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Zoom Fonds : Le secteur de l’eau
Calendar29 Nov 2022
Thème: Fonds
Maison de fonds: Pictet

Les fonds spécialisés sur l’eau ont connu un succès commercial significatif durant les dernières années, avec des performances qui sont généralement moins volatiles que les fonds thématiques davantage exposés sur les valeurs de forte croissance.

Le secteur de l’eau a été une thématique très attirante pour de nombreux investisseurs durant la dernière décennie, et il existe aujourd’hui une petite dizaine de fonds commercialisés sur le marché belge, dont sept disposant d’un historique de performance supérieur à trois ans (nécessaire pour se voir attribuer des étoiles chez Morningstar) et cinq avec un historique supérieur à cinq ans.

Aperçu sectoriel

Ces produits ont généralement démontré (à une exception près) une très forte stabilité de leur performance historique, avec un rendement annualisé moyen supérieur à 9% durant les cinq dernières années, qui s’est accompagné d’une volatilité maîtrisée. Cette stabilité s’est traduite par des actifs sous gestion généralement très importants, la plupart des produits approchant ou dépassant largement le cap du milliard d’euros en actifs sous gestion.

En dépit de performances historiques souvent assez similaires, les gérants des différents fonds ont généralement des approches assez différentes au niveau de leur portefeuille, la proportion de grandes capitalisations oscillant entre 13% et 44% des encours, tandis que l’exposition sur le marché américain fluctue entre 53 et 73%. Le fonds le plus important du groupe est Pictet-Water, qui affiche des actifs sous gestion de 8,1 milliards d’euros à fin septembre 2022, avec la particularité d’être le produit qui est le plus fortement exposé sur les grandes capitalisations ainsi que sur le marché américain.

Mégatendances

« Les trois quarts des catastrophes climatiques de ces dernières années sont liées directement à l’excès ou au manque d’eau », souligne Louis Veilleux (gérant du fonds Pictet-Water). « Ces risques ne sont pas contrôlables et conduisent à des pertes considérables. Il y a également un besoin important de pouvoir détecter les fuites dans des réseaux de distribution d’eau souvent très anciens ».

Une autre tendance qui soutient la thématique est le besoin de tester la qualité de l’eau, avec deux tiers des eaux de surface qui sont aujourd’hui polluées par diverses substances néfastes, sans parler des zones côtières « mortes » en raison du rejet dans la mer des eaux non traitées ou de fertilisants agricoles.

Enfin, Louis Veilleux pointe également l’urbanisation croissance des populations au niveau mondial, avec 70% de l’humanité susceptible de vivre dans des grandes villes à l’horizon 2050, ce qui représentera un défi de taille car les réseaux de distribution y sont généralement plus vétustes. « Cette urbanisation va entraîner une augmentation de la demande en eau potable de 80%, avec également une augmentation de la quantité de déchets ». Il souligne que le marché de l’eau a tendance à croître à un rythme annuel compris entre 3 et 5%, avec une capitalisation boursière des acteurs spécialisés sur l’eau qui dépasse aujourd’hui 1.100 milliards de dollars.

Mauvaise année

Les différents fonds commercialisés en Belgique présentent également des caractéristiques communes, avec un poids très important du secteur industriel (entre 52 et 62% des encours) avec les utilities qui sont généralement le second secteur le plus représenté (16 à 28%). Enfin, tous les gérants adoptent également des stratégies relativement concentrées sur 50 à 70 positions, avec certains noms qui reviennent souvent dans les principales lignes comme American Water Works , Veolia, Danaher , Ecolab , Thermo Fisher, Geberit , Agilent, Severn Trent ou Essential Utilities.

Pour autant, depuis le début de l’année, les fonds exposés sur le secteur de l’eau ont encaissé un recul moyen de 16%, soit une performance relativement en ligne avec les grands indices boursiers internationaux comme le S&P500 (-18%) ou l’Euro Stoxx50 (-19%). « Le resserrement de la politique monétaire et la hausse des taux obligataires a pesé sur des secteurs habituellement plus défensifs, comme les services de distribution d’eau, et plus particulièrement pour les sociétés européennes qui ont également souffert des incertitudes pour la fourniture de gaz naturel ».

Plans d’investissements

Louis Veilleux (gérant du fonds Pictet-Water) souligne également que l’exposition thématique du fonds avait tendance à surpondérer les valeurs plus « technologique » à la fin de l’année dernière, ce qui a également pesé sur la performance en 2022. « L’exposition sur les segments plus défensifs a depuis été remontée vers 45% des encours, ce qui devrait permettre au portefeuille de mieux résister dans un contexte macroéconomique plus difficile ». Parmi les positions qui ont été ajoutées sur la dernière année, nous trouvons donc des noms plus défensifs comme des spécialistes de la gestion des déchets ( Waste Management ), des groupes industriels ( Novozymes , Ecolab ) ou encore des groupes de distribution régulés aux Etats-Unis ( American Water Works , Essential Utilities).

Pour les prochains trimestres, le gérant de Pictet-Water estime que le secteur va rester stimulé par les plans publics d’investissements qui vont soutenir le secteur, tant aux Etats-Unis (65 milliards dollars) qu’en Europe (16 milliards de dollars) ou en Chine (500 milliards de dollars). « Nous allons assister à un phénomène de rattrapage pour moderniser des infrastructures qui ont parfois plus de cent ans, et notre portefeuille reste très largement exposés à la mise en application de ces plans ». Il pointe également que le recyclage continue d’augmenter, notamment aux Etats-Unis, et constituera une source de croissance pour le secteur du traitement des déchets. « La capture du gaz naturel émis par les décharges va contribuer significativement à la croissance des flux de trésorerie de ces entreprises ».