais de notre activité philanthropique, notamment au travers de notre collaboration avec microStart, le seul joueur pur dans la microfinance en Belgique. microStart était à l’époque à la recherche de financements pour développer ses activités, et nous nous sommes mis en contact avec Impulse, la seule société de gestion spécialisée dans les prêts aux institutions de microfinance au niveau européen ».

Il n’en existe pas d’autre ?

P.S. : « En fait, lorsqu’on pense aux groupes européens actifs dans la microfinance, il s’agit toujours de groupes qui se spécialisent sur l’accès aux services bancaires dans les pays émergents ou frontières. Ce sont d’excellentes initiatives qu’il ne faut certainement pas arrêter. Notre point de vue est toutefois qu’il ne faut pas pour autant négliger le marché domestique. Les besoins en financement y sont importants et insatisfaits, comme l’ont démontré des études commanditées par la Commission Européenne ou par le Réseau Européen de Microfinance. Il y a un problème de répartition des richesses et d’accès aux financements bancaires en Europe, qui a été accentuée par l’épidémie de Covid et par la hausse des prix de l’énergie. Il y à eu un alignement des planètes pour que nous nous mettions à réfléchir à la manière de structurer un produit, et Inpulse s’est imposé à nous ».

Qui est Inpulse ?

P.S. : « C’est une filiale du Crédit Coopératif, une société française assez engagée. Inpulse est basé à Bruxelles, avec des personnes de l’équipe localisées un peu partout en Europe. Nos expertises sont assez complémentaires, vu qu’Inpulse est spécialisé dans la gestion de fonds à impact (avec trois produits lancés avec des actifs sous gestion combinés supérieurs à 50 millions d’euros) tandis que nous sommes beaucoup plus sur le terrain, dans le financement des entrepreneurs ».

Un an et demi plus tard, vous êtes enfin prêts pour lancer le fonds ?

P.S. : « Oui, cela m’a semblé exceptionnellement long, mais c’est apparemment normal pour lancer ce genre d’initiative. Nous avons investi beaucoup de temps et d’énergie, mais nous avons réussi à rassembler les financements nécessaires afin de pouvoir lancer ce fonds. Impakt EU est destiné aux institutionnels et aux investisseurs fortunés avec un ticket d’entrée fixé à 100.000 euros pour les privés et 500.000 euros pour les institutionnels. Le fonds va démarrer avec des engagements initiaux de 15 millions d’euros, avec l’objectif d’atteindre 100 millions d’euros d’ici trois ans. La SFPI (Etat belge) est investi à hauteur de 3,5 millions d’euros, un engagement qui devrait grimper vers 10 millions d’euros à mesure que la taille du fonds augmente (sans jamais dépasser 20% du fonds). L’apport de la SFPI est conditionné à des financements d’impact sur le territoire belge. S’adresser aux clients institutionnels et aux banques privées est relativement nouveau pour nous, ce qui peut en partie expliquer pourquoi le lancement a pris plus de temps que prévu ».

Comment comptez-vous mesurer l’impact de ce fonds ?

P.S. : « ImpaktEU va avoir un impact positif sur l’économie car les sommes qui seront engagées vont augmenter significativement la capacité des institutions de microfinance à octroyer des crédits. Nous devrions également financer des banques éthiques et coopératives ainsi que des entreprises à impact pour 30 à 45% des encours. Sur base d’actifs sous gestion de 100 millions d’euros, nous devrions être par exemple en mesure de financer 80 institutions de microfinance ou intermédiaires financiers éthiques de petite taille, et de permettre une création permanente de 25.000 emplois. Ce sont deux des cinq critères clés d’impact que nous avons retenus pour ce fonds. Les thématiques qui seront visées vont notamment être l’accès à l’alimentation et au logement durable ou l’insertion sociale et professionnelle ».

Quel est l’objectif financier de ce produit ?

P.S. : « Impact EU a un objectif de rendement annuel net (indexé) qui tournera entre 3 et 4% avec un risque modéré, les crédits faits par les institutions de microfinance étant en grande partie protégés contre le risque de défaut. ImpaktEU va être investi essentiellement en dette senior et junior émises par des institutions de petite taille, avec pour conséquence que le fonds va être peu liquide, avec une durée de vie de 12 ans ».