Navbar logo new
« Les incertitudes économiques ont augmenté »
Calendar28 Aug 2023
Thème: Investir
Maison de fonds: Rothschild & Co
Rotschild co am

Le contexte macroéconomique est devenu beaucoup plus incertain dans la plupart des grandes économies, avec un contexte qui pourrait devenir progressivement plus délicat pour les actifs à risque. En conséquence, les positions sur les actions ont été réduites pour privilégier la dette d’entreprise.


Ce mois-ci, c’est au tour des experts de Rothschild & Co Asset Management de nous donner leur analyse des perspectives économiques et financières pour les prochains mois. Marc-Antoine Collard (Chef économiste / Directeur de la recherche macroéconomique) constate que les derniers mois ont été caractérisés par un contexte difficile pour le secteur manufacturier, tandis que le secteur des services est resté bien orienté. « Les derniers indicateurs suggèrent toutefois que ce dernier s’essouffle, et si cette tendance venait à se poursuivre, les attentes d’une croissance mondiale résiliente durant le reste de l’année 2023 pourraient être contrariées ».


La Chine continue de faire face à un ralentissement, avec un indice non-manufacturier qui est récemment ressorti sur son plus bas niveau depuis 2008 hormis la chute momentanée au début de la pandémie, tandis que le secteur manufacturier reste en contraction. « Le taux de chômage record des jeunes continue de représenter un défi pour le gouvernement chinois. Les autorités se sont engagées à soutenir l’économie, mais ces mesures n’ont, pour l’instant, pas permis de stimuler la croissance du crédit ou de l’économie ».


Pressions économiques


Du côté de la zone euro, Marc-Antoine Collard souligne que « les attentes quant à un rebond se heurtent à la réalité de la chute des indices de confiance ». Il constate également que les conditions d’accès au crédit ont à nouveau été resserrées alors que la demande de prêts est en train de chuter. « Les risques liées à une activité économique plus faible en zone euro se sont accrus », ce qui pourrait déboucher sur une pause dans le relèvement du taux directeur lors de la réunion de septembre de la BCE. « L’inflation sous-jacente reste toutefois élevée, ce qui constitue un risque pour l’ancrage des attentes en matière d’inflation et de fixation des salaires. La BCE fait donc face à un dilemme complexe ».


Enfin, au niveau américain, Marc-Antoine Collard pointe une résilience économique incertaine en raison de l’impact des taux plus élevés. « L’inflation sous-jacente reste soutenue et la croissance des salaires demeure incompatible avec un retour rapide de l’inflation vers l’objectif de la Réserve Fédérale ». La question est maintenant de savoir si l’inflation pourra refluer à 2 % sans un affaiblissement substantiel du marché du travail. « La conviction des investisseurs quant à la capacité des banques centrales à orchestrer un atterrissage en douceur de l’économie s’est renforcée ces derniers mois, ce qui rend la marge d’erreur de ces dernières très limitée dans un contexte de quasi-euphorie au sein des marchés financiers ».


Banques centrales


Au niveau de la stratégie d’investissement, Didier Bouvignies (Associé-Gérant et Directeur des Gestions chez Rothschild & Co AM) rappelle que le premier semestre s’est caractérisé par un bon comportement des actifs financiers (actions, obligations, placements monétaires) à l’exception des actions chinoises et de l’immobilier, en raison de la forte progression des bénéfices tant en Europe qu’aux Etats-Unis. « En outre, les révisions à la baisse des attentes bénéficiaires sont restées modérées ».


Didier Bouvignies constate également que la hausse des taux obligataires a eu tendance à se calmer depuis la fin 2022. « Le taux à 10 ans évolue avec une volatilité certaine, tout en restant dans un couloir étroit. Les investisseurs ont également été encouragés par la baisse de l’inflation observée, même si ce recul concerne surtout les prix de l’énergie et pas tellement les services ». Enfin, il pointe que les investisseurs semblent aujourd’hui accorder une grande confiance aux banques centrales, qui ont bien géré les crises, notamment la crise bancaire de mars qui n’a pas eu l’effet de contagion redouté.


Exposition boursière


Aux Etats-Unis, l’épargne accumulée durant la crise sanitaire a permis aux ménages de payer les hausses de prix des entreprises, qui ont ainsi pu annoncer de belles progressions de leurs résultats. « Dans ce contexte de bénéfices maintenus élevés, les entreprises ont continué d’embaucher et d’investir, et la vigueur de l’économie américaine a continué de surprendre, avec un consommateur qui continue de désépargner pour maintenir sa consommation.


Didier Bouvignies estime toutefois que les prochains mois vont être caractérisés par l’impact de politiques monétaires et budgétaires plus restrictives. « Soit l’inflation coeur poursuit sa baisse aux Etats-Unis et amorce sa décrue en Europe, au risque de peser négativement sur les résultats. Soit l’inflation cœur ne se calme pas, et les banques centrales vont continuer de mettre la pression au risque d’impacter négativement la valorisation des entreprises ». Dans ce contexte, il souligne avoir réduit les expositions sur les marchés d’actions, tout en relevant son positionnement sur le marchés du crédit.